Un sondage illustre l’inquiétante montée de l’antisémitisme à Bruxelles
Une enquête Ipsos, commandée par l’institut Jonathas, révèle que plus d’un Bruxellois sur quatre déclare ressentir de l’antipathie pour la communauté juive

Les chiffres semblent particulièrement inquiétants. Un sondage glaçant de l’institut français Ipsos avance que Bruxelles serait la ville la plus antisémite de Belgique. L’étude, commandée par l’institut Jonathas, un centre d’action et d’étude contre l’antisémitisme fondé après les attentats du Hamas le 7 octobre dernier, indique que 22 % des habitants de la capitale, soit près d’un sondé sur quatre, déclare ressentir de l’antipathie pour les Juifs. Le chiffre tombe à 16 % pour la Wallonie et à 9 % pour les Flandres.
L’enquête a été menée entre le 8 et le 12 mai sur un panel de 1 000 personnes avec la même méthode que pour une consultation politique. Si on cumule les résultats au niveau national, 14 % des sondés déclarent ressentir ou afficher une antipathie pour la communauté juive. Un chiffre bien supérieur à la France, où l’Ipsos a réalisé la même étude. Dans l’hexagone, seulement 6 % de la population répond de manière similaire.
Interrogé par le quotidien La Libre, Joël Kotek, historien et président de l’Institut Jonathas, constate que « depuis la Shoah, les gens n’osent plus se dire antisémites, mais si on les interroge sur les préjugés antisémites, on se rend compte que les marqueurs sont très élevés ». À titre d’exemple, une personne sur cinq pense encore que « les Juifs sont responsables de la mort du Christ », 28 % pensent que « les Juifs ne sont pas vraiment des gens comme les autres », 38 % que « les Juifs sont trop présents dans la finance » et près d’une personne sur quatre que « les Juifs forment une race qui ne veut pas s’assimiler en Belgique ».
Dans un contexte international très tendu, le sondage s’est également intéressé à la perception de la population sur la guerre entre Israël et le Hamas. 35 % personnes interrogées considèrent que « les Juifs [pas les Israéliens] font aux Palestiniens ce que les Allemands leur ont fait subir ». Ce chiffre monte à une personne sur deux à l’extrême gauche et 60 % chez les musulmans. Pour 22 % des électeurs belges, la position des partis politiques sur ce conflit aura une influence sur leur choix lors des élections européennes, législatives et régionales du 9 juin.
Joël Kotek explique que « proportionnellement à leur nombre, les Juifs constituent les premières victimes de la violence raciste en Belgique. Je parle de violence symbolique et physique, pas de discrimination ». Pour lui, il faut ainsi « en terminer avec la politique du déni ».