Israël en guerre - Jour 527

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Interview

Un pasteur latino tente d’enrayer le déclin du soutien à Israël

Avec Eagles' Wings, Sam Rodriguez – conseiller de Bush, Obama et Trump – estime que les jeunes membres du clergé sont la clef pour lutter contre les tendances pro-palestiniennes des latino-américains

Lazar Berman est le correspondant diplomatique du Times of Israël

Le pasteur Sam Rodriguez (à gauche) et l'évêque Robert Stearns (à droite) à Jérusalem, en février 2025 (avec l'aimable autorisation d'Eagles' Wings)
Le pasteur Sam Rodriguez (à gauche) et l'évêque Robert Stearns (à droite) à Jérusalem, en février 2025 (avec l'aimable autorisation d'Eagles' Wings)

Le soutien à Israël a tendance à baisser parmi les jeunes Latinos, aux États-Unis, et certains pays d’Amérique latine ont rompu leurs relations diplomatiques avec Israël en raison de la guerre menée contre le groupe terroriste du Hamas à Gaza suite au pogrom du 7 octobre 2023 : aussi, un célèbre leader évangélique lui-même issu de cette communauté fait-il en sorte d’édifier une sorte de « pare-feu » avec de jeunes pasteurs de sa communauté et de renforcer le sentiment pro-israélien.

Le pasteur Sam Rodriguez, fondateur de la National Hispanic Christian Leadership Conference, explique au Times of Israel que des mouvements, aux États-Unis comme en Amérique latine, tentent de retourner la population contre Israël et de « se serrer les coudes au titre de la fraternité mondiale de la perpétuelle victimisation ».

« Notre but est d’édifier un pare-feu contre tout cela. »

Le NHCLC est un réseau évangélique latino qui compte 45 000 églises partout dans le monde et rien qu’aux États-Unis, la conférence représente 16 à 20 millions de chrétiens évangéliques.

En septembre dernier, NBC a parlé de Rodriguez comme d’un « leader charismatique en passe de devenir l’une des personnes les plus influentes de la politique américaine actuelle ».

Rodriguez, qui se présente volontiers comme « apolitique » et s’est entretenu avec le Times of Israel depuis Jérusalem, a conseillé les présidents américains George Bush, Barack Obama et Donald Trump.

Illustration : Des ouvriers nettoient des graffitis anti-Israël sur le campus de l’Université de Californie à Los Angeles (UCLA) après que la police a expulsé des manifestants pro-palestiniens, le 2 mai 2024. (Crédit : Frederic J. Brown/AFP)

Selon un sondage Axios de mars 2024, 40 % des Hispano-Américains pensaient que les États-Unis devaient imposer un cessez-le-feu immédiat à Gaza et 39 % qu’ils ne devaient pas s’impliquer dans le conflit.

Certains pays d’Amérique latine sont de solides alliés d’Israël, mais d’autres ne lui épargnent pas leurs critiques. La Bolivie a cessé toute relation diplomatique avec Israël à la suite des attaques du Hamas tandis que le Chili, la Colombie et le Honduras ont rapidement rappelé leurs ambassadeurs. Le Mexique et le Chili se sont joints aux appels en faveur d’une enquête de la Cour pénale internationale sur des crimes de guerre présumés lors du conflit entre Israël et le Hamas.

Mais Rodriguez incarne une vision différente pour les Latinos.

Des passants marchent devant un drapeau palestinien géant sur lequel on peut lire en espagnol « Arrêtez le génocide », qui recouvre la façade du Congrès colombien à Bogota, le 5 juillet 2024. (Pablo Pino / AFP)

« Il faut absolument penser à la prochaine génération », affirme-t-il. « Nous sommes ce que nous acceptons. Il y a une expression que nous utilisons : la complaisance d’aujourd’hui est la captivité de demain. Et, en de nombreux endroits du monde, la complaisance d’aujourd’hui est l’Holocauste de demain. Nous sommes ce que nous acceptons. »

Selon un sondage de 2023 de l’American Jewish Committee (AJC), 41 % des jeunes Latinos ont de la sympathie pour les Palestiniens et seulement 29 % pour Israël.

« Les étudiants latinos sont un élément clé des manifestations pro-palestiniennes », peut-on lire dans un titre d’Axios.

