Israël en guerre - Jour 561

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Un proche de Netanyahu aurait aidé à transférer des fonds qataris à Gaza

Le milliardaire Shlomi Fogel a transmis pendant des années des messages du groupe terroriste à Doha, avec le consentement d'Israël, a affirmé TheMarker ; le bureau du Premier ministre nie

Shlomi Fogel, propriétaire de la société de transport maritime israélienne DoverTower, à gauche, et Sultan Ahmed bin Sulayem, à droite, président-directeur général de DP World à Dubaï, signent un protocole d'accord sur l'appel d'offres pour la privatisation du port de Haïfa, le 16 septembre 2020. (Autorisation : Robbins Steinmetz PR)
Shlomi Fogel, propriétaire de la société de transport maritime israélienne DoverTower, à gauche, et Sultan Ahmed bin Sulayem, à droite, président-directeur général de DP World à Dubaï, signent un protocole d'accord sur l'appel d'offres pour la privatisation du port de Haïfa, le 16 septembre 2020. (Autorisation : Robbins Steinmetz PR)

Un proche collaborateur du Premier ministre Benjamin Netanyahu aurait joué un rôle direct dans la coordination des transferts de fonds remis par le Qatar au Hamas dans la bande de Gaza, ces dernières années – avec l’approbation d’Israël.

L’article qui a été publié samedi par le quotidien économique The Marker s’inscrit dans le cadre d’une vague d’accusations portant sur les « liens problématiques », selon les critiques, qui s’étaient instaurés entre l’entourage du Premier ministre et l’État du Golfe, qui a tenu un rôle de premier plan dans les négociations portant sur la libération des otages. Netanyahu est aussi accusé d’avoir aidé à soutenir le Hamas, se trompant de façon catastrophique sur les réelles intentions du groupe terroriste.

Selon le média qui a cité un « document » non spécifié, le milliardaire israélien Shlomi Fogel avait eu des relations, à la fin des années 2010 et au début des années 2020, avec Mohammad al-Emadi, un diplomate qatari qui avait été chargé de superviser les projets de reconstruction financés par Doha à Gaza après la guerre de 2014 qui avait opposé Israël et le Hamas.

Al-Emadi avait également supervisé le transfert de centaines de millions de dollars sous forme de liquidités du Qatar à Gaza entre 2018 et 2021, une somme qui avait été approuvée par Israël qui espérait ainsi contenir les tensions qui couvaient dans la bande de Gaza, où le taux de chômage est toujours resté très élevé.

Le haut-responsable qatari avait personnellement accompagné les convois transportant l’argent de l’aéroport Ben Gurion à Gaza et il était présent à chaque fois que les fonds étaient remis aux responsables du Hamas.

Dans ce contexte, selon The Marker, des hommes d’affaires de Gaza avaient à plusieurs reprises utilisé Fogel comme intermédiaire pour transmettre des messages à al-Emadi – le pressant d’accélérer l’acheminement des fonds en affirmant que l’arrivée de ces derniers aiderait à stabiliser la situation et à prévenir les escalades violentes, le long de la frontière.

Mohammad al-Amadi, envoyé du Qatar dans la bande de Gaza, lors de l’inauguration du nouveau quartier de Hamad, dans l’enclave palestinienne, le 16 janvier 2017. (Crédit : capture d’écran/YouTube)

Une source proche de Fogel a confirmé la majorité des détails signalés dans le document, a rapporté The Marker. Fogel a refusé tout commentaire après la publication de l’article tandis que le bureau de Netanyahu a affirmé avec véhémence qu’aucun Israélien n’avait été impliqué dans les transferts d’argent.

Les critiques sur l’entrée de ces liquidités à Gaza – un sujet controversé à ce moment-là – et la politique menée par Netanyahu, qui avait autorisé le groupe terroriste à se maintenir au pouvoir à Gaza en échange du calme, se sont multipliées suite au pogrom commis par le Hamas dans le sud d’Israël, le 7 octobre.

Au mois d’avril 2024, un rapport confidentiel qui avait été rédigé par une équipe de professionnels appartenant aux services de renseignement américain et israélien avait conclu que « le financement et les politiques du Qatar ont directement conduit au 7 octobre ». Les experts avaient alors estimé que Doha avait fourni au total deux milliards de dollars au groupe terroriste.

Fogel avait tissé des liens avec al-Emadi au milieu des années 2010, à l’occasion de plusieurs visites à Doha, où il avait également rencontré d’autres hauts responsables qataris, selon TheMarker.

L’homme d’affaires israélien a parlé ouvertement, dans le passé, de promouvoir des projets commerciaux liés à Gaza – évoquant notamment la construction d’une centrale solaire qui aurait été financée par le Qatar et qui aurait permis d’approvisionner la bande en électricité. Ces différents projets ne devaient jamais aboutir.

