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Le Hezbollah annonce un approvisionnement en carburant iranien

Washington a "décidé" d'aider le Liban qui connaît de graves pénuries, s'enfonçant dans l'une des pires crises économiques au monde depuis le milieu du XIXe siècle

Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, prononce un discours au lendemain d'une explosion meurtrière à Beyrouth, le vendredi 7 août 2020. (Crédit : capture d'écran d'al-Manar)
Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, prononce un discours au lendemain d'une explosion meurtrière à Beyrouth, le vendredi 7 août 2020. (Crédit : capture d'écran d'al-Manar)

Le chef du Hezbollah a affirmé jeudi qu’un navire iranien chargé de carburant s’apprêtait, en dépit des sanctions américaines visant Téhéran, à appareiller en direction du Liban, un pays en plein effondrement confronté à de graves pénuries de courant, d’essence et de diesel.

Quelques heures plus tard, la présidence libanaise annonçait de son côté que les États-Unis avaient « décidé » d’aider le Liban pour atténuer ses pénuries alors qu’il s’enfonce dans l’une des pires crises économiques au monde depuis le milieu du XIXe siècle selon la Banque mondiale.

Les pannes de courant culminent aujourd’hui à plus de 22 heures par jour et, en l’absence de fioul, les générateurs de quartier, qui prennent habituellement le relais, rationnent aussi les foyers.

Hassan Nasrallah a annoncé jeudi matin le départ imminent d’un « premier navire » de carburant iranien destiné au Liban, dans un discours prononcé à l’occasion des commémorations chiites d’Achoura.

Il a prévenu « Américains et Israéliens » que dès son appareillage « jusqu’à son arrivée dans les eaux de la Méditerranée » ce navire « sera considéré comme territoire libanais », alors que plusieurs navires liés à l’Iran ou à Israël ont été la cible depuis février de sabotages dans les eaux du Golfe.

Le mois dernier, Hassan Nasrallah avait annoncé que le Hezbollah était prêt à importer du carburant de son allié iranien. Une décision que le gouvernement libanais ne pouvait, selon lui, prendre en raison de pressions de Washington qui impose de sévères sanctions à l’Iran.

La cargaison de ce navire doit permettre d’approvisionner « hôpitaux, usines de production de denrées alimentaires et de médicaments, boulangeries et générateurs », a encore dit le chef du Hezbollah.

Le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, s’est adressé à ses partisans dans la banlieue sud de Beyrouth, au Liban, le 3 novembre 2014. (Crédit : AP Photo/Hussein Malla, File)

« Décision » américaine

Ni le gouvernement iranien ni le libanais n’ont confirmé dans l’immédiat les propos du dirigeant chiite, qui n’a pas expliqué où et comment cette cargaison serait déchargée. Lorsque le navire sera en Méditerranée, « nous discuterons des détails techniques », a-t-il dit.

L’acheminement de pétrole iranien à l’étranger « est interdit par les sanctions (…) ce qui représente un danger pour le Liban » qui risque d’être « sanctionné ou attaqué », souligne l’experte en ressources pétrolières Laury Haytayan. 

Dans une réponse apparente aux propos du chef du Hezbollah, la présidence libanaise a annoncé sur son compte Twitter avoir été sollicitée par l’ambassadrice des États-Unis à Beyrouth, Dorothy Shea, au sujet de la crise énergétique.    

« Le président (Michel) Aoun a reçu un appel téléphonique de l’ambassadrice (…) l’informant de la décision de l’administration américaine d’aider le Liban à acheminer de l’électricité de la Jordanie à travers la Syrie », a indiqué la présidence libanaise. 

Les États-Unis mènent aussi « des négociations avec la Banque mondiale pour assurer le financement de gaz égyptien » et son transport vers le Liban, via la Syrie, ainsi que des travaux d’entretien, selon la présidence. 

Aucun communiqué officiel n’a été publié par l’ambassade américaine à Beyrouth, mais réagissant à l’annonce du chef du Hezbollah, Mme Shea a indiqué à la chaîne panarabe Al-Arabiya que son pays discutait « avec les gouvernements égyptien, jordanien (…) et la Banque mondiale pour aboutir à des solutions réelles et durables » au problème énergétique au Liban. 

Une source proche du dossier a indiqué à l’AFP que « le Liban négociait avec l’Égypte depuis plus d’un an pour acheminer de l’électricité et du gaz via la Jordanie et la Syrie (…) mais les négociations ont été interrompues en raison des sanctions américaines contre la Syrie ». 

Un maillage de lignes électriques surélevées le long d’une rue dans une banlieue de Beyrouth, la capitale du Liban, le 23 juin 2021. (Crédit : JOSEPH EID / AFP)

Exemption des sanctions ?

Le Liban négociait également avec la Banque mondiale le financement d’un tel projet « mais craignait que Washington fasse pression sur la BM (…) pour les mêmes raisons liées aux sanctions contre la Syrie », a-t-elle ajouté. 

L’annonce jeudi de la présidence libanaise et les propos de l’ambassadrice des États-Unis signifient que Washington pourrait assouplir sa position sur ces sanctions en « exemptant » le Liban en cas de transit d’énergie via ce pays frontalier, a poursuivi la source.

Entre-temps, la crise économique au Liban ne cesse de se dégrader. Hôpitaux, restaurants, magasins et industriels tirent la sonnette d’alarme depuis plusieurs jours, certains ayant fermé leurs portes faute de courant, alors que le pays est plongé dans l’obscurité totale. 

Elle est aggravée par une crise politique sans fin : le pays est toujours sans gouvernement depuis la démission il y a un an du cabinet sortant, au lendemain de l’explosion dévastatrice du port de Beyrouth.

La classe politique, dont le Hezbollah est une composante influente, est profondément divisée, prisonnière d’intérêts personnels et clientélistes.

Elle ne parvient pas à s’accorder pour former un gouvernement à même de lancer des réformes, condition sine qua none pour débloquer des aides financières internationales, représentant des milliards de dollars.

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