Un responsable israélien nie tout désaccord avec Washington sur la guerre contre le Hamas
Le responsable prévient que la pression pourrait augmenter pour obtenir davantage d'aide à Gaza, mais nie que le blocage soit le fait d'Israël et souligne que les dernières évaluations ne montrent pas de risque sanitaire à Gaza
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.
Un haut responsable israélien a démenti dimanche l’idée de plus en plus répandue selon laquelle il y aurait un désaccord entre Jérusalem et Washington au sujet de la poursuite par Tsahal de sa guerre contre le Hamas dans la bande de Gaza.
« Les États-Unis soutiennent à 100 % nos objectifs de guerre, tant en public qu’en privé », a affirmé le haut fonctionnaire israélien au Times of Israel lors d’un briefing.
Le haut fonctionnaire israélien a également défendu les opérations de Tsahal dans le sud de la bande de Gaza, expliquant qu’elles se déroulaient dans des zones très spécifiques, contrairement à ses opérations dans le nord de Gaza. L’armée avait invité les civils à évacuer vers la zone de sécurité d’al-Mawasi sur la côte sud-ouest, vers Rafah plus au sud ou vers l’un des 150 abris reconnus par la liaison militaire avec les Palestiniens.
Les groupes de défense des droits de l’homme ont rejeté ce mode opératoire, arguant que les civils restaient la cible de tirs même après avoir été évacués et que Tsahal n’avait pas encore émis de directives permettant aux civils de retourner dans les zones qu’ils avaient été appelés à évacuer, réduisant ainsi la quantité de territoire disponible pour une population de 2,3 millions d’habitants.
Le haut fonctionnaire israélien a souligné les « conditions incroyablement difficiles » auxquelles sont confrontées les troupes de Tsahal, car le Hamas se cache parmi les civils et utilise des tunnels, ce qui crée des conditions de combat dans les zones urbaines très différentes des conditions de combat classiques.
Les États-Unis se seraient néanmoins montrés conciliants en privé et le message de Washington serait plus nuancé à huis clos, a insisté le haut responsable israélien.
« Nous sentons clairement le soutien à tous les niveaux », a déclaré le responsable, rappelant le veto américain à une résolution « hostile » au Conseil de sécurité de l’ONU le week-end dernier, qui appelait à un cessez-le-feu immédiat dans la bande de Gaza sans condamner le Hamas. « Le soutien que les États-Unis nous ont apporté est tout simplement extraordinaire. »
« Le ministre Gallant et le secrétaire d’État Austin ont des échanges permanents et la transparence est totale entre eux », a déclaré le haut fonctionnaire, en faisant aussi référence aux chefs d’état-major israélien et américain, qui, au début de la guerre, se parlaient quasi-quotidiennement, et ont maintenu leurs échanges à des conversations bi-hebdomadaires.
Il a en outre déclaré que la durée de la phase actuelle de la guerre était « moins liée au temps qu’aux résultats obtenus sur le terrain. Nous devons atteindre certains objectifs avant de pouvoir passer à la phase suivante ».
En ce qui concerne les plans d’après-guerre, le représentant reconnaît qu’Israël n’en est qu’à ses débuts : « Mais nous savons que ce ne sera ni Israël ni le Hamas qui gouverneront Gaza. Nous n’avons aucune intention de réoccuper Gaza. »
« C’est un point de départ très important, et la suite se fera à partir de ce point », a précisé le haut responsable israélien.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a affirmé qu’Israël créerait une zone tampon ainsi qu’un contrôle global de la sécurité à Gaza, ce qui fait craindre à certains à Washington qu’il ne jette les bases d’une réoccupation israélienne permanente de la bande de Gaza. Les responsables israéliens ont affirmé qu’ils seraient en mesure de maintenir le contrôle sur la bande de Gaza sans nécessairement avoir besoin de troupes sur le terrain.
Par ailleurs, Jérusalem pourrait subir une pression accrue de la part des États-Unis dans les semaines à venir en ce qui concerne la quantité d’aide humanitaire entrant dans la bande de Gaza, a poursuivi le haut fonctionnaire israélien au Times of Israel. Washington fait pression pour que l’aide dépasse les quelque 200 camions qui entraient chaque jour dans la bande de Gaza pendant une trêve de sept jours le mois dernier. Le volume a diminué depuis, avec seulement 100 camions entrant dans la bande de Gaza dimanche, selon l’ONU.
Mais ce ralentissement n’est pas dû à Israël, qui a inspecté des centaines de camions chaque jour, a affirmé le haut fonctionnaire israélien, arguant que l’assistance a été ralentie en raison des efforts du Hamas pour voler l’aide et l’empêcher d’atteindre les civils.
Le COGAT, l’organe de liaison militaire, a également reproché à l’ONU et à l’Égypte de ne pas suivre les niveaux d’aide approuvés par Israël pour Gaza, ajoutant qu’il avait mis en place des pauses tactiques et des couloirs humanitaires pour assurer l’acheminement de l’aide en toute sécurité.
Les acteurs internationaux ont rejeté ces accusations, insistant sur le fait que la distribution de l’aide n’est pas viable en pleine la campagne militaire israélienne en cours à Gaza, qui se concentre désormais davantage sur le sud, près de l’endroit où l’aide est censée entrer et être distribuée à plus d’un million de Palestiniens déplacés.
Le responsable israélien a ajouté que la dernière évaluation des forces israéliennes n’avait pas révélé de risque d’épidémie imminente à Gaza, même si la question continue d’être surveillée de près.
Le chef de l’Organisation mondiale de la santé, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a toutefois déclaré dimanche qu’il existait des « signaux inquiétants de maladies épidémiques » à Gaza dans le cadre des combats en cours.
Tedros a déclaré au conseil exécutif de l’OMS que des « conditions idéales » étaient créées pour la propagation des maladies dans l’enclave. « En moyenne, il y a une douche pour 700 personnes et une toilette pour 150 personnes », a-t-il déclaré, soulignant les niveaux élevés de diarrhée sanglante, de jaunisse et d’infections respiratoires.