Une députée anti-immigration réclame plus de main-d’oeuvre étrangère
Considérant les immigrés africains comme le « cancer » de la société israélienne, la députée du Likoud Miri Regev veut pourtant faire appel à 34 000 travailleurs étrangers
Lazar Berman est le correspondant diplomatique du Times of Israël
En dépit de ses efforts acharnés pour faire expulser les réfugiés africains vivant en Israël, Miri Regev a déclaré mardi 22 janvier que les réformes entreprises par le ministère du Logement déboucheraient sur une impasse si le gouvernement ne faisait pas appel à plus de travailleurs étrangers.
Connue pour ses diatribes contre les demandeurs d’asile africains, Miri Regev a déclaré que davantage de main-d’œuvre étrangère était nécessaire pour mener à bien de nombreux projets immobiliers et mettre fin à la crise du logement.
« Il y a environ 8 000 travailleurs étrangers en Israël », a écrit la députée sur sa page Facebook. « Cette restriction empêche le gouvernement de mener à bien ses réformes du logement », souligne-t-elle.
« Le gouvernement doit faciliter le recrutement de la main d’œuvre étrangère. Si nous dépassons le plafond de 8 000 travailleurs, nous pouvons construire 100 000 appartements par an. » Miri Regev
En décembre 2013, la Knesset a voté un projet de loi visant à faciliter le processus de construction et donc à améliorer l’accès à des logements à des prix abordables.
D’après Miri Regev, le directeur de la fédération des constructeurs a affirmé qu’Israël devait faire appel à 34 000 travailleurs étrangers pour atteindre les objectifs que le gouvernement s’est fixés – notamment la création de 60 000 nouvelles habitations.
« Le gouvernement doit faciliter le recrutement de la main-d’œuvre étrangère. Si nous dépassons le plafond de 8 000 travailleurs, nous pouvons construire 100 000 appartements par an. »
Habituée à créer la polémique, Miri Regev avait choqué l’opinion par le passé en qualifiant les réfugiés africains de « cancer ». Par ailleurs, elle a soutenu un projet de loi qui autoriserait le gouvernement à maintenir les demandeurs d’asile dans des centres de détention pendant un an.
Si la majorité des réfugiés se considèrent comme demandeurs d’asile, le gouvernement israélien tient un tout autre discours : la plupart des 60 000 migrants ne seraient pas des réfugiés mais des immigrés illégaux, venus dans le pays pour des raisons socio-économiques.
La loi israélienne interdit aux immigrés africains de travailler hors de leur centre de détention, visant ainsi à réduire le désir d’immigrer dans le pays.
Par ailleurs, Miri Regev a indiqué qu’elle entrerait en contact avec le Premier ministre Benjamin Netanyahou et le ministre de l’Intérieur Gideon Saar pour plaider sa cause.
D’après le quotidien Haaretz, il y a actuellement 200 000 ouvriers dans le bâtiment en Israël, dont 5 500 originaires de Chine, de Moldavie et de Bulgarie.
Le sort des immigrés africains est passé sur le devant de la scène suite à un large mouvement de protestation à Tel-Aviv et à Jérusalem ce mois-ci.
Mercredi 23 janvier, des manifestations de réfugiés sont prévues en Europe, aux Etats-Unis et au Canada devant les ambassades israéliennes, en solidarité avec les demandeurs d’asile africains en Israël.