Israël en guerre - Jour 474

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Reportage

Une cour rabbinique veut réconcilier un couple dont le mari a menacé de tuer son épouse

David* est en prison après avoir violé une injonction d'éloignement ; il refuse d'accorder le divorce à son épouse, Lital* - mais les juges suggèrent une démarche de 'shalom bayit'

Un homme devant la cour rabbinique de Jérusalem, le 1er mars 2011. Illustration. (Crédit : Miriam Alster/Flash90)
Un homme devant la cour rabbinique de Jérusalem, le 1er mars 2011. Illustration. (Crédit : Miriam Alster/Flash90)

David* a été emprisonné l’année dernière pendant huit mois pour avoir violé une injonction d’éloignement à l’encontre de sa femme et pour avoir menacé de la tuer.

Lital* veut divorcer, ce que David (noms fictifs) refuse de faire, retenant le guet, ou acte de divorce juif, nécessaire pour mettre fin à un mariage en vertu de la loi juive et israélienne. Lital reste donc prisonnière de son mariage – ce qu’on appelle en hébreu une « aguna », c’est-à-dire une personne enchaînée.

Pourtant, le tribunal rabbinique chargé de leur dossier a suggéré, lors d’une récente audience, que les deux époux envisagent de se réconcilier plutôt que de divorcer.

« Je leur ai dit que ce n’était pas d’actualité, que j’avais donné sa chance [à ce mariage] pendant 20 ans et que cela n’avait pas fonctionné jusqu’à présent », a déclaré Lital au Times of Israel lors d’un entretien téléphonique dimanche. « Il est hors de question que je reste dans cette relation destructrice. »

L’année dernière, Lital avait demandé – et obtenu – de la police une ordonnance restrictive parce qu’elle craignait que David ne lui fasse du mal, à elle ou à leurs six enfants. Selon une décision de justice, il était arrivé à leur domicile le lendemain et il s’était mis à crier, à hurler, menaçant de leur faire du mal ainsi qu’à d’autres personnes.

« Je vais partir d’ici et tuer des gens, qu’est-ce que vous ne comprenez pas ? avait déclaré David selon l’arrêt du tribunal. « Je vais tuer des gens, je vais tuer des enfants, je vais tuer tout le monde – vous êtes idiots ?!… peu importe [si cela me prend] un mois ou deux mois, ou un an ou deux ans : je vous tuerai tous ».

Photo d’illustration : Un véhicule de la police sur la scène d’un meurtre présumé à Haïfa, le 10 juin 2018. (Crédit : Meir Vaknin/Flash90)

Un mois plus tard, David était revenu à leur domicile et il avait a refusé de partir malgré l’appel de Lital. Après qu’elle a appelé la police, selon le dépôt du tribunal, il lui avait dit : « tu vas mourir aujourd’hui, tu vas mourir ».

Il avait été condamné à huit mois de prison et il a été libéré il y a quelques semaines.

Nitzan Caspi Shiloni, un avocat du Center for Women’s Justice, qui représente Lital, a déclaré que le tribunal rabbinique avait refusé de consacrer une audience à leur divorce pendant qu’il était en prison.

Au lieu de cela, en décembre, le tribunal rabbinique de Haïfa a rendu une décision – en citant les promesses de David de se faire soigner pour son alcoolisme et de consulter un rabbin – établissant qu’il préférait « examiner la possibilité de restaurer le mariage ».

Au vu des déclarations des deux parties, le tribunal a écrit qu’il accordait à David 30 jours à compter de sa sortie de prison pour prendre contact avec une figure rabbinique, afin d’explorer la possibilité d’entamer une démarche de shalom bayit, littéralement « paix dans le foyer », c’est-à-dire de réconciliation.

« Je travaille dans ce domaine depuis de nombreuses années et je ne pense pas avoir déjà vu une chose pareille », a déclaré Caspi Shiloni. « C’est tellement extrême qu’on aille jusqu’à lui donner la possibilité de dire qu’il veut se réconcilier, alors qu’il s’agit d’un homme violent qui a été emprisonné pour avoir proféré des menaces à l’encontre de sa femme. »

Photo d’illustration : Vue du tribunal rabbinique de Jérusalem, le 5 octobre 2008. (Crédit: Yossi Zamir/Flash90)

Lital a déclaré avoir supplié le tribunal rabbinique de le maintenir derrière les barreaux jusqu’à ce qu’il accepte de lui donner un guet, ou de le convoquer à une audience immédiatement après sa libération, mais le tribunal a refusé.

« Il n’a pas de compte en banque, il n’a pas de carte de crédit, ce n’est pas quelqu’un qui se soucie des sanctions – il pourrait disparaître », a-t-elle dit. « Je ne pense pas que [les juges du tribunal rabbinique] aient même lu son dossier. »

Elle a indiqué qu’une autre audience était prévue au tribunal rabbinique de Haïfa la semaine prochaine, mais David « m’a dit qu’il n’avait pas l’intention de se présenter », ce qui lui laisse peu de recours.

Les tribunaux rabbiniques sont « un système dans lequel je n’ai plus confiance, c’est un système complètement masculin qui préfère laisser les femmes sans droits, sans possibilité d’aller de l’avant, et [ma liberté] dépend d’un seul homme », a-t-elle déclaré. « J’ai vraiment l’impression d’être en prison et qu’il est le seul à en avoir la clé. »

Le rabbin Eliyahu Maimon, chef de la branche des agunot du système des tribunaux rabbiniques, a indiqué qu’il n’était pas au courant de l’affaire. Un porte-parole du système des tribunaux rabbiniques a expliqué qu’il ne ferait aucun commentaire sur les procédures judiciaires en cours.

Lital a déclaré qu’elle souhaitait raconter son histoire dans la presse afin que davantage de personnes comprennent l’injustice dont elle est victime.

« Si j’étais plus jeune, si j’avais une vingtaine d’années et que je n’avais pas d’enfant, je me battrais contre ce système, pour les droits des femmes – comment ce système a-t-il pu nous mettre en captivité ? « Nous sommes dans un pays où tout le monde a les mêmes droits, et voilà que soudain, avec ce système, nous sommes complètement privées de ces droits. »

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