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Une activiste anti-immigration arrêtée près du domicile d’Esther Hayut

"Vous avez enterré le sionisme", indique un graffiti s'adressant à la présidente de la Cour suprême ; Sheffi Paz a été libérée peu après son arrestation

La résidente et activiste du sud de Tel Aviv Sheffi Paz s' est exprimée pendant une visite d'Ayelet Shaked dans le sud de Tel Aviv, le 2 avril 2019 (Crédit : Roy Alima/Flash90)
La résidente et activiste du sud de Tel Aviv Sheffi Paz s' est exprimée pendant une visite d'Ayelet Shaked dans le sud de Tel Aviv, le 2 avril 2019 (Crédit : Roy Alima/Flash90)

Trois personnes, dont Sheffi Paz, célèbre activiste anti-immigration, ont été brièvement placées en détention jeudi soir. Les militants sont soupçonnés d’avoir peint des slogans contre la Cour suprême aux abords de l’habitation de la présidente de l’institution, Esther Hayut.

Parmi ces graffitis, les phrases : « Esther Hayut, vous avez enterré le sionisme », « Merci d’avoir enterré le droit au retour à Tel Aviv » ainsi que « la Cour suprême a détruit le sud de Tel Aviv ».

Deux des suspects ont été libérés après avoir été interrogés la police. Pour sa part, l’activiste Sheffi Paz a bénéficié d’une libération provisoire après une audience devant les magistrats qui a eu lieu vendredi matin.

Cela fait des années que Paz fait campagne contre la présence des migrants africains dans son quartier du sud de Tel Aviv. Elle a confirmé son arrestation dans un tweet posté jeudi soir.

Le mois dernier, Paz avait reconnu avoir placé des autocollants aux abords de l’habitation du juge à la Cour suprême Uzi Vogelman. Ce dernier avait immédiatement déposé plainte.

Sur ces autocollants figurait le slogan « le sang juif ne coûte pas cher – (signé 🙂 la Cour suprême de justice », un jeu de mots réalisé à partir d’un slogan utilisé par les activistes juifs d’extrême-droite, « le sang juif coûte cher ».

La présidente de la Cour suprême Esther Hayut lors d’une deuxième journée d’audiences sur les recours contre l’accord de coalition entre le parti Kakhol lavan de Benny Gantz et le Likud de Benjamin Netanyahu, à la Cour suprême de Jérusalem, le 3 mai 2020. (Oren Ben Hakoon/Pool)

Les autocollants, qui portaient également l’inscription du « Front de libération du sud de Tel Aviv » -l’organisation de Paz – faisaient apparemment référence aux jugements de la Cour suprême qui ont empêché l’expulsion par le gouvernement des migrants du quartier. Ces derniers, affirment les résidents, sont à l’origine de crimes, et ont notamment commis des viols.

« Nous et Uzi Vogelman, c’est une longue histoire », a dit Paz dans un communiqué. « Il m’a fallu un moment pour trouver son adresse – sinon j’aurais agi beaucoup plus tôt. »

Le juge Uzi Vogelman à la Cour suprême de Jérusalem, le 4 juin 2018. (Yonatan Sindel/Flash90)

La veille de l’acte de vandalisme qui avait pris pour cible Vogelman, la magistrate Anat Baron avait annoncé avoir reçu deux lettres de menaces – des courriers que Paz, par ailleurs, n’a pas revendiqués.

Un porte-parole de la Cour suprême avait fait savoir que Baron avait reçu un courrier de menaces, attribuant ce dernier à des campagnes « d’incitations continues et débridées » en direction des tribunaux. Ce message semblait menacer le fils de Baron.

Le contenu de la seconde lettre n’avait pas été publié. Dans une déclaration, le porte-parole avait annoncé que l’instance chargée d’assurer la sécurité des tribunaux avait déposé une plainte auprès de la police.

Les politiciens de l’opposition ont, pour leur part, fait le lien entre les actes de vandalisme et les menaces et la rhétorique utilisée par le Likud du Premier ministre Benjamin Netanyahu contre le système judiciaire.

L’acte de vandalisme survenu aux abords du domicile de Hayut s’est produit quelques jours après le rejet, par la Knesset, d’une demande réclamant la création d’une commission d’enquête qui devait se pencher sur des conflits d’intérêt présumés de la part des magistrats de la Cour suprême israélienne suite à des informations portant sur des fautes présumées des juges, et impliquant notamment Hayut.

Cette initiative, qui avait été pilotée par le parti d’opposition Yamina, à la droite de l’échiquier politique, n’est pas parvenue à rassembler une majorité à la Knesset malgré l’appui apporté par le Likud.

Avant les aveux de Paz, le mois dernier, concernant l’incident de vandalisme survenu chez Uzi Vogelman, le leader de l’opposition Yair Lapid, à la tête de l’alliance Yesh Atid-Telem, avait déclaré que « les incitations à la violence » de Netanyahu étaient responsables des menaces faites à l’encontre des magistrats de la Cour suprême.

Lors du début de son procès, au mois de mai, Netanyahu avait accusé le système judiciaire de s’être engagé dans un complot visant à le déchoir du pouvoir.

La juge à la Cour suprême Anat Baron. (Crédit : Noam Revkin Fenton/Flash90)

Le procureur-général Avichai Mandelblit avait ordonné une enquête en 2018 pour incitations à la violence présumées après la mise à feu d’un portrait du ministre de l’Intérieur, Aryeh Deri, au cours d’un mouvement de protestation anti-migrants, à Tel Aviv. Paz avait défendu cet acte, niant tout appel à la violence à l’encontre de Deri ou d’un autre responsable du gouvernement.

« Il faut que ces gens-là arrêtent un peu de pleurnicher », avait-elle déclaré, selon le site internet Srugim.

Ces dernières années, de nombreux migrants africains parmi les 35 000 qui se trouvent sur le sol israélien – selon les estimations – ont été placés en détention, menacés d’expulsion et ont subi l’hostilité des députés et des résidents.

La Cour suprême avait rejeté les plans gouvernementaux d’emprisonnement ou d’expulsion des migrants, jugeant que la question devait être résolue par le biais d’une solution en adéquation avec les normes internationales.

Tandis qu’un grand nombre de migrants ont indiqué être des réfugiés ayant fui les conflits et les persécutions, Israël les considère comme des demandeurs d’emploi qui viennent menacer le caractère juif de l’Etat.

Les Africains, qui proviennent en majorité du Soudan – ravagé par la guerre – et de l’Erythrée, un pays soumis à une dictature, avaient commencé à arriver au sein de l’Etat juif en traversant la frontière poreuse partagée avec l’Egypte, après les répressions violentes, par les forces égyptiennes, d’une manifestation de réfugiés au Caire, et suite à la diffusion d’informations sur les opportunités d’emploi en Israël et concernant la sécurité régnant dans le pays.

Des dizaines de milliers de migrants avaient ainsi traversé la frontière, dans le désert, souvent après un dangereux voyage. L’Etat juif avait alors fait construire une barrière, des travaux qui se sont achevés en 2012 et qui ont mis un terme à l’afflux des migrants clandestins.

Depuis, Israël n’a cessé de tenter de trouver un moyen de gérer la présence de ceux qui se trouvent déjà dans le pays. Un grand nombre assume des emplois précaires dans les hôtels et dans les restaurants et des milliers d’immigrants africains se sont établis dans le sud de Tel Aviv, où les résidents israéliens se plaignent de crimes et de délits croissants.

L’AFP a contribué à cet article.

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