Une députée Likud sanctionnée par le comité d’éthique de la Knesset
Mécontente, Tally Gotliv fera la grève du vote jusqu'au rétablissement de son droit de parole en plénière. Deux autres députés Likud et le chef de Hadash-Taal également épinglés
Le comité d’éthique de la Knesset a sanctionné, mardi, une députée du Likud de Benjamin Netanyahu pour ses propos provocateurs, le mois dernier, envers la juge en chef de la Cour suprême, Esther Hayut.
Elle avait en effet déclaré que cette dernière était responsable d’un attentat terroriste palestinien particulièrement meurtrier.
Rappelant que la députée du Likud Tally Gotliv avait répété ses accusations, sans une once de remords, le Comité a déclaré que ses propos ne relevaient pas de la liberté d’expression et constituaient une « grave violation de l’éthique ».
À l’unanimité, il a interdit à la députée de prendre la parole en plénière, à la Knesset, pendant deux jours entiers et au sein des commissions parlementaires, pendant trois jours.
« Les députés de la Knesset feront en sorte de préserver l’honneur de la Knesset et de ses membres, se comporteront d’une manière appropriée à leurs fonctions et devoirs en tant que membres de la Knesset, et s’abstiendront d’utiliser indûment les immunités et droits que leur confèrent le statut de député », a écrit le Comité dans la décision, citant une règle d’éthique parlementaire.
Gotliv a répondu se sentir « humiliée » par cette tentative d’« intimidation ». En signe de protestation, elle a fait savoir qu’elle ne prendrait pas part aux votes tant que sa sanction ne serait pas levée.
« Je ne suis pas un jouet », a-t-elle dit, accusant les membres du Comité de son parti, le Likud, et du Shas, de « vouloir détendre l’atmosphère à mes dépens », allusion ouverte aux tensions politiques nées du projet de réforme judiciaire.
« Pas besoin d’ennemis quand nos propres membres du Comité d’éthique agissent de la sorte », a-t-elle ajouté.
En dépit de sa menace d’abstention de vote, la coalition, qui compte 64 voix à la Knesset, ne devrait rien risquer sans celle de Gotliv.
À l’issue de l’attentat à la voiture-bélier, à Jérusalem, qui avait fait trois morts, Gotliv avait déclaré que l’avis de la présidente de la Cour suprême, quelques semaines auparavant, contre le projet de remaniement judiciaire, avait incité les ennemis d’Israël à commettre des attentats parce qu’ils « avaient senti une faiblesse » au sein de la société israélienne.
« Je tiens la juge en chef de la Cour suprême coupable de l’attentat terroriste », avait-elle alors écrit sur Twitter.
« Je la tiens responsable du sentiment de chaos qui règne au sein de la nation israélienne. Je l’accuse de destruction et de graves atteintes à la démocratie comme à l’État de droit. »
Le Likud s’était désolidarisé des propos de Gotliv, affirmant que l’attentat était le seul fait du terroriste, mais elle avait refusé de se rétracter, aux motifs de la liberté d’expression.
Le Comité a également interdit au leader de Hadash-Taal, Ayman Odeh, de s’exprimer en plénière de la Knesset pendant une journée entière, pour avoir appelé les membres arabes des forces de l’ordre israéliennes à « déposer les armes », l’an dernier, et avoir eu une altercation physique, en 2021, avec le député d’extrême droite Itamar Ben Gvir – aujourd’hui ministre de la Sécurité intérieure – à l’intérieur d’un établissement hospitalier.
Odeh a réagi en disant qu’il ne regrettait pas son altercation avec Ben Gvir, survenue alors qu’il rendait visite à un suspect terroriste palestinien en grève de la faim. Le député ultra-nationaliste avait alors contesté le fait que l’homme reçoive des traitements médicaux aux frais d’Israël.
« Cette fois-là, je l’avais repoussé pour protéger le patient. Aujourd’hui, c’est toute la société [arabe] qui doit se joindre à moi pour le pousser à mettre un point final au fascisme », a tweeté Odeh.
Par ailleurs, deux autres membres du Likud, Hanoch Milwidsky et Ariel Kallner, ont été rappelés à l’ordre par le Comité d’éthique pour leurs propos contre le député juif de Hadash-Taal Ofer Casif.
Milwidsky a écopé d’un avertissement et Kallner, d’un rappel à l’ordre écrit.