Une appli GPS permet aux Palestiniens de contourner les checkpoints
Contrairement aux applis classiques, Doroob Navigator permet aux utilisateurs d'éviter les restrictions israéliennes et les embouteillages liés à ces mesures
Une nouvelle application conçue par les Palestiniens cherche à combler les vides laissés par les principales plateformes telles que Google Maps et Waze dans la gestion des restrictions imposées aux conducteurs palestiniens en Cisjordanie.
L’application, Doroob Navigator, a été créé par l’entrepreneur tech Mohammad Abdel Haleem, qui a confié à Reuters lundi qu’il avait découvert que les Palestiniens avaient des besoins spécifiques quand Google Maps a orienté sa voiture vers une vallée lointaine alors qu’il tentait de se rendre, depuis Bethléhem, au sud de Jérusalem, vers Ramallah, un peu plus au nord.
« Nous avons dû redessiner nos cartes à zéro. Le mur, les checkpoints, les implantations… Les logiciels de cartographie existants ne prenaient pas en compte la complexité de la situation », a déclaré l’homme de 39 ans à Reuters.
Lancée en juin, l’app compte déjà 22 000 utilisateurs. Doroob Technologies, qui met au point le logiciel de navigation, est financée par la firme Ideal, basée à Ramallah, et également contrôlée par Abdel Haleem.
Comme chez Waze et Google Maps, l’application permet aux utilisateurs de signaler les perturbations de circulation, mais dans le cas de Doroob, il y a un signalement pour la police israélienne, les checkpoints et les barrages routiers, ce qui permet de donner une image plus précise de la réalité du trafic pour les automobilistes palestiniens.
Google Maps ne fait pas la distinction entre les automobilistes israéliens ou Palestiniens, ou entre les zones contrôlées par Israël et les Palestiniens dans ses suggestions d’itinéraires.
Waze, une création israélienne, permet aux utilisateurs de cocher une case autorisant ou interdisant leur entrée dans les zones de population palestinienne. Cette fonction reflète le fait que si les Israéliens n’ont pas le droit d’entrer dans les villes palestiniennes, les Arabes israéliens s’y rendent pour voir leurs proches ou à des fins professionnelles.
Cependant, aucune des applications ne traite les restrictions cartographiques israéliennes imposées au Palestiniens, ni ne les aide à se déplacer plus aisément entre les grandes localités de Cisjordanie.
A titre d’exemple, un véhicule immatriculé palestinien ne peut pas circuler librement à travers une implantation israélienne, même si les algorithmes des principales applis le suggèrent parfois, pour diminuer le temps de trajet.
En plus des informations générées par l’utilisateur, le personnel de Doroob apprend manuellement à l’application à contourner les implantations.
« D’autres applis diraient que la seule façon de relier deux villes palestiniennes est de traverser une implantation », a expliqué Abdel Haleem à Reuters. « Nous essayons de changer cela. »
Israël a mis au point un système de routes de contournement qui permet aux automobilistes israéliens de se déplacer en Cisjordanie sans entrer dans les villes palestiniennes et ces mêmes routes sont empruntées quotidiennement par des Palestiniens. Mais les véhicules munis d’une plaque d’immatriculation palestinienne sont régulièrement arrêtées aux checkpoints, notamment autour de Jérusalem, et des barrages routiers sont régulièrement à l’origine de bouchons, à cause des mesures de sécurité israéliennes.
Israël a pris le contrôle de la Cisjordanie après avoir conquis le territoire lors de la Guerre des Six Jours. Les Palestiniens et la plupart de la communauté internationale accusent Israël d’occuper illégalement le territoire et de restreindre les droits des Palestiniens. Israël conteste ces allégations d’illégalité, précisant que les checkpoints et les barrières de sécurité installés en Cisjordanie ont permis d’endiguer une vague d’attentats suicides et d’autres attaques terroristes au fil des ans.
Abdel Haleem a déclaré que l’application fonctionne également à Gaza, bien qu’Israël se soit retiré de l’enclave en 2005, et qu’aucune restriction israélienne n’y est appliquée. La plupart des utilisateurs, dit-il, sont en Cisjordanie. Il a déclaré qu’il a l’intention d’intégrer un service de livraison dans l’application, pour la monétiser, à l’avenir.