Une Australienne refuse d’accepter le guet de son mari
Un homme orthodoxe a lancé une action en justice pour contraindre sa femme à lui fournir l’acte de divorce religieux
La souffrance des agounot, les femmes juives dont les époux refusent de leur accorder le divorce religieux, est bien connue.
Il y a des organisations, des campagnes sur les réseaux sociaux et des films qui traitent de ce sujet.
Mais les scénarios inverses sont moins connus – les hommes juifs dont les femmes ne veulent pas coopérer dans la procédure de divorce religieuse.
Selon la loi juive, pour qu’un couple juif puisse divorcer, le mari doit délivrer un acte de divorce pour sa femme, appelé guet, et la femme doit l’accepter. Ils doivent tous deux agir de leur plein gré, sans quoi ils ne pourront pas se remarier.
En Australie, un homme juif a porté plainte contre sa femme dans un tribunal civil pour contraindre son épouse à accepter un guet.
Le couple a obtenu son divorce civil après 15 ans de mariage, mais la femme refusait de se présenter au tribunal religieux de Sydney, un beth din, pour finaliser les procédures du divorce religieux, selon The Australian mercredi.
Le mari, qui a été identifié dans les documents juridiques sous le nom de Mr Idelsohn, a demandé au juge des affaires familiales de saisir la part de sa femme dans la répartition des biens, soit 760 000 dollars, jusqu’à ce qu’elle accepte ce guet.
Mais la cour a refusé de s’impliquer dans des affaires religieuses et a invoqué une interdiction mentionnée dans la constitution du pays.
La raison pour laquelle ces cas sont moins médiatisés est simple : ils sont plus rares.
« La tendance de refus de guet est comparable à la tendance des violences domestiques, dans le sens où la plupart du temps, les agresseurs sont les hommes, et c’est également vrai pour le refus de guet », a expliqué Sharon Weiss-Greenberg, directrice exécutif de l’Association des féministes juifs orthodoxes.
Un autre groupe, ORA (Organization for the Resolution of Agunot), aide les hommes et les femmes dont les conjoints leur refusent le divorce. Dans l’écrasante majorité des cas, 98 %, les femmes demandent de l’aide face à des maris récalcitrants.
« Nous avons vu que bien que les choses puissent avoir lieu dans l’autre sens, c’est assez rare », a déclaré le directeur Keshet Starr au JTA.
Les deux organisations sont plutôt connues pour venir en aide auprès des femmes. Et pourtant, les femmes récalcitrantes et les hommes récalcitrants ne sont pas égaux face à la loi juive.
Les hommes ont un recours, dans l’éventualité où leurs femmes refusent de coopérer dans la procédure de divorce. Il existe une solution légale, appelée heter méa rabbanim, c’est-à-dire, une permission accordée par 100 rabbins. Cette solution, qui n’existe pas pour les femmes, permet à l’homme dont l’épouse refuse le guet ou est dans l’incapacité de le recevoir, d’obtenir son divorce en obtenant le soutien de 100 rabbins.
Selon Starr, de nombreux tribunaux rabbiniques sont réticents à recourir à cette solution, mais le fait qu’elle existe minimise les enjeux pour les hommes face à leurs épouses récalcitrantes.
« D’un côté, si un mari tente de faire les choses de façon honnête et légitime, le heter méa rabbanim n’est pas une si bonne alternative », a expliqué Starr.
« En revanche, c’est une option à laquelle on peut avoir recours, donc je pense que la menace d’un mari qui dirait ‘je ne donnerais pas de guet’ est fondamentalement différente de celle d’une femme qui dirait ‘je ne prendrais pas ton guett’ ».
Les femmes doivent également prendre en considération le fait d’avoir des enfants. Si une femme mariée a un enfant avec un autre homme que son mari – indépendamment du fait qu’elle est en attente de son divorce – l’enfant est considéré comme un mamzer, que l’on traduit approximativement par « bâtard ».
La loi juive impose de sévères restrictions en termes de mariage aux mamzer, notamment l’interdiction d’épouser un membre de la communauté juive. En revanche, l’enfant d’un homme marié et d’une femme non mariée qui n’est pas son épouse, n’est pas considéré comme un mamzer. Par conséquent, un homme dont la femme refuse d’accepter le guet n’a pas à se soucier du statut juif légal de ses futurs enfants.
Le système permet tout de même des abus des deux côtés.