Un programme de dressage canin transforme nos chiens domestiques en sauveurs
Dirigé par d'anciens élèves de la prestigieuse unité K9 de Tsahal, Locate apprend aux chiens domestiques à repérer les victimes de catastrophes ou les intrus
Les oreilles dressées, Jane s’approche prudemment d’un tas de « décombres » avant de se mettre à aboyer avec excitation. Entre les blocs de ciment, Gal Inbari, un bénévole de 17 ans, tend la main et caresse doucement le dos de Jane tout en la félicitant de l’avoir trouvé.
L’exercice, organisé par la dresseuse de chiens Nitzan Tal, fait partie d’une nouvelle initiative connue sous le nom de « Project Locate ».
Basé au kibboutz Ashdot Yakov, ce programme entraîne des chiens domestiques à localiser des personnes dans les décombres causés par des catastrophes naturelles, notamment des tremblements de terre. Les chiens sont également formés à retrouver des clandestins ou des personnes disparues. Mais outre le dressage des animaux, le projet Locate aide les participants à devenir autonomes et à acquérir des compétences pour se préparer en cas de catastrophe, tout en responsabilisant et en rassemblant la communauté.
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« En tenant compte de la direction du vent, nous voulons lancer le chien face à l’odeur », avait expliqué Tal à Gil Shaked, le dresseur de Jane, » Fais-lui faire un demi-tour pour la désorienter, puis envoie-la ».
Après avoir donné l’ordre de « chercher », Jane se lance et se fraye un chemin sur ce terrain accidenté. Après plusieurs minutes de recherche, Jane a localisé Inbari.
Shaked lui donnera une friandise et la félicitera pour son travail, soulignant l’importance de la patience dans un scénario de catastrophe naturelle où un terrain instable et dangereux peut limiter les mouvements.
Le projet Locate a été conçu par le chef de la sécurité du kibboutz, Miki Harel, à la suite d’un incident récent au cours duquel trois Palestiniens ont franchi illégalement la frontière de la Cisjordanie et ont pénétré dans les champs d’Ashdot Yaakov. Les traqueurs bédouins appelés sur les lieux étant incapables d’identifier les traces de pas sous le tapis de feuilles d’automne, Harel a demandé à l’armée de déployer des chiens d’Oketz, de l’unité d’élite K-9 de Tsahal, spécialement dressés à cet effet. Mais sa demande a été rejetée et, le bataillon stationné dans la région, a patrouillé dans le champ toute la nuit pour ne retrouver les infiltrés que le lendemain matin.
Harel s’est tourné vers ses contacts à Oketz, qui l’ont mis en relation avec Tal, une dresseuse de chiens de sauvetage hautement qualifiée qui avait été auparavant le commandant de l’équipe de chiens de sauvetage de l’unité.
Le lancement du projet il y a cinq mois a également été motivé par la forte probabilité d’un tremblement de terre de magnitude 6,5 dans les années à venir, en raison de la situation d’Israël sur la faille syro-africaine. Au lendemain d’une catastrophe naturelle, les routes risquent d’être inaccessibles et, en cas d’infiltration illégale, l’armée aura toujours pour consigne de s’occuper d’abord des grandes villes. Au kibboutz Ashdot Yaakov, à un kilomètre seulement de la Jordanie et de la Ligne verte qui sépare Israël de la Cisjordanie, l’autonomie peut sauver des vies.
La jungle de béton
Le dressage se déroule sur un chantier inachevé utilisé par toutes les unités de sauvetage en Israël, couvrant une superficie de 140 000 mètres carrés. Cette zone est un rappel vivant de la possibilité d’événements désastreux et constitue un terrain d’entraînement idéal pour les secouristes.
Bien que relativement récent, le projet Locate est déjà en passe de devenir un programme privé plus largement accessible, appelé « Nitzan », du nom de sa dresseuse de chiens principale, Tal. Le projet restera basé dans la région et le même site d’entraînement continuera à être utilisé pour le dressage.
Le programme vise à continuer à tirer les leçons des incidents de sécurité et à développer un sentiment de préparation et d’indépendance chez les civils. Tal, la force motrice de cette initiative, a un intérêt particulier pour le travail avec les jeunes à risque et les personnes handicapées.
« N’importe quel chien peut être dressé pour des missions de recherche et de sauvetage, il suffit d’y consacrer du temps », explique Tal, qui a servi dans l’Oketz en tant que combattante et commandante du dressage des chiens.
Après sa démobilisation, Tal a obtenu la certification de dresseur de chiens de thérapie et de dresseur de chiens privé. Elle exerce aujourd’hui ces deux professions.
Hen Ben Shitrit, un ancien commandant d’Oketz certifié pour le dressage de chiens de thérapie et qui dirige un centre de thérapie utilisant ses propres chiens, a salué le travail de Tal.
« Le projet de Nitzan est d’une grande importance à mes yeux. Il s’agit d’une force supplémentaire sur le terrain qui soutiendra la communauté en temps de crise », déclare Ben Shitrit.
Là où personne ne peut aller
L’expérience de Tal englobe un large éventail de scénarios, allant de l’effondrement d’immeubles en Israël à la catastrophe du barrage de Brumadinho au Brésil en 2019.
Tal a pu constater par elle-même le potentiel des chiens à sauver des personnes là où les humains n’ont pas accès : grâce à ses conseils professionnels, 19 corps ont pu être retrouvés.
Mais Tal est également convaincue que l’impact du dressage des chiens s’étend bien au-delà des chiens eux-mêmes, comme en témoigne Yaar Klein, 14 ans.
Du haut de son mètre quatre-vingt-dix, Yaar regarde Bosga, un rottweiler de trois ans, tout en lui apprenant à aboyer sur commande, une étape cruciale de son dressage pour retrouver des personnes disparues. Guidée par Tal, Yaar apprend à se comporter avec autorité et confiance.
« Il ne faut pas baisser les bras. L’aboiement viendra, c’est un signe de frustration », explique Tal.
Yaar persiste jusqu’à ce qu’elle réussisse. Ayelet Klein, la mère de Yaar, a observé la transformation positive de la vie de sa fille depuis le début du projet, et a constaté que Yaar avait gagné en confiance grâce à sa nouvelle passion.
« Nitzan est en train de former la prochaine génération », déclare Ayelet, qui souligne que la formation a amélioré le temps que les parents passent avec leurs enfants et a renforcé les liens familiaux. Elle a également renforcé le credo qui a toujours existé au sein du foyer : « Si quelqu’un a besoin d’aide, nous sommes là. »
Rami Raveh et son fils, Oded, participent également au projet avec leurs chiens Paige et Fifi. Rami explique que le fait de se consacrer à ce projet en famille a appris à ses enfants à se montrer responsables.
Nous faisons les « devoirs » des chiens ensemble : lors des promenades, nous nous entraînons à nous cacher dans le champ et à envoyer Paige chercher l’autre », explique-t-il, ajoutant que le projet est devenu un engagement commun qui renforce les liens au sein de la famille.
Pour Tal, les chiens ont clairement un pouvoir de transformation.
« Les chiens arrivent à toucher les gens et à changer leur vie d’une manière qui échappe aux interactions humaines », dit-elle.
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