Un soldat blessé raconte son long combat contre les terroristes, sans aide ni soins
Blessé par balle à la jambe, Itai dit que son escouade de 9 hommes - 7 blessés - a repoussé les terroristes armés de lance-roquettes et grenades jusqu'à l'arrivée des secours
Soldat des forces spéciales de la brigade Nahal de Tsahal, Itai sait qu’il est arrivé en hélicoptère au centre hospitalier Hadassah d’Ein Kerem, à Jérusalem, le 7 octobre dernier, mais il ne se souvient pas du trajet.
« Ils m’ont donné des analgésiques, ça a dû m’assommer », explique Itai, dont le nom de famille est gardé secret par l’armée, en racontant sa lutte contre les terroristes du Hamas le matin de l’assaut massif de l’organisation sur le sud d’Israël.
Il s’est exprimé le 19 octobre et a raconté son calvaire aux membres d’une délégation de dirigeants juifs américains en visite pour témoigner de leur solidarité. Les parents d’Itai, Limor et Aaron, ont poussé son fauteuil roulant de sa chambre à la synagogue de l’hôpital, où il a parlé avec les délégués de la Conférence des présidents des principales organisations juives.
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Le Times of Israël a aussi écouté le soldat raconter comment lui et les huit autres soldats de son escouade ont combattu les terroristes pendant trois heures et demie, sans soutien ni direction claire de la part de leurs supérieurs.
Sept des neuf soldats ont été touchés par des éclats d’obus. Tous ont survécu. Une balle a touché le bas de la jambe d’Itai, 20 ans, et l’a brisée. Il a subi plusieurs interventions chirurgicales pour reconstruire l’os de son tibia, réparer les lésions nerveuses et recouvrir la large plaie au moyen d’une greffe de peau.
Basée à Sufa, près de l’extrémité sud de la barrière avec Gaza, l’unité d’infanterie d’Itai est chargée de garder et patrouiller le long de la barrière et réagir en cas d’activité inhabituelle.
« Ce matin-là, à 6 h 30, les gars de mon escouade se trouvaient à l’entrée de la base, à côté de notre véhicule blindé. C’était une matinée normale. Nous étions en train de parler et vérifier nos téléphones. C’est alors que nous avons entendu de fortes explosions. Cela ressemblait à des attaques au mortier très proches », se rappelle Itai.
« Nous avons crié : ‘Pluie pourpre !’ qui est le terme militaire pour désigner les bombes ou missiles entrants. Nous avons couru nous mettre à l’abri à bord de notre véhicule blindé ».
Tout le monde a pris sa place et Itai les commandes. Des ordres venus d’en haut leur ordonnent de se diriger vers le kibboutz voisin, Holit. Alors qu’Itai conduit le véhicule blindé de transport de troupes sur une route qui s’éloigne de la base, il voit soudain devant lui une silhouette vêtue de noir armée d’un lance-roquettes. Itai fait rapidement marche arrière, mais il est touché.
« Le véhicule a fait un tête-à-queue. Le moteur avait été touché et ne répondait plus. J’ai appuyé sur l’accélérateur, sans succès. Nous savions qu’il y avait un terroriste dans les parages : il fallait vite décider de la suite des événements. Entre-temps, nous avons été touchés par un autre tir de roquettes ».
Les soldats se disent qu’il n’est pas prudent de rester dans le véhicule et décident de courir se mettre à l’abri. La porte arrière s’est ouverte et ils ont tous sauté dehors. Avant-dernier à sauter, Itai tombe en atterrissant.
« À la seconde où j’ai essayé de me mettre à l’abri, j’ai reçu une balle dans la jambe. Ma jambe était engourdie, mais je n’avais pas le temps de réfléchir. J’ai marché en boitant, comme je pouvais, et j’ai réussi à me mettre à l’abri derrière notre véhicule. J’ai dit aux gars que j’avais reçu une balle dans la jambe ».
« Un membre de mon équipe a essayé de me faire un garrot, mais il n’a pas réussi parce qu’il n’avait pas de force dans son bras. Lui aussi avait reçu une balle, mais dans l’épaule. Un autre gars était en état de choc. »
Les autres soldats donnent à leur camarade blessé à l’épaule de la gaze de combat pour arrêter l’hémorragie. Ils appliquent les procédures pour ramener le soldat en état de choc à un état normal. Le garrot appliqué sur la jambe d’Itai ne fonctionne pas très bien et le sang coule toujours, mais son adrénaline lui permettait de continuer. »
« Je n’avais pas si mal que ça. L’adrénaline, c’est magique », plaisante-t-il à moitié.
