Une caricature de The Economist raille la refonte judiciaire en Israël
Le Premier ministre y apparaît sur le point de donner un coup de bâton à une allégorie de la justice ; un éditorial enfonce le clou sur le plan d'affaiblissement des tribunaux

Une caricature parue dans l’édition papier de The Economist, cette semaine, tourne en dérision le plan de refonte du système judiciaire du gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu alors que l’hebdomadaire britannique devient le dernier média majeur à condamner les efforts livrés par la coalition israélienne dans le but de limiter les pouvoirs des tribunaux.
Sur cette caricature, un homme apparaît à gauche du dessin en train de dire : « Que ceux qui croient qu’un système judiciaire indépendant est essentiel pour une démocratie lèvent la main ». Une allégorie de la Justice, les yeux bandés, portant une épée dans une main, lève l’autre main dans laquelle elle tient la balance de la justice. Netanyahu, pour sa part, tient un bâton en l’air, prêt à la frapper.
La caricature réalisée par le dessinateur Kevin Kallaugher figure à la dixième page de l’édition papier de The Economist qui est sortie jeudi dernier dans les kiosques. Le magazine comprend également un éditorial intitulé « la réforme judiciaire proposée en Israël, une réponse terrible à un problème réel » et qui s’en prend avec vivacité au projet du gouvernement de Netanyahu.
La coalition fait actuellement avancer une enveloppe de réformes spectaculaires qui renforceraient le contrôle du gouvernement sur le système judiciaire, lui permettant de passer outre les décisions prises par la Haute cour par une maigre majorité de 61 députés. Ces changements offriraient également à la coalition les pleins pouvoirs sur les nominations des juges.
Les partisans du plan affirment que le système judiciaire est trop puissant et qu’il ne devrait pas être en capacité de rejeter des décisions soutenues par le cabinet et par la Knesset, qui incarnent la volonté du peuple à travers ses élus. Ses soutiens déclarent également que ces propositions permettront de rééquilibrer les pouvoirs entre les différentes branches de gouvernance et ils estiment que les mises en garde de ses détracteurs concernant d’éventuels dégâts essuyés par l’économie n’ont aucun fondement et qu’elles ne visent qu’à entraîner la panique, les propositions réduisant, au final, les interventions des tribunaux dans les activités commerciales israéliennes et dans le milieu des affaires du pays.
Les critiques, qui sont descendus dans les rues sur tout le territoire – les manifestants ont été des centaines de milliers – affirment que ces réformes supprimeront le seul contre-pouvoir susceptible de s’opposer à la loi de la majorité et qu’ils entraîneront des attaques contre les droits de l’Homme. Ils ont aussi fait savoir qu’elles décourageront les investisseurs étrangers qui renonceront à placer leur argent à Israël, affaiblissant considérablement l’économie.

Les initiés du milieu de la banque estimeraient qu’environ quatre milliards de dollars ont d’ores et déjà été retirés d’Israël, ces dernières semaines, alors que les individus et les entreprises cherchent à protéger leurs richesses dans un climat politique et économique incertain et qui ne cesse de se dégrader.
La semaine dernière, la Commission de la Constitution, du droit et de la justice de la Knesset, contrôlée par la coalition, a approuvé les premiers éléments de la refonte judiciaire en vue de leur première lecture à la Knesset.
Ces législations spécifiques donneront au gouvernement le contrôle de toutes les nominations judiciaires et interdiront à la Haute-cour d’invalider les lois fondamentales, qui sont quasi-constitutionnelles.
Un projet de loi change également la composition de la Commission de sélection judiciaire, qui est chargée de nommer les juges, accordant au gouvernement et à la coalition cinq représentants dans ce panel de neuf membres. Une nomination pourra être approuvée avec une majorité simple.