« J’ai parlé à des jeunes à New York, à l’Université de New York, à Columbia, à Harvard, à Yale », explique Rodriguez. « Nombre d’entre eux sont Latinos. Je me suis dit, c’est une blague ? Non, non, nous n’allons pas faire ça. Ce n’est pas l’Inquisition 2.0 au 21ème siècle. C’est là que l’église évangélique latino agit. »

La cinquième mission de solidarité des pasteurs des Eagles’ Wings à Jérusalem, en février 2025 (Avec l’aimable autorisation des Eagles’ Wings)

« Et si la communauté latino devenait la communauté la plus pro-israélienne et pro-juive de toute la planète, pour édifier un mur contre l’antisémitisme ? », questionne-t-il.

Rodriguez jette les fondations de ce mur en faisant venir en Israël de jeunes pasteurs latinos de tout premier plan, en partenariat avec l’évêque Robert Stearns, fondateur d’Eagles’ Wings Ministries.

Ils étaient trente-huit importants dirigeants d’Église venus des États-Unis, de Porto Rico, de Colombie, d’Argentine et du Panama en mission, la semaine dernière.

« Ils arrivent en touristes et repartent sionistes », assure Stearns.

Selon Stearns, qui se trouvait en Israël avec sa famille lors du pogrom commis par le Hamas le 7 octobre 2023, Eagles’ Wings a fait venir plus de 35 000 chrétiens en Israël depuis sa fondation, il y a de cela une trentaine d’années. Nombre d’entre eux ont pris part aux voyages de « Christian birthright ».

Depuis les attentats, Eagles’ Wings se concentre sur l’accueil de jeunes leaders évangéliques en Israël, persuadés du « très fort retour sur investissement pour ce qui est d’assurer l’avenir d’Israël », explique Stearns. « Lorsque vous investissez sur un chef communautaire, vous touchez toute sa congrégation. »

« Trop longtemps, Israël a figuré sur la liste des choses à faire pour les pasteurs de 65, 67, 70 ans, prêts à prendre leur retraite, soit 40 années actives perdues », explique-t-il.

Pour l’heure, il a fait venir en Israël 700 pasteurs originaires de 14 pays et 35 États américains. Les deux tiers des jeunes pasteurs reviennent avec un groupe de leur église dans les 18 mois, ajoute Stearns.

Avec les pasteurs hispaniques, la semaine dernière, Rodriguez – plus connu sous le nom de « Pasteur Sam » – a demandé, debout, lors d’une réunion combien d’entre eux reviendraient avec des groupes la même année ; 80 % des mains se sont levées.

Des sympathisants évangéliques agitent des drapeaux de leur pays lors du défilé de la fête juive de Souccot, à Jérusalem, le 24 septembre 2013. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Les deux ecclésiastiques admettent que certains Juifs pensent que les Chrétiens évangéliques soutiennent Israël parce qu’ils croient que la fin des temps ne pourra advenir que lorsque le peuple juif sera réuni, aura repeuplé le « Grand Israël » et accepté le Christ comme leur Messie.

« J’invite la communauté juive, plus que toute autre, à se méfier des tropes et stéréotypes », souligne Stearns. « Les Juifs sont victimes de semblables stéréotypes et tropes. La réalité des motivations de la communauté sioniste chrétienne est à chercher bien au-delà. »

L’évêque Robert Stearns lors d’une prière à Jérusalem, en février 2025 (Avec l’aimable autorisation d’Eagles’ Wings)

La communauté sioniste chrétienne est motivée par trois choses, affirme-t-il : une « dette de gratitude éternelle » envers le peuple juif, à l’origine de l’histoire, de la vision du monde et de l’inspiration du christianisme, une « dette de repentance éternelle » pour les atrocités commises contre les Juifs sous la bannière du christianisme et enfin la menace d’une « alliance contre nature » de groupes d’extrême gauche et d’une vision radicale de l’islam.

Le soutien à Israël de Washington

Rodriguez explique ne pas reconnaître le Parti démocrate avec lequel il a pourtant travaillé du temps de l’administration Obama.

« L’aile progressiste marxiste-socialiste d’extrême gauche du Parti démocrate a détourné le parti », analyse Rodriguez. « Il y a une guerre civile, en ce moment, en Amérique : c’est idéologique, et au sein du Parti démocrate. »

La Représentante Rashida Tlaib, démocrate du Michigan, la seule Palestino-Américaine du Congrès, en compagnie de la Représentante Cori Bush, démocrate du Montana, à l’extrême gauche, et de la Représentante Ilhan Omar, démocrate du Minnesota, à l’extrême droite, lors d’un événement pour appeler à un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, au Capitole, à Washington, le 14 décembre 2023. (Crédit : AP Photo/J. Scott Applewhite)

L’idée qu’Israël soit en train de perdre son soutien bipartite aux États-Unis est une « préoccupation légitime ».

