Un nouvel avant-poste illégal près d’Eli, pas d’ordre d’évacuation pour Evyatar
Cinq nouveaux bâtiments et une route d'accès ont été construits pendant la nuit, en Cisjordanie, près du lieu de l'attentat qui a tué 4 Israéliens. L'armée n'est pas intervenue
Jeremy Sharon est le correspondant du Times of Israel chargé des affaires juridiques et des implantations.
Un nouvel avant-poste illégal a été mis en place en Cisjordanie, mercredi soir, à quelques kilomètres de l’implantation d’Eli, devant laquelle quatre Israéliens ont trouvé la mort dans un attentat terroriste mardi.
Les photos fournies par l’ONG La Paix maintenant montrent cinq bâtiments faits de murs métalliques préfabriqués, qui ont été érigés sur place, aux abords de l’implantation de Maale Levona, dans le nord de la Cisjordanie, à proximité de la route 60.
On y voit également de lourds engins de terrassement et des machines excavatrices, ainsi qu’un chemin non pavé récemment dégagé.
L’armée israélienne, le ministère de la Défense, l’Administration civile et le cabinet du ministre des Finances Bezalel Smotrich – qui a également rang de ministre adjoint au sein du ministère de la Défense, compétent pour les affaires civiles en Cisjordanie – n’ont pas réagi à la demande de commentaires sur la façon dont un chantier aussi complexe – et illégal – a pu avancer de la sorte et les perspectives d’évacuation.
Bien que le ministre de la Défense Yoav Gallant soit toujours techniquement responsable de l’application de la loi en matière de nouveaux avant-postes, en vertu d’un accord conclu en février dernier, Smotrich doit être consulté avant toute évacuation.
Par ailleurs, des dizaines, sinon des centaines de résidents d’implantations ont élu domicile dans l’avant-poste illégal plusieurs fois évacué d’Evyatar, au nord d’Eli, où ils organisent des événements et des activités.
La Paix maintenant a condamné ces constructions, accusant ceux qui les ont commanditées d’instrumentaliser l’attentat terroriste de mardi pour justifier l’installation de nouvelles implantations.
« Le terrorisme des résidents d’implantations… instrumentalise avec cynisme ce terrible attentat terroriste et continue de pratiquer la politique du fait accompli sur le terrain. Nous allons collectivement faire les frais de notre incapacité à les empêcher de nuire, par la poursuite de violences sanglantes », a déclaré l’organisation.
Les forces de l’ordre « doivent démanteler l’avant-poste, évacuer les résidents d’implantations qui se sont installés à Evyatar et faire face au terrorisme juif renaissant, avec toute la sévérité qui convient », a ajouté l’organisation, évoquant les émeutes et incendies criminels commis par des résidents d’implantations dans le village palestinien de Turmus Ayya, mercredi.
The impromptu yeshiva in the illegal Evyatar outpost today, with dozens of boys studying after activists repopulated the site following the Eli terror attack on Tuesday… pic.twitter.com/uCrLEmzAJ3
— Jeremy Sharon (@jeremysharon) June 22, 2023
Les résidents d’implantations militants installés à Evyatar sont des familles avec de jeunes enfants et des jeunes venus d’implantations de Cisjordanie et de l’intérieur d’Israël, qui sont désormais en vacances pour tout l’été.
Mercredi soir, le rabbin Shmuel Eliyahu, grand rabbin de Safed, s’est rendu à Evyatar pour donner une conférence à des dizaines de jeunes hommes et de garçons dans une yeshiva de facto installée dans l’avant-poste.
Des prières, un spectacle de marionnettes pour les enfants et des conférences pour hommes et femmes ont été organisés jeudi soir.
L’Administration civile n’a pas encore reçu l’ordre d’évacuer les résidents d’implantations militants installés dans l’avant-poste.
C’est en 2013 qu’Evyatar a été créé, sans aucune forme d’autorisation, après un attentat terroriste à proximité du carrefour Tapuah, au cours duquel Evyatar Borovsky a trouvé la mort. L’avant-poste a par la suite été démoli, mais en 2021, l’organisation Nachala a organisé le retour de plusieurs familles et de militants.
Le précédent gouvernement de Benjamin Netanyahu s’était engagé à trouver une solution pour les habitants d’Evyatar, en échange de quoi ils ont volontairement quitté l’avant-poste sans que les structures du site ne soient démolies.
Le nouveau gouvernement Netanyahu, installé en décembre dernier, s’est engagé, dans le cadre de ses accords de coalition avec le parti HaTzionout HaDatit de Smotrich, à légaliser Evyatar, qui est manifestement construit sur des terres appartenant à des Palestiniens voisins, même si cette question n’a pas été totalement tranchée.
Ni le ministère de la Défense, ni Tsahal, ni le cabinet de Gallant ou Smotrich n’ont réagi aux demandes de commentaires sur une possible expulsion des militants d’Evyatar.