Un important rabbin européen à Israël : pas d’alliance avec les partis extrêmes
Pinchas Goldschmidt a indiqué aux parlementaires que se rapprocher des populistes, même pro-israéliens, met en péril les communautés juives locales
Un éminent rabbin européen a demandé la semaine dernière à Israël de rompre ses engagements avec les partis issus de l’extrême-droite européenne, indépendamment de leur positionnement envers l’Etat juif.
Le président de la Conférence des rabbins européens, Pinchas Goldschmidt, a mis en garde les députés israéliens lors d’une rencontre organisée jeudi à la Knesset, affirmant que le rapprochement avec les groupes nationalistes, en Europe, mettrait en péril les communautés juives locales.
« Si un parti est intrinsèquement raciste, sectaire envers de larges parties de la société et intolérant face aux minorités et si les Juifs ne sont pas aujourd’hui une cible, ils le seront dans un proche avenir », a déclaré Goldschmidt dans un communiqué publié vendredi.
Il a indiqué aux législateurs de la commission de l’Immigration, de l’Intégration et de la Diaspora, à la Knesset, que les politiciens israéliens devaient consulter les communautés juives locales avant d’établir des contacts avec les responsables d’extrême-droite.
« Cela vaut-il la peine qu’Israël reçoive un soutien politique à court-terme si on met par ailleurs en péril la communauté juive ? », a demandé Goldschmidt.

Dans sa déclaration, il a annoncé que la Conférence a mis en place un nouveau rôle d’ambassadeur qui se consacrera à la recrudescence de l’extrémisme de droite en Europe.
Ces propos ont été tenus quelques jours après que le Premier ministre Benjamin Netanyahu a annulé un voyage programmé en Autriche qui aurait été le premier réalisé par un chef de gouvernement israélien depuis 1997.
Ce déplacement signalait les liens de plus en plus proches établis entre Jérusalem et le gouvernement autrichien de droite auquel appartient le parti pour la Liberté d’extrême-droite (FPÖ).
Israël boycotte officiellement le FPÖ en raison de son passé nazi et de ses politiques xénophobes. Mais, ces dernières années, la formation a pris des initiatives pour prendre ses distances face à ses points de vue pro-nazis et il a adopté des positions pro-israéliennes fortes depuis son ascension au parlement lors des élections dans le pays qui ont eu lieu en 2017.

Le chef actuel du FPÖ, Heinz-Christian Strache, qui est aujourd’hui le vice-chancelier autrichien, s’est rendu en Israël cette année, répondant à l’invitation du parti du Likud de Netanyahu. Au cours de la visite, il a expliqué que Vienne désirait ardemment « un contact honnête, durable et amical avec Israël », promettant que son parti d’extrême-droite serait un « partenaire essentiel de la lutte contre l’antisémitisme en Europe ».
Au mois de juin, le chancelier autrichien Sebastian Kurz a également fait le déplacement en Israël. Il a alors promis de défendre l’Etat juif en Europe, qui adopte souvent des positionnements anti-israéliens.
« Nous, Autrichiens, savons à la lumière de notre histoire que nous avons une responsabilité particulière à endosser envers Israël et le peuple juif », avait-il dit à ce moment-là. « Je peux vous garantir que l’Autriche combattra toutes les formes d’antisémitisme en Europe avec détermination, s’il en existe encore un, mais également l’antisémitisme qui a été récemment importé ».
Ces dernières années, il y a eu une nette ascension des mouvements populistes en Europe. Un grand nombre d’entre eux ont su tirer profit du mécontentement croissant entraîné par la crise des migrations sur tout le continent.