Israël en guerre - Jour 346

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Une délégation israélienne à Doha pour faire libérer des otages

Une équipe de négociation dirigée par David Barnea reprendra les pourparlers indirects au Qatar concernant une trêve temporaire à Gaza qui prévoit la remise en liberté d'otages

Le Premier ministre lors d'une réunion du cabinet de guerre à Tel Aviv, le 15 mars 2024. (Crédit : Kobi Gideon/GPO)
Le Premier ministre lors d'une réunion du cabinet de guerre à Tel Aviv, le 15 mars 2024. (Crédit : Kobi Gideon/GPO)

Une équipe de négociateurs israéliens est finalement attendue à Doha, lundi, après avoir reçu l’approbation du cabinet de sécurité, dimanche soir. Là-bas, elle prendra part à des négociations indirectes portant sur un accord de cessez-le-feu temporaire à Gaza – un accord qui permettrait aussi de libérer des otages.

La délégation, dirigée par le directeur du Mossad, David Barnea, a obtenu « un mandat général » concernant les pourparlers qui se dérouleront via des médiateurs qataris et égyptiens, a rapporté Walla dans la nuit de dimanche, citant un haut-responsable israélien. Certaines questions liées aux négociations devront être pesées et approuvées de manière distincte par le Premier ministre Benjamin Netanyahu et par le ministre de la Défense Yoav Gallant, a continué le site d’information.

Ynet a indiqué que l’équipe a réclamé « du temps » pour conduire les discussions « afin d’avoir la possibilité d’améliorer les dispositions de l’accord et de mettre en place une ébauche que nous serons en mesure de soutenir ».

Un officiel israélien qui a été cité par Ynet a déclaré que « nous devons changer l’accord ; il est important que nous arrivions avec une importante flexibilité ».

Une source a confié à Reuters que les négociations au Qatar porteront sur les désaccords qui persistent entre Israël et le Hamas, avec notamment la question du nombre de prisonniers palestiniens qui pourraient être relâchés en échange des captifs israéliens et le problème de l’aide humanitaire à Gaza.

Avec ces entretiens prévus lundi, ce sera la première fois que les responsables israéliens et du Hamas participeront aux pourparlers indirects depuis le début du mois de jeûne musulman du ramadan, la semaine dernière. Les médiateurs espéraient parvenir à obtenir une trêve de six semaines avant le début du ramadan mais le Hamas avait refusé tout accord ne prévoyant pas un cessez-le-feu permanent à Gaza, une demande qui avait été rejetée par Israël.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu, à droite, s’entretenant avec le chef de l’agence de renseignement du Mossad, David Barnea, au siège de Tsahal, à Tel Aviv, le 15 octobre 2023. (Crédit : Kobi Gideon/GPO)

Au cours de la semaine passée toutefois, les deux parties ont pris des initiatives en faveur de la continuation des discussions – qui n’avaient d’ailleurs jamais été totalement rompues.

A la fin de la semaine dernière, le Hamas a donné aux médiateurs une nouvelle proposition sous la forme d’un plan en trois phases qui mettrait un terme aux combats, selon deux responsables égyptiens. L’un des deux officiels est impliqué dans les pourparlers et un autre est un proche des équipes chargées des discussions, dont il a été informé.

La première phase se présenterait sous la forme d’une pause temporaire qui comprendrait la remise en liberté de 35 otages – des femmes, des personnes malades et des personnes âgées – actuellement détenus par les terroristes de Gaza, en échange de la libération 350 Palestiniens incarcérés en Israël pour atteinte à la sécurité nationale. Le Hamas relâcherait au moins cinq soldates contre 50 prisonniers, purgeant notamment des peines pour terrorisme – 50 pour chacune d’entre elles. Les forces israéliennes se retireraient des deux principales artères de circulation de l’enclave côtière ; elles laisseraient les Palestiniens déplacés réintégrer le nord de la bande et elles autoriseraient l’afflux de l’assistance humanitaire dans le secteur, selon les Égyptiens.

Dans la seconde phase, les deux parties déclareraient un cessez-le-feu permanent et le Hamas relâcherait les autres otages encore en vie en échange d’un plus grand nombre de détenus palestiniens. Dans la troisième, le groupe terroriste remettrait les dépouilles des Israéliens qui sont en sa possession en échange d’une levée du blocus israélien et du début de la reconstruction de l’enclave, ont noté les responsables.

Israël rejette avec force toute perspective de cessez-le-feu permanent, insistant sur le fait que sa campagne militaire, qui vise à détruire le Hamas, reprendra au terme de tout accord de pause finalisé.

Des fillettes palestiniens sur une dune de sable dans un camp pour personnes déplacées à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 17 mars 2024. (Crédit : MOHAMMED ABED / AFP)

Israël a aussi signalé son intention de lancer une offensive dans la ville de Rafah, à l’extrême-sud de la bande, qui est le dernier bastion du Hamas à Gaza. Une opération attendue qui a entraîné des tensions avec les États-Unis, inquiets pour la sécurité des civils qui pourraient se retrouver piégés dans les combats. L’État juif a promis d’évacuer Rafah avant de lancer une campagne dans la localité.

