Un projet de loi américain cherche à garder un œil sur l’antisémitisme européen
Une mesure bipartisane de la Chambre souligne le “besoin urgent” d’assurer la sécurité des communautés juives européennes
WASHINGTON – Motivés par ce qu’ils ont décrit comme une hausse de l’antisémitisme en Europe, des membres d’une force de travail bipartisane du Congrès américain ont présenté vendredi un projet de loi qui vise à accroître la surveillance par Washington des incidents antisémites et des mesures prises par les gouvernements européens pour les combattre.
Alors que l’attention des Etats-Unis était dirigée vers l’ouragan Matthew, qui a touché ses côtes sud est, les représentants démocrates Nita Lowey, Steve Israel, Eliot Engel et Ted Deutch ont rejoint les républicains Chris Smith, Ileana Ros-Lehtinen, Kay Granger et Peter Roskam, tous coprésidents de la force de travail bipartisane de la Chambre des représentants pour combattre l’antisémitisme, pour présenter la Loi pour combattre l’antisémitisme européen 2016.
En 2004, George W. Bush, alors président des Etats-Unis, avait signé la Loi pour l’étude mondiale de l’antisémitisme, qui fournit les bases juridiques à un rapport annuel du département d’Etat sur l’antisémitisme dans le monde. Plus de dix ans après, face à la hausse de l’antisémitisme en Europe, la Chambre des représentants ont voté à l’unanimité en novembre 2015 une résolution appelant le secrétaire d’Etat à continuer cette documentation solide de l’antisémitisme.
Après cette résolution, l’antisémitisme a cependant continué à se développer.

« Il est choquant qu’au 21e siècle, l’antisémitisme se renforce en Europe. Des railleries et des menaces dans les rues aux attaques violentes dans les écoles et les synagogues, en passant par les gouvernements qui amplifient les voix et les messages antisémites, comme les dirigeants de Hongrie qui accordent une prestigieuse récompense publique à l’auteur antisémite Zsolt Bayer, beaucoup de juifs européens sont obligés de se demander à nouveau s’il y a toujours un avenir pour eux dans leurs pays », ont écrit vendredi dans un communiqué les élus qui ont présenté le projet de loi.
« C’est inacceptable, et nous continuerons à appeler les dirigeants de toute l’Europe à s’exprimer contre ce problème croissant, à renforcer les partenariats avec les communautés juives pour les aider à développer des normes sécuritaires, et à promouvoir les cultures qui respectent la diversité et l’inclusion de tous les groupes minoritaire, y compris les juifs », ont-ils écrit.
Bipartisan Taskforce Introduces Legislation Focusing on European Anti-SemitismOct 7, 2016 Press ReleaseWASHINGTON -…
Posted by House Committee on Foreign Affairs Democrats on Friday, 7 October 2016
Le projet de loi amendera la Loi sur la liberté religieuse dans le monde de 1998 pour y inclure un nouveau paragraphe discutant de l’antisémitisme en Europe, ajoutant une documentation obligatoire des « défis sécuritaires et des besoins des communautés juives européennes, et des autorités d’application de la loi européenne » dans les pays dans lesquels « les menaces ou les attaques verbales ou physiques sont particulièrement importantes contre les personnes, les lieux de cultes, les écoles, les cimetières et autres institutions religieuses juifs. »
Il encourage également les Etats-Unis à « s’associer avec les autorités d’application de la loi européennes et les associations de la société civile en ce qui concerne le partage d’information et les bonnes pratiques pour combattre les incidents antisémites en Europe », et pour encourager les gouvernements européens à poursuivre leurs initiatives pédagogiques pour combattre le sentiment antisémite et adopter une définition de travail de l’antisémitisme.
« Confronter efficacement le problème nécessite une meilleure compréhension de son étendue et de sa profondeur. Ce projet de loi nécessite que l’administration continue à examiner de près l’antisémitisme en Europe, à fournir une évaluation rigoureuse des tendances et à exposer ce que les Etats-Unis et nos partenaires font pour répondre à ce défi, ont-ils écrit. De cette manière, nous aurons les meilleures informations disponibles pendant que nous travaillons à éradiquer cette menace pernicieuse et pour nous assurer que l’engagement du ‘plus jamais ça’ reste une réalité. »
Dans le projet de loi, les représentants ont noté que « pendant la dernière décennie, il y a eu une hausse continue des incidents antisémites en Europe, qui a entraîné les juifs européens à être la cible de harcèlement verbal et physique et même d’attaques terroristes mortelles, qui ont tous érodé la sécurité personnelle et communautaire et la qualité de la vie quotidienne juive. »
Le projet de loi cite des données statistiques rassemblées par l’Agence de l’Union européenne pour les droits fondamentaux entre 2005 et 2014, qui enregistrent une hausse des incidents antisémites en France de 508 à 851, en Allemagne de 60 à 173, en Belgique de 58 à 130, en Italie de 49 à 86, et au Royaume-Uni de 459 à 1 168.

Le texte a également noté une relation entre antisémitisme et anti-sionisme, déplorant que ce dernier « se soit parfois transformé en attaques antisémites, entraînant la condamnation de nombreux dirigeants européens. »
Le projet de loi contient une section « sentiment du Congrès », qui établit qu’il « est dans l’intérêt national des Etats-Unis de combattre l’antisémitisme, à l’intérieur du pays et à l’étranger », et que « l’antisémitisme est un défi aux principes fondamentaux de tolérance, de pluralisme, de démocratie et aux valeurs partagées qui lient Américains et Européens. »
Les représentants ont souligné ce qu’ils ont décrit comme « un besoin urgent d’assurer la sécurité des communautés juives européennes, et notamment des synagogues, des écoles, des cimetières et d’autres institutions. » Ils ont appelé les Etats-Unis et les organisations internationales à continuer à documenter et à dénoncer les incidents antisémites.