Un haut-responsable émirati déplore « l’ingratitude » de l’Autorité Palestinienne
Anwar Gargash a fustigé "le manque de loyauté" des Palestiniens après qu'un diplomate de Ramallah a déclaré que les EAU et le Bahreïn devenaient "plus Israéliens qu'Israël"
Raphael Ahren est le correspondant diplomatique du Times of Israël

Un éminent haut-responsable émirati a riposté, mardi, à l’ambassadeur palestinien en France, qui avait attaqué Abu Dhabi pour sa normalisation des liens avec l’Etat juif.
Dans un entretien accordé au magazine français Le Point, Salman El Herfi s’était laissé aller à des propos inhabituellement féroces à l’encontre des Emirats arabes unis et de Bahreïn, un autre Etat arabe qui est actuellement en train de normaliser ses relations avec Jérusalem, disant notamment que ces deux pays étaient « devenus lus israéliens que les Israéliens ! » et qu’ils contrevenaient à la charte des Nations unies.
« Je n’ai pas été surpris par les déclarations qui ont été faites par l’ambassadeur palestinien à Paris et par son discours ingrat sur les Emirats », a commenté Anwar Gargash, ministre d’Etat des Affaires étrangères aux EAU, sur son compte Twitter.
« Nous nous sommes habitués au manque de loyauté et à l’ingratitude. Nous avançons vers l’avenir, confiants dans nos agissements et dans nos convictions », a-t-il ajouté.
لم يفاجأني حديث السفير الفلسطيني لدى باريس وتناوله الجاحد للإمارات، تعودنا قلة الوفاء ونكران العرفان، ونمضي واثقين نحو المستقبل بخطواتنا وقناعاتنا.
— د. أنور قرقاش (@AnwarGargash) October 13, 2020
Dans l’interview publiée par Le Point, El Herfi avait expliqué que cela faisait longtemps que les Emirats arabes unis avaient abandonné la cause palestinienne et qu’il n’avait pas été surpris par la décision prise par Abu Dhabi de normaliser les relations avec l’Etat juif au mois d’août.
« La seule nouveauté, c’est l’officialisation de cette relation. Je les remercie d’avoir dévoilé leur vrai visage », avait-il dit, évoquant les dirigeants des EAU.
« La vérité est que les Émirats n’ont jamais été du côté des Palestiniens », avait-il ajouté, accusant les EAU d’avoir gelé les aides destinées à l’Organisation de libération de la Palestine, en 1985.
Le prince d’Abu Dhabi, Mohammed bin Zayed Al Nahyan, est simplement » Ce n’est qu’un petit dictateur qui veut se faire connaître, et il joue avec le feu », avait continué le diplomate palestinien chevronné. Le leader de facto des Emirats « s’est rendu à Israël sans même se battre », avait-il poursuivi.
Il avait aussi accusé les Emirats arabes unis et Bahreïn d’avoir violé une longue liste de résolutions votées à la Ligue arabe et à l’ONU, allant jusqu’à dire qu’ils avaient contrevenu à la charte des Nations unies en normalisant les liens avec Israël.
« En fait, ces deux pays sont devenus plus Israéliens que les Israéliens », avait accusé El Herfi. « Mais nous gardons une pleine confiance dans le fait que leur peuple n’acceptera pas cela longtemps. »
El Herfi, qui était envoyé palestinien en Tunisie avant de venir à Paris, avait ensuite déclaré douter que d’autres pays arabes établissent des relations officielles avec Israël. Il avait estimé que l’initiative prise par Abu Dhabi et Manama relevait de la « propagande pure », qu’elle n’avait pas été approuvée par les parlements des deux Etats et que, par conséquence, elle ne bénéficiait pas du soutien public.
« Et avec tout notre respect, combien y a-t-il d’Émiriens dans le monde ? 800 000 ? Et de Bahreïniens ? 500 000 ? Il existe au total 340 millions d’Arabes !, avait-il fait remarquer.

Les relations entre les EAU et les Palestiniens sont tendues depuis que les Emirats ont annoncé leur accord historique de normalisation des liens avec Israël, le 13 août.
Le 15 septembre, l’adjoint au ministre émirati pour la Diplomatie culturelle et publique, Omar Saif Ghobash, avait confié au Times of Israel que les Palestiniens doivent « vouloir s’aider eux-mêmes et peut-être qu’au lieu d’utiliser les critiques et autres injures habituelles, ils devraient s’intéresser à ce que nous sommes en train d’essayer de faire ».
Le 7 septembre, Dhahi Khalfan Tamim, chef-adjoint de la police et de la sécurité générale à Dubaï, avait vivement critiqué le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas qui, avait-il estimé, « créait des problèmes » et il avait recommandé aux nations arabes d’ignorer les critiques du processus de normalisation israélo-émirati proférées par Ramallah.
« Débarrassez-vous de cette idée que vous n’établirez pas de relations avec Israël sauf sur commandement de Mahmoud Abbas, » avait-il écrit sur Twitter.