Une trêve temporaire apporterait une pause bienvenue dans le conflit dévastateur qui est actuellement en cours – un conflit qui avait été déclenché par l’attaque meurtrière commise par le groupe terroriste, le 7 octobre, dans tout le sud d’Israël. A cette occasion, des milliers d’hommes armés avaient tué environ 1 200 personnes et ils avaient kidnappé 253 personnes.

Un cessez-le-feu d’une semaine négocié par le Qatar et par l’Égypte, à la fin du mois de novembre, avait ouvert la porte à la libération de 105 otages, majoritairement des femmes et des enfants. Il resterait 130 captifs au sein de l’enclave côtière – tous ne sont plus en vie. L’armée israélienne a confirmé la mort de 33 d’entre eux, citant de nouveaux renseignements et autres informations recueillis par les troupes sur le terrain à Gaza.

Quatre otages avaient d’ores et déjà été libérées avant l’accord de novembre. Trois ont été secourus par les soldats, en vie, et les dépouilles d’onze captifs ont aussi été retrouvées, notamment celles de trois hommes qui ont été accidentellement tués par les militaires. Une personne est encore portée-disparue depuis le 7 octobre et son sort reste indéterminé.

Les efforts livrés pour signer un deuxième accord sur les otages sont encore en cours, mais ils doivent faire face à des obstacles significatifs.

Les manifestants réclamant la libération des otages détenus par les terroristes du Hamas à Gaza bloquent l’autoroute Ayalon pendant une manifestation appelant à leur libération à Tel Aviv, le 16 mars 2024. (Crédit : Miriam Alster/Flash90)

La délégation israélienne semblait prête à partir pour Doha dès samedi, mais le cabinet de guerre, la cellule de commandement militaire du gouvernement qui est formé de trois membres, et le cabinet de sécurité devaient approuver au préalable le positionnement qui serait celui d’Israël dans les négociations et ils ne s’étaient pas encore réunis.

Les deux réunions ont eu lieu dans la soirée de dimanche alors que des manifestations, à Jérusalem et à Tel Aviv, réclamaient la finalisation d’un accord sur les otages.

Le gouvernement subit des pressions croissantes de la part des familles des captifs et de leurs soutiens qui demandent la conclusion d’un accord dans les meilleurs délais, estimant que la vie de leurs proches, qui sont détenus depuis six mois, est mise un peu plus en danger chaque jour qui passe.

Un responsable israélien a déclaré à la Douzième chaîne que la délégation avait besoin « d’obtenir de la flexibilité de la part des dirigeants politiques » pour être en mesure de trouver un accord.

« L’objectif, c’est de trouver un bon accord qui sera acceptable pour le public israélien. Et c’est possible », a-t-il ajouté.

Une source proche du cabinet de sécurité a confié à Ynet que « la discussion a été difficile mais factuelle », ajoutant que « la situation n’est pas simple ».

D’autres sources citées par le site d’information ont noté que la rencontre avait permis « une bonne discussion, une discussion sérieuse ».

« Difficile de dire que nous sommes optimistes. Nous entrons dans les négociations et nous ne pouvons qu’espérer qu’elles s’avèreront être fructueuses », ont ajouté les sources.

Le ministre de la Défense, Yoav Gallant, avait déclaré, dans la matinée de dimanche, qu’Israël devait prendre toutes les initiatives possibles pour obtenir la libération des otages, notamment avec une proposition qui est en cours de négociation.

Le ministre de la Défense Yoav Gallant lors d’une cérémonie commémorative pour les soldats israéliens tombés au combat dont le lieu de repos final est inconnu, au cimetière militaire du mont Herzl, à Jérusalem, le 17 mars 2024. (Crédit : Chaïm Goldberg/Flash90)

« Cet engagement qui est de n’abandonner personne est vrai dans la guerre le cadre de la guerre où nous nous battons aujourd’hui et il sera vrai dans toutes les autres », a déclaré Gallant lors d’une cérémonie de commémoration des soldats israéliens tombés au combat dont la dernière demeure reste inconnue.

Les officiels américains doivent aussi venir à Doha, lundi, pour les pourparlers.

Dimanche, en tout début de matinée, Netanyahu a nié avoir cherché à retarder la décision portant sur le départ de l’équipe de négociation à Doha et il a démenti avoir refusé d’organiser une réunion sur le sujet dès samedi – avec la conséquence que la délégation est partie plus tardivement.

Pendant le week-end, les médias israéliens avaient dit que le sujet du processus de libération des otages était au point mort parce que le cabinet de guerre avait dû terminer rapidement une réunion organisée vendredi dans la soirée, de manière à la finir avant le début du Shabbat et qu’il n’avait pas eu le temps de trancher sur la question.

La chaîne Kan a aussi fait savoir que le député Aryeh Deri, leader du parti ultra-orthodoxe Shas, s’était opposé à un départ de la délégation dans la journée de samedi, en plein Shabbat, affirmant que les discussions n’étaient pas une affaire de vie ou de mort. Deri a démenti cette information qui a entraîné de vives critiques de la part des députés de l’opposition.

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