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Un mois après l’attaque du 7 octobre, l’avenir politique de Netanyahu compromis

"Si une élection avait lieu aujourd'hui, il la perdrait largement", commente Toby Greene, qui enseigne les Sciences politiques à l'université Bar Ilan de Tel-Aviv

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu prononçant un discours télévisé, le 3 novembre 2023. (Crédit : Capture d'écran GPO)
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu prononçant un discours télévisé, le 3 novembre 2023. (Crédit : Capture d'écran GPO)

Un mois après l’attaque sanglante du Hamas, l’avenir politique du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu paraît très compromis, estiment des experts.

Révélateur du désarroi du chef du gouvernement, âgé de 74 ans dont 16 au pouvoir, son message de fin octobre sur le réseau X (anciennement Twitter) accusait l’appareil sécuritaire d’avoir sous-estimé les risques d’une attaque d’envergure du mouvement islamiste palestinien. Message qu’il a supprimé avant de s’excuser.

Cette tergiversation fait suite à une concession tout aussi surprenante : il a admis qu’il devrait lui « aussi rendre des comptes » pour les défaillances qui ont rendu possible la pire attaque contre Israël depuis sa création en 1948.

Mais les difficultés avaient démarré bien avant le 7 octobre pour Benjamin Netanyahu : depuis le début de l’année, à la tête de l’un des gouvernements les plus à droite de l’histoire d’Israël, il s’est heurté à une contestation massive contre sa refonte judiciaire.

Il est par ailleurs en procès dans trois affaires de corruption.

L’attaque perpétrée par le Hamas pourrait représenter un coup fatal pour Benjamin Netanyahu, qui détient en Israël le record de longévité au poste de Premier ministre. Son premier mandat remonte à 1996.

« Bibi », son surnom, ancien officier des commandos de l’état-major, l’élite de l’armée israélienne, s’est toujours posé en défenseur acharné du peuple juif. Il a promis aux Israéliens d' »anéantir » le mouvement islamiste palestinien.

Mais, dans les kibboutz du sud du pays, premières cibles du massacre du 7 octobre, nombreux sont ceux qui le tiennent pour responsable du manque de protection le long de la frontière avec la bande de Gaza.

Le Hamas a tué plus de 1 200 personnes, essentiellement des civils israéliens. Plus de 240 autres sont toujours retenues en otage à Gaza par le mouvement terroriste islamiste, selon les autorités israéliennes.

« Le soutien à Benjamin Netanyahu et à sa coalition s’amenuisait déjà avant le 7 octobre et, depuis le début de la guerre, il a encore diminué », constate Toby Greene, qui enseigne les Sciences politiques à l’université Bar Ilan de Tel-Aviv.

« Si une élection avait lieu aujourd’hui, il la perdrait largement », affirme-t-il.

« Bibi » est un politicien « brillant » qui joue désormais la montre, estime le politologue Reuven Hazan, de l’Université Hébraïque de Jérusalem.

« Il sait déjà qu’il se bat pour sa survie et chaque décision qu’il prend dans cette guerre vise à assurer sa survie », dit-il.

Les militaires et les services de renseignement ont tous reconnu des « défaillances » dans les dispositifs de sécurité en bordure de la bande de Gaza sous contrôle du Hamas, organisation qualifiée de « terroriste » par les Etats-Unis, l’Union européenne et Israël.

Par impératif d’unité nationale, certains de ses rivaux politiques ont rejoint son cabinet de guerre et défendent la riposte lancée par Israël à Gaza.

Amnon Shashua, cofondateur et président de Mobileye, est vu lors d’une réunion du comité scientifique à la Knesset, le 04 juin 2018. (Miriam Alster/Flash90)

Amnon Shashua, une célébrité en Israël dans le monde de la high-tech, a lui appelé la coalition de Benjamin Netanyahu à être « immédiatement » chassée du pouvoir en raison de ses « échecs » et de son « incompétence ».

Mais lorsqu’on lui a demandé s’il allait partir, M. Netanyahu s’est contenté de répondre : « La seule chose que j’ai l’intention de voir démissionner, c’est le Hamas ».

Le Premier ministre pourrait être contraint de jeter l’éponge s’il venait à perdre la majorité de quatre sièges à la Knesset, détenue par la fragile coalition réunissant son parti, le Likud, avec des partis d’extrême droite et des formations ultra-orthodoxes.

Les observateurs de la scène politique locale considèrent que l’épreuve de force n’est plus qu’une question de temps.

Israël a connu cinq élections en moins de quatre ans.

La réforme de la justice du gouvernement Netanyahu, qui constitue selon ses opposants une menace pour la démocratie, a donné lieu pendant des mois à l’un des plus importants mouvements de contestation de l’histoire du pays.

« Israël était en train de se déchirer », dit Reuven Hazan. « Mais en raison de la guerre, il n’y a plus de vie politique. Elle finira par reprendre. (…) Et les manifestants aussi », prédit-il.

Après la guerre, le gouvernement aura le choix de mettre en place une commission d’enquête gouvernementale, aux pouvoirs plus étroits, ou nationale, plus indépendante.

Si la responsabilité de l’actuel Premier ministre dans les négligences qui ont permis l’attaque du Hamas était reconnue, son sort pourrait être rapidement scellé.

Le gouvernement a prévenu que la guerre prendrait des mois. Par ailleurs, Benjamin Netanyahu n’est pas tenu de convoquer des élections avant trois ans.

« Certains signes montrent que les membres de la coalition savent déjà que la partie est terminée », observe Reuven Hazan.

Des sondages indiquent que le leader centriste Benny Gantz, ministre sans portefeuille dans le cabinet de guerre, remporterait une élection si elle se tenait maintenant.

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