Un sit-in organisé au siège de l’ONU pour la libération des otages
Plus de 130 manifestants, dont des enfants, assis au sol, les yeux bandés, ont interrogé Antonio Guterres : "Que se passerait-il si le Hamas enlevait vos proches ?"
NEW YORK – Un mois après le massacre perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre en Israël, des manifestants se sont assis devant le siège des Nations unies à New York pour attirer l’attention sur les 240 otages de 40 pays différents toujours détenus par le Hamas à Gaza.
La manifestation était organisée par la section new-yorkaise du Forum des familles d’otages et des disparus, une organisation bénévole créée par des citoyens israéliens pour plaider en faveur du retour des otages. Plus de 130 manifestants, dont des enfants âgés d’à peine quatre ans, se sont assis sur le sol, les yeux bandés, et ont chanté calmement en tenant une grande pancarte sur laquelle on pouvait lire : « Secrétaire Guterres, et si le Hamas enlevait vos proches ? »
Depuis un mois que le Hamas a emmené des otages à Gaza, les défenseurs de leur libération affirment que leurs demandes ont été enterrées et politisées. Dans le monde entier, les affiches montrant les visages des kidnappés ont été arrachées, et le fil de l’actualité s’est depuis longtemps éloigné du massacre sanglant perpétré par les terroristes, dans le sud d’Israël, tuant plus de 1 400 personnes – en grande partie des civils, y compris des familles entières.
Omer Lubaton-Granot, responsable du Forum des familles à New York, a déclaré que le rassemblement avait pour but d’appeler à un soutien plus fort de la part de la communauté internationale. S’exprimant lors de l’événement, il a déclaré que des membres de sa propre famille avaient été enlevés et assassinés.
« Je pense que nous avons l’impression que le soutien de la communauté internationale, et en particulier des Nations unies, n’est pas aussi fort que nous l’aurions espéré alors que nous sommes confrontés à la plus grande prise d’otages de tous les temps. Et que des bébés, des personnes âgées, des femmes et des civils sont retenus en otage par un groupe terroriste dont l’intention et la cruauté sont bien connues », a-t-il déclaré au Times of Israel.
À la question de savoir si le Forum des familles d’otages et des disparus avait des demandes politiques spécifiques, Lubaton-Granot a répondu que « l’ONU dispose de nombreux outils pour négocier, jouer un rôle de médiateur, faire pression ou obtenir un effet de levier sur le Hamas ».
« Et je ne me soucie pas de la voie qu’ils choisissent ». Il a appelé l’ONU à utiliser toutes les stratégies militaires, diplomatiques ou économiques possibles pour ramener les otages sains et saufs.
L’assaut du Hamas et la riposte militaire d’Israël ont créé une tempête politique aux États-Unis et à l’étranger. Les manifestations pro-palestiniennes et pro-Israël s’affrontent, et l’on assiste à une montée des discours de haine et des agressions antisémites et islamophobes aux États-Unis.
Le 6 novembre, un homme juif d’une soixantaine d’années est décédé après avoir été blessé à la tête la veille lors d’un rassemblement pro-palestinien à Los Angeles ; le bureau du shérif a ouvert une enquête pour déterminer s’il s’agissait d’un homicide et n’a pas exclu la possibilité d’un crime de haine. Le mois dernier, un garçon américano-palestinien de 6 ans a été tué dans l’Illinois ; le Département de la Justice enquête sur un possible crime de haine.
« Il y a pour ainsi dire deux camps en ce moment, chacun s’inscrivant dans des agendas politiques : cessez-le-feu et ‘Palestine libre’ contre libération des otages et pro-Israël », a déclaré Naama Keha au Times of Israel.
Keha est une réalisatrice israélienne installée à New York qui a participé à l’organisation de la manifestation devant le siège de l’ONU. Elle est également co-créatrice d’une nouvelle plateforme numérique pour le Forum des familles d’otages et des disparus, appelée « One Min a Day », qui permet aux Américains d’appeler chaque jour leurs élus pour exiger la libération des otages.
« Je pense qu’une fois que la question est politisée, nous sommes tous perdants. Parce que nous ne pouvons plus ressentir la compassion la plus élémentaire pour des personnes innocentes », a déclaré Keha.
D’autres participants ont convenu que le monde négligeait le massacre du 7 octobre et le drame des otages, alors que le bilan humain à Gaza ne cesse d’augmenter.
Les autorités sanitaires de Gaza, contrôlées par le Hamas, affirment que les représailles israéliennes auraient fait 10 328 morts.
Les chiffres publiés par le groupe terroriste ne peuvent pas être vérifiés de manière indépendante, et ils incluraient ses propres terroristes et hommes armés, tués en Israël et à Gaza, et les civils tués par les centaines de roquettes tirées par les groupes terroristes qui retombent à l’intérieur de la bande de Gaza.
Charlene Frank, une retraitée juive américaine qui milite désormais à plein temps, a déclaré qu’elle soutenait la demande d’aide humanitaire pour les habitants de Gaza, mais qu’elle pensait que la prise d’otages était ignorée, un sentiment partagé par d’autres progressistes juifs américains.
« J’ai des amis de Gaza qui ont dû partir – nous avons dû les aider à évacuer – parce que le groupe terroriste avait mis des contrats sur leurs têtes parce qu’ils travaillaient avec un groupe pacifiste israélien », a-t-elle déclaré. L’un d’entre eux vit désormais en Belgique, « mais il est terrifié. Il ne peut pas entrer en contact avec sa famille à Gaza », a déclaré Frank au Times of Israel. Elle a déclaré que les progressistes ignoraient le sort des otages.
« Je me suis battue pour les immigrés, j’ai travaillé dans les camps de Matamoros, au Mexique. J’ai participé à toutes les marches de Black Lives Matter. Et personne ne marche avec moi [pour libérer les otages]. Cela me rend vraiment triste, parce que j’ai marché avec tout le monde « , a déclaré Frank.
Shany Granot-Lubaton, qui est mariée à l’organisateur du Forum des familles d’otages de New York, a été un visage constant lors des manifestations israéliennes contre la refonte judiciaire du gouvernement au cours des dix derniers mois. En tant que l’un des leaders du mouvement pro-démocratie à New York, elle avait organisé des manifestations avec le groupe UnXeptable. Mais tout a changé le 7 octobre.
« Nous pensions que la chose la plus fondamentale pour laquelle nous nous battions était la démocratie pour Israël, et maintenant nous avons l’impression que la chose la plus fondamentale est en réalité notre existence même », a déclaré Granot-Lubaton. « Beaucoup de ceux qui ont été pris en otage font partie du mouvement pro-démocratie en Israël. Des leaders du mouvement pro-démocratie, des combattants pour la paix. »
À l’instar du mouvement de protestation en Israël, la branche new-yorkaise a décidé de rediriger tous ses efforts vers l’aide aux Israéliens touchés par la guerre dans leur pays. Granot-Lubaton a appelé les Nations unies à consacrer davantage d’efforts humanitaires et politiques aux otages.
« Je ne suis pas une spécialiste des otages, mais eux le sont. Nous attendons d’eux qu’ils trouvent des solutions par l’intermédiaire du Qatar, de l’Égypte et de la Croix-Rouge », a déclaré Granot-Lubaton.
« Le temps est compté », a déclaré son mari, Omer.
« Chaque jour est crucial. »