Un otage secouru décrit les longues journées à Gaza et la difficulté à se réadapter
Dans une interview, Louis Har raconte la fusillade entre Tsahal et le Hamas qui le détenait, lui et son beau-frère, et qu’ils "veillaient à ce que l'autre ne craque pas"
Un otage qui, avec son beau-frère, a été secouru des griffes du Hamas, a décrit à la télévision israélienne l’audacieuse opération de Tsahal qui a conduit à leur sauvetage le mois dernier, et a expliqué comment il vivait son retour en Israël après avoir passé 129 jours en captivité.
Dans une interview accordée à la Douzième chaîne et diffusée mardi, Louis Har, 70 ans, a décrit les instants où des membres de l’agence de sécurité intérieure du Shin Bet et de l’unité antiterroriste d’élite Yamam de la police ont utilisé des explosifs pour pénétrer dans l’appartement et tué les trois terroristes qui les gardaient lui et son beau-frère Fernando Marman, 61 ans, au deuxième étage d’un immeuble de Rafah.
« Tout s’est passé en quelques secondes. Il y a eu une explosion tout à coup. Ma première pensée était que l’immeuble était bombardé par l’armée israélienne. J’ai roulé du matelas où je dormais vers les terroristes », raconte Har.
Il décrit ensuite les tirs incessants dans toutes les directions, comme il n’en avait jamais vu « même dans les films ».
« Tout à coup, ils ont crié : ‘Louis, par ici !’ Quelqu’un m’a attrapé la jambe et a dit ‘Tsahal ! TSAHAL ! On est venu pour te ramener à la maison' », dit-il, précisant que, pendant la bataille, les forces de sécurité israéliennes les avaient protégés de leurs corps.
« C’était de la folie. »
Har et Marman ont été conduits dans des véhicules blindés jusqu’à un héliport de fortune au cœur de la bande de Gaza, avant d’être transférés dans un hélicoptère militaire qui les a emmenés en Israël.
« J’ai demandé au soldat assis à côté de moi : Vous êtes sûr que ce n’est pas un film ? J’ai dû me pincer pour m’assurer que j’étais bien réveillé, que ce n’était pas un autre de mes rêves », a-t-il confié.
Har a été pris en otage par des terroristes du Hamas du kibboutz Nir Yitzhak puis emmené à Gaza le 7 octobre, avec sa compagne, Clara Marman, 62 ans, le frère de Clara, Fernando, la sœur Gabriela Leimberg, 59 ans, et la fille de Gabriela, Mia Leimberg, 17 ans.
Ils étaient détenus ensemble dans un petit appartement sombre jusqu’à ce que les femmes et l’adolescente soient libérées après 52 jours de captivité, dans le cadre d’une trêve d’une semaine conclue en novembre, qui a permis la libération de 105 otages.
Har raconte que Marman et lui avaient été informés de leur libération imminente, mais qu’ils se sont vite rendu compte, à mesure que les bombardements se poursuivaient, qu’ils risquaient de devoir attendre plus longtemps.
Les jours passaient « très lentement », a-t-il dit, évoquant comment les deux hommes se racontaient des histoires pour passer le temps.
« Je connais Nando [Fernando] mieux que personne parce que je n’ai jamais été aussi proche de quelqu’un, pendant 129 jours », a-t-il déclaré. « Nous nous disputions, nous nous moquions même de nous-mêmes. »
« Nous veillions à ce que l’autre ne craque pas », a-t-il ajouté, décrivant les moments où ils pleuraient tous les deux.
Il n’y avait ni télévision ni radio et ils mangeaient une pita par jour, parfois avec un oignon ou une tomate si ces produits étaient disponibles, selon le reportage.
« Nous avons fait ce que nous pouvions pour survivre », a-t-il expliqué à l’enquêteur, précisant plus tard qu’il ne pensait pas en sortir vivant.
Har a déclaré que ses ravisseurs leur disaient souvent que le Premier ministre Benjamin Netanyahu ne souhaitait pas conclure d’accord pour libérer les otages restants et qu’il préférait qu’ils meurent. Il a ajouté que les terroristes ont raconté en détail l’assassinat tragique, par erreur, de trois otages par les troupes de Tsahal en décembre.
« Nous ne croyions pas la plupart des choses qu’ils nous racontaient, mais malgré tout, c’était une guerre psychologique, donc cela nous affectait quand même », a expliqué Har.
Il a ajouté qu’il « ne savait rien de ce qui s’était passé le 7 octobre », date à laquelle les terroristes ont tué près de 1 200 personnes et pris 253 otages. « Chaque fois, on en apprend un peu plus, puis un peu plus. C’est très difficile, chaque fois que j’apprends qu’un autre ami a été assassiné ».
« Je n’ai pas retrouvé ma vie, je ne sais pas où je suis », a-t-il répondu à une question sur son retour de Gaza. « Cela prendra du temps. Voilà la vérité. »
Louis Har a déclaré qu’il avait repris certains de ses passe-temps, comme la danse, mais pas d’autres de ses activités, comme la pâtisserie. « Après une telle expérience, on revient différent de ce que l’on était avant », a-t-il ajouté.
Il a raconté que le moment le plus difficile pour lui depuis son retour a été lorsqu’il a rencontré un jeune homme à l’une des manifestations pour la libération des otages, qui lui a dit que son cousin avait participé à l’opération de sauvetage.
« Je lui ai dit de lui dire… mais il m’a dit qu’il avait été tué la semaine précédente », a-t-il déclaré en fondant en larmes. « Cela m’a complètement brisé. Je ne sais pas qui c’était, mais rien que d’y penser, c’était dur. »