Un volontaire de Zaka raconte « l’horreur »
Malgré 33 ans d'expérience, Yossi Landau dit avoir été témoin d'une violence qu'il n'avait jamais vue auparavant
Yossi Landau a passé des décennies à ramasser des cadavres en Israël, mais il a presque atteint le point de rupture en récupérant les restes des personnes tuées par les terroristes du Hamas lors de l’attaque la plus meurtrière qu’ait connue le pays.
Samedi, M. Landau s’est réveillé au son des sirènes, un moment auquel il s’est « habitué », les Israéliens se mettant régulièrement à l’abri des tirs de roquettes.
Ce n’est que plus tard qu’il s’est rendu compte que les lancements n’étaient « qu’une couverture, car l’essentiel était l’invasion » par les terroristes palestiniens, qui ont franchi la frontière avec Israël depuis la bande de Gaza pour tuer plus de 1 300 personnes.
Depuis son domicile à Ashdod, une ville côtière située au nord de Gaza, il se souvient avoir vu « l’horreur » lorsqu’il s’est précipité sur les lieux.
« J’ai vu des voitures retournées, j’ai vu des gens morts dans la rue », décrit M. Landau à Sderot, autre ville proche de la frontière dont de nombreux habitants ont été tués.
Malgré 33 ans d’expérience en tant que bénévole pour Zaka, une organisation qui récupère les corps de personnes ayant subi une mort non naturelle, il dit avoir été témoin d’une violence qu’il n’avait jamais vue auparavant.
Pendant que des échanges de tirs faisaient rage entre le Hamas et les forces israéliennes, « un tronçon de route qui aurait dû prendre 15 minutes nous a pris 11 heures parce que nous sommes allés chercher tout le monde et les avons mis dans des sacs », raconte l’homme de 55 ans.
Des voitures abandonnées, incendiées ou criblées d’impacts de balles, jonchent encore le paysage du sud d’Israël.
Après avoir déjà chargé des dizaines de cadavres dans des camions réfrigérés, M. Landau et ses coéquipiers volontaires ont atteint Beeri, un kibboutz d’environ 1 200 habitants situé à cinq kilomètres de Gaza.
« J’ai senti que je m’effondrais, pas seulement moi, mais toute mon équipe », se souvient-il, après être entré dans la première maison et y avoir trouvé une femme morte. « Son ventre a été ouvert, un bébé était là, encore relié au cordon, et poignardé », relate M. Landau.
Le bénévole de Zaka déclare avoir vu de nombreux civils, dont une vingtaine d’enfants, qui avaient les mains attachées dans le dos avant d’être abattus et brûlés.
Plus de 100 personnes ont été tuées dans le kibboutz, tandis qu’environ 270 autres ont trouvé la mort au festival de musique Supernova, situé à proximité.
Si les corps des festivaliers ont été retirés du site, leurs effets personnels ont été éparpillés sur l’herbe poussiéreuse.
Lors de la visite d’un journaliste de l’AFP jeudi, des poufs, des créations artistiques et un sachet de boissons énergisantes figurent parmi les objets laissés sur le sol, sous le regard des soldats.
Des éclaboussures de sang sont visibles à l’intérieur d’une voiture, non loin d’un panneau indiquant des itinéraires de randonnée dans la forêt.
Face à l’ampleur de la violence, M. Landau souffle qu’il ne ressent « rien pour l’instant ». « Nous prenons simplement nos sentiments, avec notre travail, et nous les séparons. Et c’est ce que nous devons faire. »