Un juge autorise les poursuites contre l’université de Berkeley pour tolérance de l’antisémitisme
Le tribunal refuse de se prononcer sur l'affirmation selon laquelle le sionisme est un principe fondamental du judaïsme, estimant que cela serait inconstitutionnel, mais autorise les demandes de protection égale et de droits civiques

Un juge fédéral américain a déclaré que des groupes juifs pouvaient intenter une action en justice contre l’université de Californie à Berkeley, au motif que celle-ci aurait toléré un flot « incessant » de harcèlement antisémite envers les étudiants et les professeurs juifs, dans une décision rendue publique mardi.
Le juge fédéral James Donato a déclaré que deux groupes juifs pouvaient intenter des poursuites pour obtenir une protection égale, le libre exercice de la religion et des droits civiques contre des responsables de l’université, notamment le président de l’université de Californie, Michael Drake, et l’ancienne chancelière de l’université de Berkeley, Carol Christ.
Le juge Donato a déclaré que les plaignants ont allégué de manière plausible que les étudiants et les professeurs juifs étaient traités différemment à l’université de Berkeley parce qu’ils sont juifs, et que l’université était « délibérément indifférente au harcèlement et à l’environnement hostile sur le campus ».
Les plaignants avaient cité une multitude d’exemples, notamment le cas d’une professeure israélienne dont l’invitation à enseigner à l’université a été révoquée, des manifestants traitant les étudiants israéliens de « démons talmudiques » et un étudiant portant un collier avec une étoile de David qui a été encerclé par des manifestants masqués qui lui ont dit : « Les sionistes peuvent retourner en Europe ».
Parallèlement, le juge de San Francisco a rejeté une plainte fondée sur un contrat concernant les statuts des organisations étudiantes interdisant à ceux qui adhèrent à des croyances sionistes d’en faire partie.
Il a également refusé de prendre en compte l’affirmation du plaignant selon laquelle « le sionisme est un principe central de la foi juive », en déclarant que le fait que le tribunal se prononce sur une telle question soulèverait « un grave problème constitutionnel », car cela impliquerait de se prononcer sur une doctrine religieuse.
« Il se peut que la Cour puisse déterminer à juste titre si le sionisme est une croyance religieuse sincère pour certaines personnes, si les circonstances le justifient, mais la Cour ne déterminera pas s’il s’agit d’un principe central du judaïsme », a écrit Donato.

Les avocats des défendeurs n’ont pas répondu dans l’immédiat, mercredi, aux demandes de commentaires.
Les plaignants sont l’organisation à but non lucratif Louis D. Brandeis Center et Jewish Americans for Fairness in Education, un groupe national dont les membres comprennent des membres du personnel et des étudiants de l’université de Berkeley.
De nombreuses universités américaines ont été accusés de tolérer l’antisémitisme et de mal gérer les manifestations après l’attaque du 7 octobre 2023 du Hamas contre Israël – au cours de laquelle des terroristes ont tué plus de 1 200 personnes et pris 251 otages – qui a déclenché la guerre en cours dans la bande de Gaza.
Les manifestations comprenaient souvent des appels publics à la violence et des appuis aux groupes terroristes. Elles ont également provoqué des vagues d’arrestations ainsi que des suspensions et des expulsions, que de nombreux groupes pro-palestiniens ont condamnées comme une atteinte à la liberté d’expression.
Le mois dernier, le président américain Donald Trump a annulé un financement fédéral de 400 millions de dollars à l’université Columbia en raison de ce qu’il considère comme un laxisme face à l’antisémitisme.
En mars, son administration a également envoyé des lettres à 60 écoles, dont l’université de Berkeley, les avertissant de possibles mesures coercitives si elles ne s’attaquaient pas au harcèlement et à la discrimination antisémites.
John Coghlan, avocat des plaignants dans le procès de l’université de Berkeley, a qualifié la décision de Donato de « victoire écrasante » pour ses clients.
« Nous sommes impatients de continuer à nous battre pour la communauté juive de Berkeley », a-t-il déclaré dans une interview. « Dans la mesure où il y a une plus grande dynamique pour lutter contre l’antisémitisme, cela nous aide dans notre cause. »