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Un vaccin vieux d’un siècle limite la gravité de la COVID, selon des Israéliens

Les spécialistes réclament son utilisation ; l'OMS estime qu'aucune preuve ne soutient les bénéfices du BCG contre la pandémie

Photo d'illustration d'un enfant recevant un vaccin (Crédit : Shutterstock/JTA)
Photo d'illustration d'un enfant recevant un vaccin (Crédit : Shutterstock/JTA)

Un vaccin utilisé depuis presque un siècle limiterait la propagation et la gravité du coronavirus, ont affirmé les biologistes israéliens après avoir étudié les données de presque deux tiers de la population mondiale.

En prenant la défense du vaccin bilié de Calmette et Guérin (BCG), ces chercheurs s’opposent frontalement au positionnement adopté par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).

L’équipe de Nadav Rappoport affirme ainsi que trois décennies après l’abandon du BCG dans de nombreux pays – Israël y compris – il faudrait réfléchir à sa réintroduction dans le cadre de la lutte contre la pandémie.

« Nous avons découvert que les pays où les taux de vaccination au BCG ont été les plus importants au cours des quinze dernières années ont eu de meilleurs résultats dans le combat contre la COVID-19 – des taux de mortalité moins élevés, moins de personnes contaminées », explique Nadav Rappoport, biologiste informatique au sein de l’université Ben-Gurion du Negev, au Times of Israel.

Le BCG – qui était principalement utilisé contre la tuberculose – avait commencé à être administré aux êtres humains il y a 99 ans. Si les chercheurs précisent bien qu’il ne saurait pas remplacer un vaccin contre le coronavirus, ils affirment que les données montrent qu’une vaccination BCG contribue à « l’atténuation de la propagation et de la gravité de la pandémie de COVID-19 ».

La co-autrice de l’étude, Michal Linial, de l’université Hébraïque, a indiqué que si l’OMS était fortement opposée au déploiement du vaccin contre le virus, son équipe estimait au contraire que les pays n’administrant pas le BCG devaient réfléchir immédiatement à le faire.

« Il n’y a rien à perdre mais beaucoup à gagner », a-t-elle dit.

Nadav Rappoport, biologiste à l’université Ben Gurion du Negev (Autorisation : Nadav Rappoport)

Rappoport, aux côtés de Linial et de deux autres biologistes de l’université Hébraïque, ont étudié les données sur l’usage du BCG en examinant, en parallèle, les taux de contamination et de propagation du coronavirus dans 55 pays, qui abritent 62,9 % de la population mondiale.

Leur travail vient s’ajouter à un nombre toujours croissant de recherches internationales examinant le potentiel du BCG dans le combat contre le coronavirus. Une nouvelle étude réalisée à l’université du Michigan estime, par exemple, que « la vaccination obligatoire au BCG peut être efficace dans la lutte contre la COVID-19 ».

Le vaccin BCG (Crédit : iStock)

Les chercheurs israéliens ont également réalisé des tests pour déterminer s’il y avait une corrélation entre le coronavirus et un éventuel autre vaccin commun – comme celui contre la rougeole et la rubéole. Ils ont établi que ce n’était pas le cas.

Linial a indiqué au Times of Israel que les résultats étaient d’autant plus frappants en observant certains pays voisins de l’Etat juif, qui sont divisés sur la politique du BCG.

Le Royaume-Uni, qui a mis un terme à la vaccination élargie au BCG en 2005, se place au troisième rang dans le monde au classement du nombre de décès consécutifs au coronavirus par million de personnes tandis que l’Irlande, où il a été inoculé jusqu’en 2015, est classé 17e. L’Espagne est 6e et a mis fin à la vaccination obligatoire en 1981, tandis que le Portugal a administré le vaccin jusqu’en 2017 et se classe 33e. Les Etats-Unis, qui n’ont pas procédé à une vaccination massive, et est classé 10e.

« Le Portugal a une longue frontière avec l’Espagne, qui a connu une situation très dure et qui connaît une autre vague en ce moment mais le Portugal, avec son économie et son système de soins médiocres, fait bien mieux contre le coronavirus », constate Linial. « Et prenons le Royaume-Uni et l’Irlande – la différence sur la question du coronavirus est énorme ».

