Un survivant de la rave Supernova raconte sa courageuse décision
Fuyant la rave où 260 personnes ont été massacrées par le Hamas, le 7 octobre, Michael Silberberg a saisi sa chance quand il a vu des terroristes circulant sur une moto
Les deux terroristes étaient juste devant lui, sur une moto, tirant des coups de feu en direction des voitures qui circulaient. L’un d’entre eux conduisait le deux-roues, explique le quinquagénaire et l’autre était assis derrière lui, ouvrant le feu sur toutes les cibles qu’il pouvait apercevoir. L’un des deux, au moins, portait un gilet pare-balle, se souvient-il.
« Il ne m’a pas vu », raconte Michael Silberberg. Silberberg a donc pris une décision.
Lui et deux amis étaient déjà parvenus à échapper au carnage commis au festival de musique électronique Supernova, qui était organisé aux abords du kibboutz Reim, où des centaines de terroristes du Hamas, à Gaza, ont tué environ 260 personnes et pris un nombre indéterminé d’otages, qui sont actuellement retenus en captivité au sein de l’enclave côtière.
Ils ont survécu à une autre attaque, quelques minutes plus tard – deux d’entre eux se cachant dans un abri antiaérien qui se trouvait sur le côté de la route et le troisième trouvant un refuge à l’extérieur.
Ils sont repartis peu après dans la voiture de Silberberg, s’efforçant de s’éloigner du massacre, lorsqu’ils ont vu la moto.
« Je savais que soit je faisais quelque chose, soit je mourrais – ou d’autres mourraient, ou quelqu’un mourrait », dit Silberberg.
Il a donc appuyé sur l’accélérateur et il a projeté sa berline en direction de la moto.
Le tireur est mort sur le coup, dit-il. Le conducteur a survécu mais les trois amis l’ont laissé là, grièvement blessé, rampant sur la route.
« Ils étaient neutralisés », indique Silberberg.
Les hommes se sont rapidement éloignés, le véhicule très abîmé au niveau du capot, très cabossé, l’alarme poussant son cri strident et de la fumée s’échappant de partout. Ils ont conduit ainsi pendant 20 minutes et ils sont finalement arrivés chez un ami. En sécurité.
Silberberg, citoyen allemand né en Israël, dit s’être longtemps défini comme libéral, espérant une paix qui accorderait aux Palestiniens leur propre État.
« Vous voyez ce que je veux dire : ‘Tout va bien, vivons tous ensemble. Donnons-leur un territoire’. »
« Mon avis a changé. Je suis désolé – en fait, je ne suis pas désolé », ajoute-t-il, assis dans son appartement de Tel Aviv, sur le front de mer, où lui et ses deux amis sont restés après l’attaque.
« On ne peut pas faire la paix avec ces gens-là », déplore-t-il. « Ils ne veulent pas coexister avec nous. Ils veulent nous tuer ».
Le 7 octobre, en tout début de matinée, des hommes du groupe terroriste du Hamas, basé dans la bande de Gaza, avaient franchi la clôture frontalière, entrant en Israël. Le carnage qui avait suivi cette infiltration avait fait plus de 1 300 morts dans le pays, des civils dans leur vaste majorité, et 150 à 200 personnes avaient été enlevées et emmenées dans la bande. Les frappes aériennes qui ont pris pour cible des sites du Hamas, depuis, ont fait plus de 2 000 morts à Gaza, selon le ministère de la Santé dirigé par le Hamas. Israël a indiqué qu’à peu près 1 500 membres du Hamas ont été tués sur le sol israélien.
Le festival Supernova, qui s’était tenu dans les champs parsemés de bois du kibboutz Reim, tout près de Gaza, avait été l’une des premières cibles des hommes du Hamas.
Des vidéos montrent des terroristes à bord de camionnettes ou en moto, des hommes armés ouvrant le feu sur les fêtards qui tentent de fuir.
Les communautés israéliennes situées aux abords du festival ont aussi été attaquées et le Hamas a kidnappé les personnes qui se trouvaient là – soldats, civils, personnes âgées, jeunes enfants – tuant également des dizaines de personnes dans leurs habitations.
Un carnage qui a profondément traumatisé Israël, qui n’avait pas assisté à de telles effusions de sang depuis des décennies et qui n’avait jamais connu un attentat terroriste aussi meurtrier.
Les corps ont été enlevés maintenant – mais les stigmates de l’attaque restent partout dans le paysage.
Des voitures criblées de balle, un grand nombre avec les vitres brisées, sont encore visibles dans tout le secteur où la fête était organisée et sur les routes environnantes. Des vêtements sortent de valises éventrées. Une chemise de femme est encore accrochée à un arbre, où elle avait été placée pour sécher. Une paire de lunettes de soleil est encore posée sur un rebord de fenêtre. Le guichet qui vendait les billets porte des traces de tir.
« Objets trouvés », dit encore un panneau pendu à une clôture. « Zone de camping », dit un autre.
Les feuilles bougent doucement sous l’effet de la brise alors que les soldats patrouillent dans le secteur, se jetant occasionnellement au sol lorsqu’un coup de feu se fait entendre, au loin. Les forces chargées de la sécurité s’inquiètent d’une nouvelle attaque terroriste, ou que certains puissent être encore cachés dans les champs ou dans les buissons.