Tous les soldats, même les blessés, prennent position derrière le véhicule et continuent de tirer sur les terroristes. Itai souligne que les assaillants n’étaient « pas seulement des terroristes lambda », mais des membres de l’unité commando très entraînée du Hamas, Nukhba.
À un moment donné, deux grenades atterrissent près des soldats et explosent, sans faire de victime.
La fusillade se poursuit et Itai voit arriver des motos, des tracteurs et d’autres véhicules conduits par des terroristes, à une distance d’environ 400 mètres, encore trop loin pour tirer. À un moment, deux terroristes se jettent sur eux : les soldats israéliens les criblent de balles et les tuent.
La bataille se poursuit et un membre de l’équipe reçoit une balle en pleine tête.
« J’ai remarqué qu’il s’asseyait et reculait. Nous lui avons retiré son casque. A ce moment-là, nous ne pensions pas à la mort ou à quoi que ce soit d’autre. Nous lui avons fait un bandage autour de la tête. Il marmonnait, mais il était conscient. C’était vraiment très effrayant. Nous avons fait notre possible pour qu’il reste conscient », se souvient Itai.
« Avec la radio, nous avons demandé une aide médicale et une évacuation. Ils nous ont dit que nous étions seuls, que personne ne viendrait parce que toute la barrière était attaquée et que l’armée n’était pas préparée ».
Au même moment en effet, des milliers de terroristes franchissent la barrière pour aller massacrer quelque 1 400 personnes, en grande majorité des civils, dans des communautés pacifiques proches de la bande de Gaza. Plus de 220 d’entre eux seront pris en otage et emmenés à Gaza.
Finalement, des soldats du bataillon Caracal, qui garde la frontière avec l’Égypte, arrivent à bord de deux véhicules blindés légers. Les secouristes de Caracal font le maximum pour soigner les blessés et ils se battent avec leurs compagnons. Bientôt, une ambulance avec à son bord des médecins de Caracal arrive. À ce moment-là, les tirs des terroristes sont plus sporadiques. Dix minutes plus tard, un char arrive.
« Cela nous a un peu rassurés : nous nous sommes dits que cela irait mieux désormais. Nous ne pensions pas que les terroristes allaient s’attaquer à un char », confie Itai.
Une ambulance le conduit, lui et les autres soldats blessés, au pied d’un hélicoptère de l’unité de recherche et de sauvetage de Tsahal, qui les évacue à Hadassah. Il dit être reconnaissant envers tous ceux qui l’ont pris en charge, à chacune des étapes, du champ de bataille à l’hôpital, d’avoir veillé à ce que son téléphone le suive.
« Le téléphone est important de nos jours, le mien m’a accompagné partout », dit-il en souriant.
Il l’utilise pour appeler ses parents, soulagés, qui n’avaient aucune idée de ce qui lui était arrivé depuis l’annonce de l’offensive du Hamas.
Itai se dit reconnaissant des soins reçus à Hadassah : il espère que la greffe de peau, qui s’étend de la cuisse au talon, guérira rapidement, ce qui lui permettrait de passer à la rééducation. Il ne lui reste que six mois de service mais il ignore s’il pourra reprendre.
Interrogé sur le sort des autres soldats de son unité, au-delà de son propre escadron, Itai dit que 15 ou 16 d’entre eux ont été tués. Les escouades de l’unité s’étaient déployées à trois endroits différents suite à l’attaque.
« Nous avons perdu des commandants : le chef de l’unité, le commandant en second et d’autres », confie Itai. La brigade Nahal a perdu son commandant en chef, le colonel Jonathan Steinberg, dans l’attaque.
« Nous avons beaucoup souffert parce que nous avons été les premiers touchés. Notre unité a beaucoup souffert. J’ai perdu des amis, j’ai perdu des commandants. Mais en ce moment, je suis entouré d’énormément de membres du personnel hospitalier et de gens qui viennent me parler et prendre soin de moi, donc je vais bien mentalement ».
« On verra ce qu’il en est quand le moment sera venu de rentrer à la maison », ajoute-t-il, en s’éloignant.
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