Israël en guerre - Jour 588

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Un projet pour séparer Israël des Palestiniens, pas un plan de paix

Amos Yadlin et l'INSS exhortent Israël à prendre des mesures indépendantes pour rester "juif, démocratique, sûr et éthique" et éviter la "menace existentielle" d'un État binational

Judah Ari Gross est le correspondant du Times of Israël pour les sujets religieux et les affaires de la Diaspora.

Amos Yadlin prend la parole lors d'une conférence organisée par IsraPresse pour la communauté francophone au Menachem Begin Heritage Center, Jérusalem, le 22 février 2015. (Hadas Parush/Flash90)
Amos Yadlin prend la parole lors d'une conférence organisée par IsraPresse pour la communauté francophone au Menachem Begin Heritage Center, Jérusalem, le 22 février 2015. (Hadas Parush/Flash90)

Après deux années de recherches et de consultations avec des personnalités du Moyen-Orient, un groupe de réflexion israélien de premier plan a présenté lundi un plan d’action global visant à séparer Israël des Palestiniens. Ce plan pourrait conduire Israël à rester un « État juif, démocratique, sûr et éthique » – s’il agit assez rapidement – selon le major général (de réserve) Amos Yadlin, l’un des principaux auteurs du projet.

Le postulat principal de la proposition de 121 pages est qu’Israël, par inertie et par manque de volonté politique, est en passe de devenir un État binational sans majorité juive absolue, ce qui pourrait signifier la fin d’Israël en tant qu’État juif ou démocratique.

Un des principaux arguments du plan est qu’Israël est plus fort qu’il ne l’a jamais été et que les « étoiles se sont alignées » pour donner à Israël une capacité sans précédent de façonner son propre avenir.

« Il y a une fenêtre de tir qui n’a jamais existé auparavant », a déclaré M. Yadlin, qui dirige l’Institut d’études de sécurité nationale [Institute for National Security Studies – INSS], qui a conçu le plan.

Le président américain Donald Trump accueille le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à la Maison Blanche, le 5 mars 2018 à Washington (Crédit : AFP PHOTO / Mandel NGAN)

Cette opportunité existe grâce à un contexte particulier : l’affaiblissement de l’Autorité palestinienne (AP), la diminution de l’antipathie à l’égard d’Israël dans les pays arabes du Moyen-Orient, et une administration américaine considérée comme favorable à Israël qui doit présenter son propre plan de paix dans un futur proche.

Toutefois, M. Yadlin a averti que cette fenêtre pourrait se refermer d’ici deux à six ans, avec l’élection d’un autre président américain ou d’autres changements géopolitiques sur la scène internationale. Israël devrait donc profiter de la situation tant que c’est possible.

Selon Yadlin, Israël doit faire face à deux menaces existentielles : un Iran nucléaire et un État binational.

« Concernant la menace nucléaire iranienne, Israël a une stratégie. Mais pour la menace d’un seul État, Israël n’a pas de stratégie », a déclaré M. Yadlin au Times of Israel dans son bureau de l’INSS sur le campus de l’Université de Tel Aviv, avant la présentation de la proposition.

« Je ne suis pas hystérique comme [l’ancien secrétaire d’État américain] John Kerry, qui affirmait que si nous ne résolvons pas le problème cette année ou cette semaine, il n’y aura pas d’autre moment, mais je pense que nous devons nous fixer un objectif et commencer à travailler en ce sens », a-t-il dit.

Le document de l’INSS, intitulé « Strategic Framework for the Israeli-Palestinian Arena », adopte une approche délibérément indépendante pour aborder le conflit. Il ne considère que les meilleurs intérêts d’Israël et ne propose que des mesures que l’État juif pourrait prendre – indépendamment de la coopération des Palestiniens.

« Nous ne pouvons pas attendre qu’un messie palestinien vienne faire la paix avec nous, car cela n’arrivera pas. Et nous ne pouvons pas attendre le Messie qui nous donnera une nette majorité juive du Jourdain à la Méditerranée. Nous devons le faire nous-mêmes. C’est ça, le sionisme », a dit M. Yadlin.

Les fidèles musulmans prient à proximité du Dôme du rocher et de la mosquée Al-Aqsa sur le mont du Temple de Jérusalem pendant les premières prières du vendredi du mois du Ramadan, le 18 mai 2018 (Crédit : AFP Photo/Ahmad Gharabli)

Le plan ne prend pas en compte la bande de Gaza et ne concerne que la Cisjordanie.