De plus, Fogel se serait présenté, semble-t-il, comme un partenaire d’affaires de Nabil Bouab, un Gazaoui propriétaire d’une usine de couture qui employait de nombreux résidents de la bande et qui fournissait des services à des entreprises israéliennes spécialisées dans la mode.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu s’exprime lors de la réunion hebdomadaire du cabinet, le 30 mars 2025 (Capture d’écran/GPO)

The Marker a signalé que plusieurs anciens collaborateurs de Netanyahu avaient confirmé les liens étroits qui unissaient le Premier ministre et Fogel, avec notamment des rencontres qui auraient eu lieu au domicile privé de l’homme d’affaires.

« Fogel est très proche de Netanyahu », aurait déclaré un ancien aide de ce dernier. « Ses relations étroites avec le Premier ministre lui ont permis d’acquérir une expertise dans le domaine politique ».

Selon cette source, Fogel cherchait à exploiter les événements politiques pour les transformer en projets commerciaux rentables. Il y avait notamment des projets d’infrastructure basés sur l’hypothèse que le Hamas continuerait à diriger Gaza – en accord avec la politique prônée par Netanyahu, a noté The Marker.

Selon le média, Fogel avait défendu, au cours d’interviews et de conférences, une stratégie israélienne qui visait à isoler l’Autorité palestinienne et à empêcher sa reconnaissance en tant qu’État indépendant à l’international, tout en apportant un soutien au développement économique de la bande de Gaza par le biais d’entreprises commerciales.

Le dirigeant de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, s’exprimant après sa rencontre avec le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez, au palais de la Moncloa, à Madrid, en Espagne, le 19 septembre 2024. (Crédit : Paul White/AP)

Dans une interview accordée en 2016 au journal économique israélien Globes, Fogel avait parlé de Gaza : « Avec à peine 800 dollars de PIB par habitant, il ne fait aucun doute que les deux millions d’habitants de la bande de Gaza essaieront encore et encore de provoquer une réaction et de perturber Israël, où le PIB par habitant est de 37 000 dollars », laissant ainsi entendre que des investissements dans l’économie de Gaza étaient autant d’investissements dans la sécurité d’Israël.

Fogel avait poursuivi en disant : « Disons que nous donnons, demain matin, un État [au président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas]. Je ne doute pas du fait […] qu’une grande partie des réfugiés, tout d’abord de Syrie et d’Irak […], commenceront à affluer en Cisjordanie », ajoutant que « 1 à 1,5 million de réfugiés supplémentaires viendront vivre près de chez nous, ainsi qu’à Rehovot et à Jérusalem ».

Dans un entretien ultérieur qui avait été encore une fois accordé à Globes en 2018, Fogel avait reconnu qu’il discutait avec des responsables du Hamas, déclarant que « quand je parle aux gens du Hamas, je leur dis : ‘Je suis prêt à faire tout ça pas par amour – je sais que vous voulez nous tuer. Je le fais seulement pour qu’il y ait la paix’. »

Le document s’étend sur les liens douteux de Fogel, révélant qu’il avait contribué à faciliter le financement du gouvernement du Hamas par le Qatar – un financement qui avait été approuvé par le gouvernement de Netanyahu.

Illustration : L’affaire du « Qatar-gate », concernant l’enquête sur les paiements qataris aux collaborateurs du Premier ministre Benjamin Netanyahu. : Eli Feldstein et Netanyahu avec en arrière-plan le bureau du Premier ministre, à Jérusalem. (Crédit : Chaïm Goldberg/Flash90, Tomer Appelbaum/Pool, Yehoshua Yossef/Flash90)

Le bureau du Premier ministre a nié toute implication directe de fonctionnaires israéliens dans le financement qatari : « Une nouvelle tentative évidente de fabriquer un scandale inexistant. Les agences de sécurité ont géré les transferts de fonds qataris et ils les ont même recommandés. À notre connaissance, aucun autre employé israélien n’a été impliqué », a-t-il fait savoir dans un communiqué.

« Le Premier ministre a d’ores et déjà poursuivi en justice [l’ancien ministre de la Défense Moshe Yaalon] et d’autres qui ont prétendu ou qui ont laissé entendre qu’il avait reçu de l’argent du Qatar, et il continuera à agir contre tous ceux qui répandent ce mensonge », a ajouté le cabinet du Premier ministre.

Netanyahu a annoncé, au début du mois, qu’il portait plainte contre Yaalon pour des propos qui avaient laissé entendre qu’il avait reçu des dizaines de millions de dollars du Qatar, dans le cadre du dit « Qatargate », une enquête portant sur les liens présumés entre Doha et plusieurs collaborateurs du Premier ministre.

L’ancien porte-parole de Netanyahu, Eli Feldstein, accusé au mois de novembre dernier d’atteinte à la sécurité nationale, aurait été payé par Doha pour alimenter les principaux journalistes israéliens en articles favorables au Qatar.

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