Un nouveau rituel de Yom HaAtsmaout inspire l’unité et la gratitude dans l’ombre du 7 octobre
La lecture publique de la Déclaration d'indépendance, avec une assistance formée d'Israéliens laïcs et religieux, est une tradition susceptible de s'adapter aux citoyens de toutes les confessions
En 2017, un groupe de diplômés du programme Mabua de l’Israeli Beit Midrash (ex-Beit Prat), une institution pluraliste, avait lu à voix haute la Déclaration d’Indépendance israélienne au cinquième jour d’Iyar, la date de l’indépendance de l’État juif dans le calendrier hébraïque. Leur objectif avait été de mettre en place une pratique rituelle propre à cette journée déterminante qui serait aussi accessible à la population laïque.
Cette lecture marque l’apogée d’une initiative de l’institution appelée « Les dix Journées de la Gratitude » – des jours qui tissent ensemble « les dix jours allant de Yom HaShoah et Yom Haatsmaout à l’aide du fil de la gratitude », selon le site internet détaillant le programme.
Une tradition qui est particulièrement poignante, cette année, alors qu’Israël est au cœur d’une campagne militaire à Gaza – une guerre déclenchée par l’assaut meurtrier de milliers d’hommes armés du Hamas qui avaient envahi le sud d’Israël, le 7 octobre, massacrant environ 1 200 personnes et kidnappant 252 personnes qui avaient été prises en otage au sein de l’enclave côtière. Les terroristes s’étaient livrés à des atrocités, commettant également des violences sexuelles à grande échelle.
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Le chef du programme, le rabbin Dani Segal, fait remarquer qu’en cette 76e Journée israélienne de l’Indépendance, la célébration et la gratitude peuvent être particulièrement difficiles alors que la nation est actuellement plongée dans une guerre qui a entraîné la mort de milliers d’Israéliens et de Palestiniens.
« Comment éprouver de la gratitude dans une période de deuil, de perte et d’incertitude si dure ? » interroge Segal.
Une question à laquelle il apporte immédiatement une réponse : « L’âme est remplie d’émerveillement et de gratitude à l’égard d’un si grand nombre de femmes et d’hommes qui se sont distingués par leurs actes de gentillesse et d’héroïsme indescriptibles. Des gens qui ont défendu d’autres gens en les protégeant avec leur corps, qui ont courageusement secouru d’autres personnes, qui ont soigné des blessés, qui ont accueilli des personnes dans leur habitation, dans leur foyer ».
Yarden Katz, qui a coordonné l’initiative du programme Mabua prévu entre Yom Hashoah et Yom Haatzmaout pour l’année 2024, fait remarquer que comme c’est le cas également avec de nombreuses traditions juives, il n’y a pas un seul moyen de lire la Déclaration d’Indépendance.
Faisant la comparaison entre le rituel et le Seder de Pessah, elle ajoute que « certains vont chanter l’intégralité de la chanson Had Gadya, certains vont chanter l’intégralité de la Haggadah et d’autres n’en chanteront qu’une partie ».
Katz souligne également que la Déclaration de l’Indépendance partage de nombreuses thématiques avec les textes anciens que les Juifs ont l’habitude de lire pendant les fêtes.
La Déclaration évoque les origines du peuple juif sur la Terre d’Israël, elle évoque l’exil et le combat pour le retour. Elle mentionne des personnes, des dates et des événements historiques déterminants qui ont finalement mené à la fondation de l’État. Elle se termine par une référence à Dieu – « Le roc d’Israël ».
Tout comme le peuple juif est encouragé à voir son reflet dans le livre de l’Ecclésiaste (à Soukkot), dans le livre d’Esther (à Pourim), dans le Cantique des Cantiques (à Pessah), dans le livre de Ruth (à Shavouot), et dans le livre de Jonas (à Yom Kippour), les Israéliens qui prennent part à cette tradition de lecture à haute voix de la Déclaration d’Indépendance sont aussi encouragés à voir le reflet de leur propre histoire dans le narratif plus large de l’indépendance d’Israël, selon Katz.
Depuis le début de la guerre, la nation s’est dotée d’une devise : « Ensemble, nous vaincrons ». Des mots qui apparaissent partout – depuis des autocollants jusqu’aux présentateurs qui les prononcent sur les plateaux de télévision – et qui traduisent un changement marqué par rapport à la fracture sociétale qui avait accompagné le mouvement de protestation entraîné par le projet de refonte radicale du système judiciaire avancé par le gouvernement, pendant la plus grande partie de l’année 2023.
Katz dit espérer que l’unité qui est apparue dans un contexte de guerre continuera une fois que les armes auront été déposées.
« L’acte de faire part de sa gratitude, c’est comme un muscle », explique-t-elle. « Quand vous l’entraînez, cela vous apporte un plus grand nombre d’outils pour faire face aux difficultés… C’est un muscle qui est susceptible d’améliorer la résilience ».
Un moyen de se lier « aux fondations communes »
Le rituel de la Journée de l’Indépendance est simple : Il suffit de lire à voix haute la Déclaration d’Indépendance. Pas d’autre exigence que celle-ci – et l’exercice ne nécessite que peu de préparations.
L’approche qui est celle de Mabua intègre cette cérémonie dans le cadre préexistant d’un rassemblement familial, d’une fête au travail, d’un barbecue entre voisins ou de toute autre réjouissance qui a habituellement lieu à Yom HaAtsmaout. Le matériel nécessaire, les instructions et les informations supplémentaires sont mis à la disposition du public sur internet.
L’option traditionnelle de rituel implique de chanter toute la Déclaration d’Indépendance en hébreu en utilisant la même cantillation que dans la Haftara, la sélection du Livre des prophètes qui suit la lecture de la Torah lors des offices du Shabbat ou des fêtes juives.
D’autres peuvent se contenter de la lire à voix haute, sans cantillation, ou écouter l’enregistrement original de David Ben-Gurion qui avait proclamé la naissance de l’État juif le 14 mai 1948.
« Nous savons déjà que de nombreuses communautés, des kibboutzim et même des familles se rassemblent pour lire la Déclaration », déclare Keren Apfelbaum Riff, directeur-adjoint de Mabua. « La cérémonie dure environ trente minutes et elle permet aux participants de se lier aux fondations communes que nous partageons tous, et qui sont les fondements sur lesquels la Déclaration d’Indépendance avait été signée, tout en renouvelant le pacte que nous avons signé avec l’État. »
Katz établit clairement que même si elle a été façonnée par la pratique religieuse juive, la lecture cérémoniale de la Déclaration d’Indépendance est ouverte à tous, indépendamment de la confession, en Israël et à l’étranger.
« Ce texte et cette cérémonie que nous mettons en place sont destinés à tous », note-t-elle. « C’est en rassemblant des personnes différentes qu’il deviendra possible de réaliser de grandes choses en tant que nation ».
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