Un néo-nazi US extradé vers Amsterdam après s’en être pris à la maison d’Anne Frank
Robert Wilson, membre de "La ligue de défense des Goyim", aurait projeté au laser un texte sur le mur du bâtiment reprenant une célèbre théorie du complot antisémite
![Le musée rénové de la Maison d'Anne Frank à Amsterdam, aux Pays-Bas, le 21 novembre 2018. (Crédit : Peter Dejong/AP) Le musée rénové de la Maison d'Anne Frank à Amsterdam, aux Pays-Bas, le 21 novembre 2018. (Crédit : Peter Dejong/AP)](https://static-cdn.toi-media.com/fr/uploads/2023/09/AP18325696422537-640x400.jpg)
JTA – Un membre de premier plan d’un groupe néo-nazi américain a été extradé vers les Pays-Bas, où il sera jugé pour avoir projeté un message antisémite sur la maison d’Anne Frank à Amsterdam.
Robert Wilson est accusé d’être à l’origine d’un incident, survenu en février, au cours duquel un message avait été projeté au laser sur le mur extérieur du bâtiment où Anne Frank avait vécu clandestinement pendant la Shoah.
Le message disait « l’inventeuse du stylo à bille », une référence faite à une théorie antisémite du complot – dont le caractère mensonger a été prouvé à de multiples reprises – qui affirme que le fameux journal intime de l’adolescente était un faux parce qu’il avait été écrit avec un stylo à bille, un stylo qui avait été mis au point après la Seconde Guerre mondiale.
Frank avait été découverte par les nazis en 1944 et elle était morte au camp de concentration de Bergen-Belsen, l’année suivante. L’endroit où elle vivait cachée, avec sa famille, est depuis devenu un musée.
Wilson devrait faire sa première apparition devant le tribunal début octobre. Originaire du Canada, il est membre de la « Ligue de Défense des Goyim », un groupe néo-nazi de premier plan dont le siège se trouve dorénavant en Floride.
Wilson avait vécu entre 2016 et 2021 dans une banlieue de San Diego, à Chula Vista, en Californie. Il avait été accusé, à cette période, d’avoir agressé un voisin et de s’être livré à son encontre à des insultes homophobes. Peu après cette agression présumée, Wilson avait été accusé d’avoir accroché une bannière antisémite sur un pont surplombant l’autoroute, à San Diego. Il avait fui le pays avant de pouvoir être poursuivi pour crime de haine.
Depuis, Wilson est largement resté en Pologne, pays dont il est citoyen, et où il aurait commis des actes antisémites variés, brandissant, par exemple, des panneaux grossiers visant l’Anti-Defamation League (ADL) alors qu’il se trouvait à l’entrée du camp de concentration d’Auschwitz, en 2022. Le fondateur de la Ligue de Défense des Goyim, Jon Minadeo Jr., avait pris la pose sur le même cliché. Minadeo avait ultérieurement annoncé avoir été arrêté par les autorités polonaises.
Wilson s’était rendu, semble-t-il, à Amsterdam plusieurs mois plus tard – au moment où l’incident survenu à la Maison d’Anne Frank avait eu lieu. Sa présence là-bas avait été découverte par un groupe citoyen d’enquêteurs néerlandais qui se consacrent à la lutte contre les activités terroristes.
Au printemps dernier, les Pays-Bas avaient émis un mandat d’arrêt européen à l’encontre du néo-nazi et les autorités polonaises l’avaient arrêté une première fois au mois d’avril, lui ordonnant de ne pas quitter le pays le temps de l’enquête. Mais Wilson avait été arrêté encore une fois au mois de juillet alors qu’il tentait de fuir vers le Canada depuis un aéroport allemand. Il avait été placé en détention en Allemagne avant d’être transféré à Amsterdam, au mois d’août.
Les Pays-Bas ont mis hors-la-loi, au mois de juillet, tout discours prenant explicitement la forme du négationnisme face à la Shoah, mais le parquet néerlandais n’a pas indiqué dans son communiqué de presse annonçant l’extradition de Wilson quelles seraient exactement les charges retenues contre lui.
La nature indéterminée du message qui a été projeté sera un « cas d’espèce » pour la Hollande, a déclaré au inewsource de San Diego Willem Wagenaar, chercheur sur l’extrémisme qui travaille à la Maison Anne Frank.
« Est-ce qu’il s’agit d’un délit passible de sanction aux Pays-Bas, ou sommes-nous dans le cadre de la liberté d’expression ? », a commenté Wagenaar. « Il y a une zone grise. Mais nous le saurons bientôt ».