Un responsable saoudien : Pas de coopération avec Israël tant que « la Palestine est occupée »
Selon l’ancien chef des renseignements, le prince Turki, Netanyahu ne « devrait pas propager de fausses informations » sur un accord tacite avec les Etats sunnites concernant le radicalisme islamique
Elhanan Miller est notre journaliste spécialiste des affaires arabes

Londres – Niant les récentes allégations du Premier ministre Benjamin Netanyahu au sujet d’une nouvelle ère dans les relations entre Israël et les Etats arabes sunnites, un ancien haut responsable saoudien déclare au Times of Israel qu’aucune coopération israélo-arabe ne peut exister tant que le conflit avec les Palestiniens n’est pas résolu.
S’exprimant lors d’un événement organisé par le King College de Londres et l’Université de Georgetown, intitulé « Que doit faire le monde au sujet de l’Etat islamique et du défi de l’extrémisme violent ? », le prince Turki al-Faisal, chef des renseignements de l’Arabie saoudite jusqu’en 2001, puis ambassadeur au Royaume-Uni et aux États-Unis, dit qu’il n’y aura pas de coopération entre l’Arabie saoudite et Israël « tant que la Palestine sera occupée par Israël ».
« Dites à M. Netanyahu de ne pas propager de fausses informations », déclare Faisal au Times of Israel lors d’un panel jeudi, lorsqu’il a été prié de répondre aux allégations de Netanyahu sur un « changement de cap » dans les relations d’Israël avec les Etats arabes sunnites suite à la hausse du radicalisme islamiste dans les pays arabes voisins.
« Tant que la Palestine est occupée par Israël, il n’y aura pas de coopération entre l’Arabie saoudite ou les Etats sunnites et Israël. Ceci [la question palestinienne] est le principal problème pour nous tous dans notre relation avec Israël », a-t-il dit.
Faisal a déclaré qu’il était contrarié par l’utilisation de Netanyahu du terme « Etats sunnites », juxtaposé à l’Iran chiite.
« Les qualifier d’Etats sunnites est une erreur », dit-il. « L’Arabie saoudite a une minorité chiite importante ; tous les Etats du Golfe ont des minorités chiites considérables. »
Faisal a dit plus tard au Times of Israel qu’il n’y avait « aucune alternative que le pessimisme » vis-à-vis de Netanyahu, qui a refusé de discuter de l’Initiative de paix arabe rédigée par l’Arabie saoudite en 2002 et approuvée par la Ligue arabe cinq ans plus tard.
Le roi saoudien Salman a demandé au président américain Barack Obama, jeudi, de mettre fin aux « attaques israéliennes » sur le mont du Temple, demandant que la question soit portée devant le Conseil de sécurité de l’ONU « pour protéger le peuple palestinien ».
D’autres dirigeants arabes, dont le roi Abdallah II de Jordanie et le président Abdul Fattah el-Sissi d’Egypte, ont publiquement exprimé des préoccupations similaires sur la violence à l’intérieur et autour du mont du Temple.
Lors de sa présentation au Collège, Faisal a également exprimé sa déception devant la gestion d’Obama de la crise en Syrie et la montée de l’État islamique en Syrie et en Irak, indiquant que le président américain n’avait pas la « colonne vertébrale » adaptée pour faire face à la détérioration de la situation dans la région.
« Obama a montré qu’il veut préserver une présence américaine minimaliste dans la région. Voilà sa politique, et nous ne pouvons rien dire d’autre, hormis que nous devons concevoir d’autres solutions afin de soutenir cette politique », a déclaré Faisal.
« Fondamentalement, ce qu’il faut est une épine dorsale pour faire face à une situation qui a dépassé la frontière de l’acceptabilité. Plus de 300 000 personnes ont été tuées, 99 % d’entre elles par le régime d’Assad, et pourtant il continue à rester au pouvoir. Cela est inacceptable. »
Faisal a suggéré de convoquer une conférence internationale avec des représentants de l’ensemble de la population syrienne, sous les auspices de la Ligue arabe et de l’ONU, comme « une alternative au régime sanguinaire actuel de Bashar el-Assad ».