Un projet scolaire pour honorer les victimes de la Shoah dépasse son objectif
Le projet qui a commencé il y a 9 ans dans une école de Boston veut rappeler les 6 millions de Juifs et les 5 millions d’autres assassinés par les nazis
BOSTON (JTA) – Un projet scolaire commencé il y a neuf ans pour commémorer les victimes de la Shoah a dépassé son objectif improbable de collecter 11 millions de timbres, qui représentent les vies des six millions de Juifs et des cinq millions d’autres victimes.
Vendredi, à la veille de Yom Kippour, un bénévole du Projet timbres et Shoah de l’école Foxborough Regional Charter School a donné quelque 7 000 timbres annulés à l’école, portant le total de timbres collectés à 11 011 979, selon Jamie Droste, conseillère en charge de la vie scolaire de l’école.
Par chance, la livraison a eu lieu le jour où une équipe de la chaîne locale de NBC à Boston était présente dans l’école, située dans le sud de Boston, pour parler du projet.
Le projet a commencé il y a neuf ans dans la classe de CM2 de Charlotte Sheer, qui faisait lire à ses élèves Number the Stars (« Compter les étoiles »), une fiction historique récompensée de Lois Lowry, qui se passe pendant la Shoah. En collectant 11 millions de timbres, un timbre à la fois, Sheer voyait le projet comme un moyen de rendre tangible l’ampleur insaisissable du génocide.
Depuis ses modestes débuts de collection de quelques centaines de timbres, le projet a attiré de nombreuses associations du lycée de l’école, et des bénévoles du quartier qui ont aidé à compter et à trier les timbres.
Grâce à ce projet, les élèves ont appris l’importance d’accepter l’autre, de la tolérance et du respect de la diversité, selon Sheer et Droste, qui dirige le projet depuis que Sheer a pris sa retraite il y a cinq ans.
Au fil des ans, l’existence du projet s’est propagée dans le monde entier, avec des articles publiés dans les médias locaux, en Israël, et en Allemagne. Des timbres sont arrivés de 47 états américains et de 22 pays comme l’Australie, le Canada, le Royaume-Uni, Israël et l’Irlande. Certains sont arrivés seuls ou en petits groupes, parfois envoyés par des survivants de la Shoah ou leurs familles, et d’autres, parfois rares, ont été donnés par milliers par des collectionneurs.
Dans le cadre du projet, les élèves ont transformé des milliers de timbres en 11 collages colorés méticuleusement réalisés, qui racontent un thème lié à la Shoah. L’objectif est de terminer 18 collages, a indiqué Droste. Ils ont été exposés pendant les programmes de commémoration de la Shoah.
Les quelque 1 300 élèves de l’école ont des origines et des cultures diverses, et beaucoup viennent de familles immigrées dont les vies sont bien éloignées des évènements de la Shoah, selon Droste. Certains viennent de pays qui ont connu la guerre ou des crises économiques, a-t-elle souligné.
« La diversité multiculturelle renforce l’école », a-t-elle dit. Seuls quelques élèves de l’école sont juifs.
Dans le climat politique actuel, les élèves connaissent la haine dans le monde, a observé Droste.
« C’est une leçon qui les touche tous. Nous devons nous concentrer sur la paix et sur ce qui est bon, et ne jamais oublier les vies que l’intolérance a emportées », a-t-elle dit.
Le projet a obtenu au printemps dernier une récompense du Conseil des relations de la communauté juive du Grand Boston à l’occasion de la commémoration de Yom HaShoah.
Droste a indiqué qu’elle espérait que les collages et la collection pourraient être exposés de manière permanente dans une institution.