L’OMS a rejeté le déploiement d’une vaccination au BCG pour réduire l’impact de la COVID-19, écrivant qu’il « n’y a aucune preuve que le vaccin Bacille Calmette-Guérin (BCG) offre une protection contre l’infection ».

Elle a ajouté qu’en « l’absence de preuves, l’OMS ne recommande pas la vaccination au BCG dans la prévention à la COVID-19 ».

Certains médecins rejettent également l’idée qu’il n’y aurait rien à perdre en administrant le vaccin. Le Conseil indien de recherche médicale prévoit d’inoculer le vaccin à certaines personnes âgées.

« Cela m’inquiète beaucoup », a écrit sur Twitter le docteur Madhukar Pai, directeur du McGill International TB Centre à l’université McGill de Montréal, au Canada.

Il a expliqué que « le BCG est administré à des millions de nouveaux-nés chaque année. C’est très sûr dans ce groupe. Mais le nombre de personnes âgées à qui on inocule le BCG est proche de zéro. Le BCG est un vaccin vivant. Il ne devrait pas être administré à des personnes âgées (qui peuvent avoir des comorbidités) sans données de sécurité ».

L’OMS est dans l’attente des résultats d’essais cliniques qui examinent actuellement si les personnes vaccinées réagissent mieux contre le coronavirus. Mais l’équipe de Rappaport estime que les essais basés sur des individus ne sauront pas montrer pleinement les bénéfices du vaccin, qui sont mieux décelés à l’échelle des pays.

La biologiste de l’université hébraïque Michal Linial (Autorisation : Michal Linial)

Linial explique que « pour ma part, je commencerais à administrer plus largement le vaccin du BCG dès maintenant – il est très sûr, il a été très expérimenté ». Elle ajoute que « s’il s’agissait d’un vaccin expérimental, je serais très inquiète mais avec ce vaccin, nous avons plus de 90 ans d’expérience et des milliards de personnes l’ont reçu ».

Elle reconnaît que sa recherche est statistique et qu’elle ne met pas en exergue une relation de cause à effet entre le BCG et un impact réduit du coronavirus, et qu’elle échoue à analyser les raisons scientifiques expliquant pourquoi le vaccin pourrait être une aide face au coronavirus. Toutefois, dit-elle, les chiffres permettent de décrypter des fortes tendances, trop importantes pour être ignorées.

Les chercheurs israéliens ont découvert que la corrélation avec le BCG était plus significative pour les personnes appartenant à la catégorie de zéro à 24 ans auxquelles le vaccin a été administré au cours des 15 dernières années. Parmi les adultes plus âgés ayant été vaccinés il y a des années, il n’y a pas de corrélation discernable entre le taux de vaccination au BCG et celui de l’infection à coronavirus.

Les scientifiques évoquent le potentiel du BCG depuis le tout début de la pandémie. Aux Etats-Unis, les NIH (National Institutes of Health) avaient prudemment averti, au moins de juin, que leurs statistiques « suggèrent que le BCG pourrait avoir un effet de protection », notant qu’il fallait procéder à des essais cliniques pour en savoir davantage.

Et des essais sont actuellement en cours – l’un d’eux, aux Etats-Unis, implique
1 800 personnes et un autre, en Australie, implique 10 000 travailleurs du secteur de la santé. Le BCG a été inoculé aux participants et les scientifiques tentent de déterminer si cette nouvelle vaccination les rend moins vulnérables que d’autres face au coronavirus, et s’ils sont mieux équipés pour lutter contre la maladie s’ils se trouvent contaminés.

Les chercheurs du NIH ont fait savoir que la corrélation entre le BCG et le coronavirus est « difficile à valider en raison d’importantes différences entre les pays, comme le statut socio-économique, la structure démographique, les zones rurales par opposition aux zones urbaines, le moment où la pandémie a fait son apparition et le nombre de tests de diagnostic, ainsi que les critères de dépistage ».

Rappoport explique avoir tenté de dépasser cette difficulté en adaptant les chiffres pour prendre en compte les variables démographiques, économiques, relatives aux restrictions mises en place et à la santé, en prenant également en compte les dates de départ différentes de la crise sanitaire dans les pays.

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