Il n’aborde pas non plus la question de Jérusalem et sa partie orientale, revendiquée par les Palestiniens pour leur future capitale et qu’Israël refuse d’abandonner.

Selon cette proposition, Israël créerait une « entité » palestinienne contiguë sous le contrôle de l’Autorité palestinienne, comprenant environ 65 % de la Cisjordanie. Des avantages économiques importants seront accordés à l’AP, de préférence par les pays arabes et la communauté internationale, afin de la maintenir à flot tout en améliorant la vie quotidienne des Palestiniens.

Les grands blocs d’implantation israéliens – ceux qui se situent autour de Jérusalem en Cisjordanie centrale ainsi que la ville d’Ariel dans le nord – resteraient en Israël, et la construction s’y poursuivrait donc sans problème. Toutefois, la construction dans les implantations plus éloignées serait interrompue afin de laisser ouverte l’option d’une solution à deux États, a expliqué M. Yadlin.

L’armée israélienne et le service de sécurité du Shin Bet conserveraient un accès total aux villes palestiniennes et aux villes de Cisjordanie afin de combattre le terrorisme et d’empêcher des flambées de violence.

Les forces de sécurité en uniforme de l’Autorité palestinienne à Hébron, dans le secteur contrôlé par Israël, le 31 juillet 2018 (Crédit : Wafa)

Les Palestiniens ne pourront pas non plus disposer d’une armée autonome ou d’une autre force militaire d’envergure. Israël continuera par ailleurs à contrôler l’espace aérien au-dessus de la Cisjordanie. L’État hébreu maintiendra également une présence dans la vallée du Jourdain afin d’empêcher les Palestiniens de faire entrer clandestinement des armes dans le pays par la frontière orientale.

Interrogé sur la façon dont les Palestiniens sont censés accepter une situation dans laquelle ils ne jouiront pas de tous les droits souverains des autres pays, M. Yadlin a répondu que l’INSS « a pour mission d’aborder ce que serait un État d’Israël et moins ce que serait un État palestinien ».

Il a reconnu que cela signifierait « par définition un sous-État » mais a déclaré que l’alternative était simplement « inacceptable » pour Israël.

La droite est tombée amoureuse du statu quo. La gauche est tombée amoureuse d’une paix irréalisable

Bien sûr, le plan de l’INSS suppose que le gouvernement israélien souhaite le promouvoir, ce qui exigerait des compromis et des changements de la part de tous les partis présents sur l’échiquier politique israélien.

« La droite est tombée amoureuse du statu quo. La gauche est tombée amoureuse d’une paix irréalisable, à laquelle je ne suis pas opposée – je suis tout à fait pour – mais qui n’arrivera jamais. Faisons donc ce que nous pensons pouvoir et devoir faire », a déclaré M. Yadlin.

« Mais je pense que la plupart des Israéliens acceptent mon point de vue », a-t-il ajouté, citant un sondage qui a révélé qu’une majorité d’environ 80 % des Israéliens sont favorables à la séparation d’avec les Palestiniens et qu’environ 60 % soutiennent une solution à deux États.

Les gros bonnets

Les auteurs de l’étude sont : Yadlin, qui était auparavant à la tête du renseignement militaire et qui aurait été le ministre de la Défense de l’Union sioniste en 2015 si le parti de centre-gauche avait remporté les élections ; Udi Dekel, ancien brigadier général de Tsahal et chef des négociations à la Conférence d’Annapolis en 2007 sous le mandat de l’ancien Premier ministre Ehud Olmert ; et Kim Lavi, assistante de recherche.

Dix autres membres de l’INSS ont contribué au texte, et des dizaines de chercheurs externes, d’anciens négociateurs, d’anciens responsables de la défense et de la politique étrangère ont été consultés et ont participé à la conception du plan.

L’ancien chef d’état-major de Tsahal Benny Gantz prend la parole lors de la Conférence sioniste mondiale annuelle, à Jérusalem, le 2 novembre 2017. (Miriam Alster/FLASH90)

Parmi eux figurent les anciens chefs d’état-major de Tsahal, Benny Gantz et Gabi Ashkenazi, l’ancien ministre de la Défense Moshe Yaalon, l’ancien conseiller pour la sécurité nationale Giora Eiland, l’ancien ministre Dan Meridor et l’ancien ambassadeur américain en Israël Dan Shapiro.

Leurs noms n’apparaissent pas sur le document, pas plus que ceux d’un certain nombre d’autres anciens responsables qui ont demandé à ne pas être cités.