« C’est malheureux », regrette Rodriguez, « mais c’est la réalité, le Parti démocrate est en train de devenir, malheureusement, un parti qui prend des accents antisémites. Alors que de l’autre côté, les Républicains disent : nous sommes le parti le plus pro-Israël et le plus pro-juif qui soit. »

« Nous gardons le courage grâce à ceux qui, au sein du Parti démocrate, restent du bon côté de l’histoire », poursuit Stearns en ajoutant que « ce n’est pas seulement une question de position envers Israël. C’est plus largement la question de leur positionnement envers l’Amérique. »

Mark Mellman, fondateur et PDG de Democratic Majority for Israel [NDLT : Majorité démocratique pour Israël], n’est absolument pas d’accord avec cette façon de voir les choses. « La grande majorité des Démocrates et de la direction de notre parti sont solidement pro-Israël », estime-t-il auprès du Times of Israel. Le président Biden, par exemple, a mené la présidence la plus pro-israélienne de toute l’histoire américaine en tant le tout premier président américain à se rendre en Israël en temps de guerre, en fournissant à Israël une aide militaire sans précédent et en dirigeant des coalitions internationales pour protéger Israël des attaques iraniennes. Notre leader au Sénat, notre leader à la Chambre et nos gouverneurs sont fortement pro-Israël. »

Mark Mellman. (Capture d’écran/YouTube)

Mellman, qui a également été stratège pour le parti Yesh Atid de Yair Lapid, admet qu’« il y a quelques voix anti-Israël et antisémites très fortes au sein des deux partis, mais qu’elles ne sont pas un reflet exact de la majorité ».

Il estime que Stearns et Rodriguez devraient faire en sorte de se débarrasser des antisémites au sein du Parti Républicain au lieu de « donner une fausse image des Démocrates ».

La base des soutiens de Trump

Rodriguez fait valoir que le soutien du président américain Donald Trump à Israël est lié au fait que les sionistes chrétiens constituent sa base.

Illustration : Des chefs religieux prient avec le président américain de l’époque, Donald Trump, lors d’un rassemblement pour les partisans évangéliques à l’église King Jesus International Ministry à Miami, en Floride, le 3 janvier 2020. (Crédit : AP Photo/Lynne Sladky)

« Les évangéliques sont sa base, ses soutiens numéro un en Amérique, sans aucune exception : aucun autre groupe ne soutient sa présidence en si grand nombre », poursuit-il.

« Qu’est-ce qui a permis à Donald Trump d’obtenir ce résultat écrasant en novembre dernier ? » questionne Rodriguez. Quatre-vingt-quatre % des évangélistes en Amérique ont apporté leur suffrage à Donald Trump et, parmi eux, plus de 70 % des évangélistes latinos.

Lors de son premier mandat, Trump avait reconnu Jérusalem comme la capitale d’Israël et y avait installé son ambassade, avait reconnu la souveraineté israélienne sur le plateau du Golan, mis un terme aux subventions à l’UNRWA et conclu une série d’accords diplomatiques avec les pays arabes connus sous le nom d’accords d’Abraham.

Le président américain Donald Trump et le Premier ministre Benjamin Netanyahu, dans le Bureau ovale de la Maison Blanche, à Washington, le 4 février 2025. (Crédit : Evan Vucci/AP)

Au cours du mois qui s’est écoulé depuis son retour à la Maison Blanche, Trump a nommé de hauts responsables à des postes diplomatiques et de défense clés qui sont de très grands soutiens à Israël, a imposé des sanctions aux tribunaux de La Haye, cessé de verser des subventions à des agences de l’ONU hostiles et a fermement soutenu les objectifs de guerre d’Israël à Gaza, en allant même jusqu’à proposer le déplacement des Palestiniens de la bande de Gaza en proie à la guerre.

Dans le même temps, il est apparu que Trump et Netanyahu avaient des désaccords sur la deuxième phase de l’accord de cessez-le-feu conclu avec le Hamas.

Rodriguez pense que nombre d’Israéliens ne sont pas conscients de l’importance et de l’étendue du soutien évangélique à Israël, que ce soit aux États-Unis ou ailleurs dans le monde.

« Mais s’ils ne le savent pas, ils le sauront bientôt et c’est Donald Trump qui leur en fera prendre conscience. Donald Trump est celui qui, à lui seul, leur fera réaliser l’engagement, le niveau d’engagement de la communauté évangélique envers Israël et le peuple juif. »

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