Une anthropologue canado-iranienne emprisonnée en Iran
Homa Hoodfar souffre d'une maladie neurologique rare et les responsables iraniens l'ont privée de ses médicaments, ont assuré ses proches ; Les motifs de son emprisonnement ne sont pas encore connus
Une anthropologue canado-iranienne, Homa Hoodfar, professeure à l’université Concordia à Montréal, a été arrêtée et est détenue en Iran depuis lundi, a-t-on appris mercredi de sources concordantes.
Homa Hoodfar, 65 ans, a été emprisonnée à la prison d’Evin à Téhéran, ont indiqué des membres de sa famille dans un communiqué.
L’anthropologue, qui a aussi la nationalité irlandaise, s’était rendue en Iran en février pour poursuivre ses recherches ethnographiques sur le rôle public des femmes.
Elle est l’auteure de plusieurs ouvrages sur les femmes et la sexualité dans le monde musulman.
Mme Hoodfar avait été interpellée une première fois le 10 mars par une unité du contre-espionnage des Gardiens de la révolution, quelques jours avant son retour prévu au Canada, selon ses proches.
A cette occasion, son logement avait été perquisitionné et ses biens, y compris son passeport, ont été saisis, a précisé à l’AFP une porte-parole de la famille, Amanda Ghahremani.
Homa Hoodfar ne pouvait depuis quitter l’Iran et avait été soumise à de longs interrogatoires. Elle a été emprisonnée lundi après un autre de ces interrogatoires, a ajouté Mme Ghahremani.
« Le gouvernement du Canada est activement engagé dans cette affaire », a indiqué une porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Rachna Mishra, dans un courriel à l’AFP.
Son emprisonnement survient alors que le gouvernement libéral de Justin Trudeau a renoué un dialogue avec l’Iran, après la rupture des relations diplomatiques par le précédent gouvernement conservateur.
« Je suis très préoccupé », a dit le ministre des Affaires étrangères Stéphane Dion avant une réunion à Ottawa avec son homologue de l’Union européenne, Federica Mogherini.
La fermeture de l’ambassade canadienne à Téhéran en 2012 ne facilite pas la situation, a-t-il estimé. « On préférerait en avoir une (ambassade, ndlr). Ça aiderait. Et puisqu’on n’en a pas, on travaille avec des pays tiers qui sont des amis et qui vont nous aider dans les circonstances, qui vont tout faire pour nous aider et on va tout faire pour aider cette personne, cette Canadienne en difficulté ».
« Il n’est pas clair », a par ailleurs souligné la famille, « si elle est accusée d’espionnage, de sédition ou de propagande contre l’Etat. Son avocat et sa famille n’ont pas pu la voir et la cause de son arrestation ne leur a pas été communiquée ».
Ses proches craignent pour son état de santé. Elle souffre d’une maladie neurologique rare et les responsables iraniens l’ont privée de ses médicaments, ont assuré ses proches.
Homa Hoodfar, qui enseignait à l’université Concordia depuis 1991, continue de superviser des doctorants en anthropologie, a dit Amanda Ghahremani.