L’INSS est considéré comme l’un des premiers groupes de réflexion d’Israël. De nombreux anciens hauts fonctionnaires y ont travaillé en tant que boursiers et chercheurs.

M. Yadlin a affirmé que le projet n’est pas du tout lié à ses opinions politiques personnelles ou à celles d’autres contributeurs. Il a ajouté que les propositions ne sont pas non plus une sorte de plaidoyer.

« Cette étude n’a rien à voir avec le fait qu’en 2015, j’étais le candidat de l’Union sioniste au poste de ministre de la Défense », a-t-il dit.

« La proposition présentée lundi est un travail d’enquête universitaire. Si un groupe de pression, un parti politique ou mieux encore, le Premier ministre adoptait ce plan, ce serait suffisant. Mais c’est notre travail d’ouvrir le débat au public et aux décideurs. C’est la vocation d’un groupe de réflexion », a déclaré M. Yadlin.

Bien qu’il n’ait été présenté officiellement que lundi par l’INSS, le plan a déjà été montré aux hauts fonctionnaires du gouvernement et aux chefs des principaux partis politiques.

« Certains ont aimé, d’autres moins, certains ont dit qu’ils l’adopteraient à un moment ou à un autre », a-t-il dit.

Il a également été présenté aux représentants du gouvernement américain, aux dirigeants arabes et aux responsables palestiniens afin de mesurer les réactions et d’obtenir des suggestions.

Lorsque cela a été possible, Yadlin s’est rendu directement chez des responsables arabes ; pour les cas où les Israéliens ne pouvaient entrer librement dans le pays, un intermédiaire américain a été sollicité.

Le modèle « Waze »

La proposition de l’INSS réfute l’idée qu’il n’y a qu’une seule bonne façon de procéder afin d’atteindre l’objectif d’un Israël qui soit séparé des Palestiniens, et adopte un modèle semblable à Waze, a expliqué Yadlin qui a fait référence à la célèbre application mobile de navigation GPS.

« Il y a un certain nombre de chemins différents pour atteindre le même but. Si l’un ne fonctionne pas, nous passons à un autre – comme Waze », a-t-il expliqué.

Selon Yadlin, la faculté d’adaptation est l’une des principales différences entre son plan et ceux proposés par d’autres tout au long du conflit israélo-palestinien qui dure depuis des décennies.

« Nous avons examiné 12 propositions et nous les avons regroupées en un seul plan, qui, à notre avis, est le seul réaliste pour atteindre ce qu’Israël désire à notre avis : une majorité juive forte, un pays démocratique, une nation sûre et un pays qui redevienne celui qui a raison et qui est éthique, » a-t-il dit.

Il y a un certain nombre de chemins différents pour atteindre le même but. Si l’un ne fonctionne pas, nous passons à un autre – comme Waze.

M. Yadlin a déclaré que bien qu’il soit convaincu que le plan réussira à atteindre cet objectif, il estime qu’il est peu probable qu’il aboutisse à un accord de paix avec les Palestiniens, du moins à court terme.

« Un accord [avec les Palestiniens] serait la « voie royale », a-t-il dit, en utilisant un terme hébreu qui signifie « l’option idéale ».

« Mais sur la base d’une analyse approfondie que nous avons menée, les chances de parvenir à un accord sont faibles. Cela sera prouvé, je pense, lorsque Trump présentera son plan », a déclaré M. Yadlin, qui mentionnait une proposition très discutée rédigée par le gendre et conseiller du président américain Donald Trump, Jared Kushner, et par le conseiller du président pour les négociations internationales, Jason Greenblatt.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu (2e à partir de la droite) reçoit à son bureau de Jérusalem l’ambassadeur d’Israël aux États-Unis, Ron Dermer (à droite), le conseiller de la Maison Blanche Jared Kushner (au centre), l’ambassadeur des États-Unis en Israël, David Friedman (à gauche) et l’envoyé spécial Jason Greenblatt (deuxième à gauche), le 22 juin 2018. (Haim Zach/GPO)

L’administration américaine a déclaré que sa proposition de paix – qualifiée par Trump d’“accord du siècle” – est rédigée et prête, et sera présentée dans les mois à venir.

L’ancien chef des services de renseignement a déclaré qu’il pense que le plan américain, qu’il s’attend à voir échouer, sera présenté après les élections de mi-mandat américaines et les élections nationales israéliennes, qui sont actuellement prévues pour novembre 2019, mais qui pourraient se tenir plus tôt si le gouvernement est dissous.

