« Un havre de paix » israélien dans les salles françaises ce 12 juin
Le film de Yona Rozenkier, primé au Festival du film de Jérusalem, narre l’histoire de trois frères de retour dans le kibboutz de leur enfance
Le film « Un havre de paix », du réalisateur israélien Yona Rozenkier, narre l’histoire de trois frères qui se retrouvent pour enterrer leur père dans le kibboutz de leur enfance, dans le nord d’Israël.
Les retrouvailles sont vite chamboulées quand le plus jeune, Avishaï, est appelé à partir à la frontière libanaise, où vient d’éclater un conflit – conflit qui se réveillera également chez les deux autres frères du jeune soldat : alors que l’un souhaite endurcir Avishaï avant de partir au front, l’autre, traumatisé par son expérience dans l’armée, fait tout pour l’empêcher de partir.
Dans le même temps, le testament de leur défunt père réveillera les secrets de famille, mettant à mal le calme de ce « havre de paix ».
L’histoire est tirée de la propre histoire du réalisateur : « Je suis le fils d’une volontaire suisse venue vivre au kibboutz et d’un survivant français de l’Holocauste. Jeune adulte, avant de me lancer dans des études de cinéma, j’étais fermier au kibboutz, explique-t-il. En 2006, mon petit frère m’y a rendu visite pendant 24 heures avant de rejoindre le front libanais. Mon frère aîné était là aussi. Nous avons alors passé un week-end tous les trois sous les bombes, sachant que tôt ou tard nous serions tous appelés à rejoindre le front… »
Il se rappelle alors que l’endroit était désert, où seuls les plus âgés avaient décidé de rester. « C’était la seule communauté dans le nord d’Israël où le calme régnait ! Un havre de paix et de tranquillité, un village de marginaux avinés, dans une région pilonnée par les bombes. On s’y sentait bien, malgré tout, ensemble, à célébrer nos vies. »
Il décrit une « atmosphère unique et irréelle », comme dans un « ‘Far West’ figé dans le passé, qui se meurt lentement, quelque part dans les montagnes à l’ouest de la Galilée. Un monde d’alcool, d’humour débridé, de chasseurs avec leur arme à la ceinture, au milieu de champs de fleurs multicolores et de falaises spectaculaires face à la Méditerranée ».
« Cette histoire me taraude depuis longtemps, non seulement parce qu’elle m’est très personnelle, mais surtout parce qu’elle illustre un aspect fondamental de notre pays meurtri par les conflits, ajoute Yona Rozenkier. Elle parle du quotidien des Israéliens qui doivent vivre avec le poids terrible de la culpabilité et du doute, de personnes tiraillées par la pression machiste et sociale, de la honte d’avouer des blessures invisibles, sans jamais oublier un certain sens de l’humour et un goût du risque et de l’absurde… »

Le film a été tourné dans le kibboutz dans lequel a grandi le réalisateur. Lui et ses frères y tiennent les trois rôles principaux.
« Un havre de paix » sortira dans les salles françaises ce 12 juin 2019. L’an dernier, au Festival du film de Jérusalem, il a été récompensé dans les catégories « Meilleur film », « Meilleur premier film », « Meilleur acteur » et « Meilleure photo ». Le film a également reçu le prix du public au festival des Trois continents de Nantes.
Avant ce premier film, Yona Rozenkier a réalisé plusieurs courts-métrages, dont « Bug on a Helmet » en 2011 et « Raz and Radja » en 2012. Il travaille actuellement sur son deuxième long-métrage, « Decompression ».