Un mémorial pour sept soldats tombés en 1951
Après la découverte de rochers, trois sculpteurs décident d’inscrire le souvenir dans la pierre

Baltimore (JTA) – Le nom d’un habitant de Jérusalem est plein de sens.
Shimon Balas, nouvel immigrant en provenance du Yémen, a été abattu par un tireur d’élite syrien, le 4 avril 1951. Son père, Shalom Balas, désirait tellement un héritier mâle que dans les cinq années suivantes, il a donné naissance à deux filles avant que son fils ne naisse, en 1956 – Shalom avait environ 70 ans. Il l’a également nommé Shimon.
« Mon père attendait toujours de moi que je ressemble à mon frère. Si je faisais A, il disait : ‘ton frère aurait fait B’ », raconte Shimon Balas, 58 ans, qui travaille dans les tribunaux municipaux.
Balas savait peu de choses des circonstances de la mort de son frère jusqu’à récemment, lorsque trois personnes arrivées dans les hauteurs du Golan ont découvert des rochers, déclenchant des recherches sur l’attaque de 1951. Finalement, ils ont décidé de rendre hommage aux sept soldats des Forces de défense israéliennes, dont Balas, tués là-bas.
Le 1er juin, un monument a été inauguré sur le site, appelé Yad Lashivaa (Mémorial des Sept).
Les autres hommes étaient tous, comme Balas, des soldats de Tsahal et des immigrants – Simcha Cohen (Tunisie), Kalman Salonikov (Bulgarie), Yitzhak Yisraeli (Iran), Mordechai Cohen (Turquie), Shimon Cohen (Maroc) et Nissim Laub (Maroc).

« Maintenant, après 60 ans, je suis en train d’apprendre ce qui est arrivé », dit la sœur de Salonikov, Yehudit Zeir, 81 ans, qui vit au Moshav Bitzaron, près de Rehovot. « Nous sommes passés par la Shoah, tout allait bien en Israël – ensuite c’est arrivé. Kalman est mort à 19 ans. »
Le mémorial situé sur les rochers de basalte comporte les noms gravés de ces hommes, un texte explicatif sur l’attaque qui leur a coûté la vie et des mains tournées vers le ciel.
Trois amis sculpteurs du Nord d’Israël – Esti Sehaiek Har-Lev, Yuval Lufan et Ahiam Lifshitz – se sont rendus le 8 février à Hamat Gader, connu pour ses sources d’eau chaude, son parc aquatique et ses spectacles de crocodiles. A la bifurcation menant à une route sinueuse vers les hauteurs de Hamat Gader, ils ont remarqué les rochers.
Ils en ont parlé à un autre ami, le guide Gil Brenner, qui connaissait les détails de l’attaque.
Selon le récit de l’armée de l’air israélienne, 21 hommes sont partis de la station de police à Tzemach, près de la pointe sud de la mer de Galilée, à 14h45 le 4 ; 19 des 21 soldats de Tsahal étaient vêtus d’uniformes de police.
L’unité répondait à des rapports arrivés au commandement nord de l’armée, indiquant que des soldats syriens en civil avaient pénétré dans la zone, une zone tampon en vertu de l’accord d’armistice de 1949. Tandis que Hamat Gader appartenait à Israël, les Syriens contrôlaient l’étroit col de montagne.
Juste après 17 heures, sept des hommes étaient morts – abattus par un soldat syrien posté dans un bunker sur une colline.
Quelques jours après avoir découvert les rochers, les artistes y sont revenus avec Brenner. Ils ont envisagé la création d’un mémorial.
« Quand je regardais [les rochers], j’ai vu dans mon imagination les mains levées de gens qui criaient, en priant et en levant leurs mains vers Dieu », a déclaré Sehaiek Har-Lev. « C’était comme une vision. »
Grâce à Facebook et des recherches sur Internet, l’organisation à but non lucratif « Donner un visage aux soldats tombés » et des interviews aux émissions de radio « Kol Shishi » (la voix du vendredi) et « Hamador L’chipus Krovim » (recherche de proches), ils ont pu retrouver les noms des victimes et localiser leurs familles.
Les sculpteurs sont retournés sur le site pour travailler pendant quatre jours et ont remarqué pour la première fois que le basalte était grêlé, apparemment par les balles tirées sur la force israélienne 64 années plus tôt.
Sehaiek Har-Lev a dessiné avec de la craie les mains de cinq touristes chrétiens néerlandais venus regarder. Trois soldats qui passaient pas là se sont aussi portés volontaires pour que leurs mains servent de modèles.
Utilisant de grandes machines bruyantes pour l’essentiel de la sculpture, les artistes craignaient que les autorités les empêchent de faire leur travail – ou qu’ils soient même accusés de vandalisme, raconte Sehaiek Har-Lev, 66 ans, résidente de Poriah Illit, un village situé près de Tibériade.
Le projet « me reconnecte à cette terre ». Il était particulièrement poignant parce que presque tous les soldats qui sont morts étaient célibataires et sans enfant, note-t-elle.
Mais il y avait un père parmi eux, Simcha Cohen, dont la femme, Fortuna, était enceinte de quatre mois quand il a été tué.
Leur fille, Etti Oudy, a visité le mémorial en construction et a permis à Sehaiek Har-Lev et à Lufan de dessiner ses mains sur la roche.
« Je leur suis tellement reconnaissante. Je n’ai jamais rien vu d’aussi merveilleux – et ils l’ont fait bénévolement », dit Oudy, une résidente de Rishon Lezion. « Que des gens fassent cela après 63 ans est très émouvant. Cela restera pour les générations futures. »
Oudy a parlé au JTA le 21 avril, depuis l’hôpital Petach Tikva où elle attendait la naissance de son huitième petit-enfant, une fille.
Le bébé, Yali, est né cette nuit-là, après le début de Yom Hazikaron, le jour du souvenir des soldats d’Israël et des victimes du terrorisme. Au cimetière militaire du mont Herzl, à Jérusalem, reposent cinq des sept victimes de l’attaque d’Al-Hama, autre nom de Hamat Gader.
Oudy a revu Balas à l’inauguration du mémorial. Etait également présent son seul fils, Yanai, le nouveau papa. Yanai a été nommé d’après le père d’Oudy. Le deuxième prénom de Simcha Cohen était Yonah.
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