Un homme de Jérusalem accusé d’avoir espionné pour l’Iran
Erdler Israel Amoyal, 23 ans, aurait mené des missions de surveillance et commis des actes de vandalisme
Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.
Un résident israélien de Jérusalem a été arrêté pour avoir effectué des missions pour le compte de l’Iran et pour avoir prévu de commettre un attentat terroriste, ont révélé mardi l’agence de sécurité du Shin Bet et la police israélienne. C’est la dernière d’une série d’arrestations impliquant des citoyens qui auraient été recrutés par l’Iran, avec des attaques qui ont été déjouées au cours des derniers mois, ont noté les services de sécurité.
Le suspect, Erdler Israel Amoyal, 23 ans, a été appréhendé au mois de novembre, soupçonné d’avoir « commis des infractions à la sécurité, des infractions liées à ses contacts avec des agents des services de renseignement du régime iranien » et il lui est aussi reproché « d’avoir mené des missions sécuritaires en Israël sous leur autorité et ce, à des fins lucratives », a dit le Shin Bet.
Cette annonce a été faite un peu plus d’une semaine après que la police a fait savoir qu’un homme avait été arrêté dans le nord du pays, soupçonné d’avoir lui aussi commis des actes de vandalisme au nom de l’Iran.
La dernière enquête a révélé qu’Amoyal était en contact avec des membres des services de renseignement iraniens par l’intermédiaire des réseaux sociaux depuis le mois d’octobre. Le Shin Bet a indiqué qu’il avait d’abord été en contact avec un profil, « Arianna », qui l’avait renvoyé vers « John », qui était devenu son supérieur direct.
Selon l’enquête, Amoyal savait que « John » était un agent iranien – mais il avait toutefois accepté d’effectuer des missions de surveillance et autres opérations, prenant des photos de diverses adresses et peignant des graffitis.
Le Shin Bet a déclaré qu’Amoyal avait pris des photos d’un journal portant les mots « Faire la Paix » à Jérusalem et à Tel Aviv, qu’il avait écrit à la bombe de peinture le mot « Sinwar » à Tel Aviv et qu’il avait pris des clichés de plusieurs maisons et rues à Netanya et à Jérusalem.
Amoyal avait acheté une caméra GoPro pour filmer ses agissements, envoyant des images à son supérieur John, a indiqué l’agence. Il avait également fait une vidéo qui montrait une voiture en feu, a déclaré le Shin Bet, même s’il est difficile de dire si lui-même avait déclenché l’incendie.
De plus, Amoyal, semble-t-il, avait consulté, sur internet, des sites de ventes d’arme à feu – de silencieux en particulier – ainsi que des sites proposant du matériel permettant de fabriquer des bombes. Le Shin Bet a noté qu’il avait regardé des vidéos consacrées à la fabrication d’explosifs pour commettre, à terme, un attentat terroriste en Israël.
Selon le Shin Bet, Amoyal avait été sommé de recruter d’autres personnes pour effectuer des missions pour l’Iran – en particulier des personnes qui avaient des antécédents criminels.
Amoyal a été rémunéré en cryptomonnaie, a précisé l’agence de sécurité.
Un acte de mise en examen devrait être déposé contre Amoyal dans les prochains jours.
Le Shin Bet a expliqué que ce dossier « démontre, une nouvelle fois, les efforts qui sont déployés par les services de renseignement iraniens pour recruter des citoyens israéliens à des fins d’espionnage et de terrorisme en Israël – ainsi que la volonté affichée par certains citoyens israéliens de mener à bien des missions placées sous la direction de l’Iran, en connaissant parfaitement l’identité des personnes qui les manipulent, le tout à des fins financières ».
La police, pour sa part, a indiqué que « des activités d’espionnage pour le compte d’un État ennemi, en temps de guerre et en général, est une infraction grave et dangereuse qui équivaut à un crime de trahison de l’État. »
Israël est actuellement en guerre contre le Hamas dans la bande de Gaza dans le cadre d’un conflit qui avait été déclenché par le groupe terroriste palestinien, le 7 octobre 2023 – les hommes armés avaient commis un pogrom dans le sud d’Israël, massacrant plus de 1 200 personnes qui étaient des civils en majorité.
Les proxies de l’Iran, en Irak et au Yémen, ont depuis perpétré des attaques au drone et au missile en direction d’Israël en signe de soutien à Gaza. Le groupe terroriste libanais du Hezbollah, qui est soutenu par l’Iran, avait également commencé à attaquer Israël dès le lendemain de l’assaut sanglant du Hamas dans le cadre d’un conflit qui s’est finalement transformé en guerre ouverte – un conflit qui s’est achevé par la signature d’un cessez-le-feu, le mois dernier, après que le Hezbollah a essuyé des pertes très lourdes.
L’Iran, le Hamas et le Hezbollah ont tous pour objectif de détruire Israël.
Depuis le mois de septembre, les autorités israéliennes ont annoncé des arrestations dans sept affaires distinctes qui impliquaient des individus ou des cellules soupçonnés d’espionnage ou soupçonnés de préparer des attentats pour le compte de l’Iran. Dans certains cas, Téhéran avait tenté de piéger des Israéliens sur internet, pour les pousser à effectuer des missions en son nom. Dans d’autres cas, des individus sont dorénavant soupçonnés d’avoir sciemment agi pour son compte à des fins financières.
La semaine dernière, la police avait annoncé qu’Artyom Zolotarev, 33 ans, avait été arrêté au mois de novembre, soupçonné d’avoir commis des infractions à la sécurité liées à ses contacts avec des agents des services de renseignement iraniens. Il est aujourd’hui mis en cause pour avoir fait des graffitis anti-gouvernementaux et pro-iraniens dans plusieurs villes du nord d’Israël et pour avoir incendié à plusieurs reprises des voitures à Haïfa.
Au mois de septembre, sept Juifs israéliens avaient été arrêtés parce qu’ils étaient soupçonnés d’espionner des personnalités de l’establishment de la sécurité et des bases de Tsahal pour le compte de l’Iran. Ils ont été accusés d’avoir recueilli des informations sur des citoyens israéliens en faveur de leurs contacts iraniens – notamment sur un haut-responsable de la sécurité – et d’avoir pris part à un complot qui visait à assassiner ce dernier.
Le 14 octobre, un homme de Ramat Gan et sa partenaire de 18 ans avaient été appréhendés, accusés d’avoir commis divers actes de sabotage et de vandalisme pour le compte d’un agent iranien.
Le 16 octobre, la police israélienne et le bureau de la procureure-générale avaient annoncé l’arrestation d’un homme, au centre d’Israël, qui avait, semble-t-il, acquis une arme pour tuer un scientifique israélien sur les instructions d’un agent iranien, après avoir effectué plusieurs tâches pour le compte de ce dernier.
Le 22 octobre, sept hommes de Jérusalem-Est, dont six citoyens israéliens, avaient été arrêtés parce qu’ils étaient soupçonnés d’espionnage pour le compte de l’Iran et qu’ils étaient aussi soupçonnés de préparer des attentats en Israël.
Des affaires qui avaient suivi la découverte par les autorités, au mois de janvier, d’un système impliquant des Israéliens qui avaient, semble-t-il, été recrutés pour recueillir des renseignements sur des personnalités de premier plan.