Un juge demande à Ron Huldaï d’abandonner sa plainte en diffamation contre Miri Regev
Le maire de Tel Aviv poursuit la ministre des Transports pour avoir déclaré qu'il s'opposait à ce que les gens mettent des téfilines dans la rue
Une juge du tribunal de première instance a demandé mercredi au maire de Tel Aviv, Ron Huldaï, et à la ministre des Transports, Miri Regev, de mettre fin à leur passe d’arme judiciaire à propos des prières publiques dans la ville.
La juge Dorit Kovarsky a proposé, lors d’une audience, que les deux politiciens publient une déclaration commune clarifiant leurs positions et renoncent au procès intenté par Huldaï, qui réclame 500 000 shekels de dommages et intérêts à Regev pour diffamation.
Kovarsky a qualifié le procès intenté par Huldaï en 2020 de « pure perte de temps », notamment du fait de l’immunité parlementaire dont bénéficie Regev, et qui la protège de toute poursuite.
La plainte porte sur les propos de Regev selon lesquels Huldaï empêchait des hommes de mettre publiquement les téfilines, des phylactères que les hommes juifs placent sur leur bras et leur front au moment de la prière. Huldai s’estime diffamé par Regev.
Kovarsky a laissé jusqu’à lundi à Huldai, représentée par l’avocat Tal Shapira, pour répondre à sa proposition. Si Huldaï la rejette, elle acceptera les plaidoiries finales et se prononcera, a-t-elle fait savoir.
Ce procès est l’une des nombreuses controverses touchant à la religion et à l’État qui ont secoué la société israélienne pendant des années, avant que ces questions ne soient reléguées à une moindre priorité par la guerre contre le Hamas, depuis le 7 octobre dernier.
Mardi, Regev, femme politique de droite de tout premier plan, a invité Huldaï à abandonner ses poursuites, invoquant la nécessité de « maintenir l’unité ».
Huldaï a ignoré ses arguments et s’est fait représenter par Shapira à l’audience d’ouverture du procès, auquel Regev a comparu en personne, représentée par elle-même.
Au tribunal, Regev a expliqué que ses propos étaient liés à la décision de retirer du domaine public plusieurs stands que les Juifs orthodoxes pratiquants, généralement du mouvement Habad-Loubavitch, avaient mis en place pour encourager les hommes à mettre les téfilines.
Tel-Aviv dispose d’un règlement qui interdit l’installation de stands à moins de 100 mètres d’un établissement d’enseignement et d’un autre, qui permet au maire d’interdire l’installation de tout stand.
Shapira a déclaré qu’aucun « texte n’empêchait quiconque de mettre les téfilines où il le voulait à Tel Aviv ».
Regev a contesté ce point, arguant qu’il fallait un stand pour pouvoir mettre des téfilines, affirmation infondée au regard des écritures et des pratiques juives.
« Si vous mettiez des téfilines, vous sauriez que, selon la halakha, les téfilines ne peuvent pas être suspendues, il leur faut une surface plane. Le support, c’est la surface. Restreindre ce point revient à limiter le port des téfilines », a déclaré Regev, ajoutant que le procès visait à la « faire taire ».
Ce mois-ci, le ministre de l’Éducation, Yoav Kisch, a reproché au directeur d’un lycée de Tel Aviv d’avoir chassé un juif orthodoxe venu proposer de mettre les téfilines à un élève. Une vidéo avait été filmée.
« C’est totalement inapproprié et tout sauf éducatif », a déclaré Kisch à propos de la conduite du directeur du lycée hébraïque d’Herzliya, Zeev Dagani.