Bien que Yadlin anticipe l’échec des négociations de paix directes, Israël « doit encore essayer. Et si cela ne marche pas, nous opterons pour un accord intérimaire. Et ensuite, nous agirons de manière indépendante », a-t-il précisé.

« Les gens pensent qu’ « indépendant » signifie « unilatéral ». Ce n’est pas unilatéral. C’est indépendant et coordonné avec les Américains et les Arabes. Et une fois que les Palestiniens comprendront que le temps ne joue pas en leur faveur, qu’ils n’ont pas de droit de veto sur les procédures, je suis convaincu qu’ils reprendront le processus [de paix] », a indiqué Yadlin.

Un résident de l’implantation de Netzarim accuse les soldats, venus l’évacuer de chez lui, d’avoir trahi les valeurs juives lors du désengagement de Gaza. Le 22 août 2005. (Photo par Flash90).

Il a souligné que cela ne signifierait pas une action unilatérale comme Israël l’avait fait lors du désengagement de 2005, qui a vu l’expulsion douloureuse de toutes les implantations et de tous les postes militaires de la bande de Gaza.

Beaucoup en Israël considèrent cet épisode comme un échec politique qui a engendré la crise actuelle dans l’enclave palestinienne.

« Contrairement au désengagement, la sécurité restera entre les mains d’Israël, il n’y aura pas d’évacuation de toute la région, les implantations ne seront pas démantelées et nous ne reviendrons pas à la « Ligne verte », c’est ce qui est écrit dans le plan de l’INSS qui évoque les frontières de la Cisjordanie d’avant 1967.

L’alignement des étoiles

M. Yadlin a déclaré que sa proposition était réalisable en raison d’une convergence des événements dans le monde qui donne à Israël une excellente position dans ses négociations avec les Palestiniens.

« On peut penser que le Saint Béni soit-Il nous écoutera et nous donnera ce que nous demandons, alors demandons-le », a-t-il ajouté en faisant une allusion humoristique à Dieu.

Au cours des deux dernières années, l’administration Trump s’est clairement positionnée du côté d’Israël – en déplaçant l’ambassade des États-Unis à Jérusalem et en réduisant le financement à la cause palestinienne -, et elle a globalement « apprécié le discours et les intérêts israéliens », a-t-il ajouté.

Cela contraste avec l’administration précédente, que Yadlin qualifiait de « très problématique » pour Israël.

Les Arabes sont prêts à aller là où ils n’étaient pas prêts à aller avant

Par ailleurs, les pays arabes du Moyen-Orient se rangent de plus en plus du côté d’Israël pour combattre l’Iran. En outre, leur soutien aux Palestiniens, qui dure depuis des décennies, commence à faiblir.

« Ce n’est pas que ce ne soit pas important pour eux, mais le temps où les Palestiniens décident, et où les Arabes les suivent est révolu », a dit Yadlin. « Les Arabes sont prêts à aller là où ils n’étaient pas prêts à aller auparavant. »

De plus, les Palestiniens se rendent progressivement compte qu’ils n’ont plus le pouvoir qu’ils avaient autrefois, selon M. Yadlin.

« Ce que nous essayons d’expliquer aux Palestiniens, c’est qu’ils ont écouté trop attentivement John Kerry, qui leur a fait croire qu’Israël serait perdant si un accord ne pouvait être conclu. Ils ont donc fait monter leurs exigences à un niveau que même moi qui suis un membre de l’Union sioniste, ne peut accepter » a-t-il dit.

Un émeutier palestinien utilise une fronde contre les forces de sécurité israéliennes au cours d’affrontements dans la ville de Hébron, en Cisjordanie, le 8 décembre 2017 (Crédit : Hazem Bader/AFP)

M. Yadlin a également minimisé les risques de voir les Palestiniens de Cisjordanie relancer une violence active et généralisée contre Israël. Il a affirmé que cette possibilité existe déjà aujourd’hui, avant la parution de sa proposition.

« Je pense qu’ils seront encore moins motivés pour recourir à la violence parce qu’ils ont beaucoup à y gagner – territoire, développement des infrastructures, avantages économiques », a-t-il fait remarquer.

Le plan de l’INSS prépare également à la possibilité que Donald Trump ne soit pas réélu en 2020 et qu’une nouvelle administration, potentiellement plus hostile, prenne sa place et annule les politiques du président américain actuel.

« Avec cela, nous nous attendons à un soutien de la part de l’administration, du Sénat américain, de la communauté internationale, des Arabes et peut-être même des Palestiniens – il serait très difficile de faire machine arrière », a conclu Yadlin.

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