Une ex-otage conspuée après avoir dit que Netanyahu était responsable du 7 octobre
Kan retire la promotion d'une interview à la demande de Liri Albag, après que des comptes pro-Netanyahu l'ont qualifiée « d'ordure» pour avoir pointé du doigt le Premier ministre et dit qu'il devrait « demander pardon »

La chaîne nationale israélienne, Kan, a supprimé lundi la vidéo annonçant l’interview de l’ex-otage Liri Albag, dans laquelle elle critiquait vivement le Premier ministre Benjamin Netanyahu. C’est Albag elle-même qui a demandé son retrait de l’antenne suite aux propos haineux reçus de la part des partisans de Netanyahu sur les réseaux sociaux.
Dans cette vidéo, on entend Albag, remise en liberté à la faveur du récent cessez-le-feu, dire à l’intervieweur que si elle voyait un jour Netanyahu, elle lui dirait qu’il est, selon elle, le responsable de l’incapacité à contrer l’attaque du Hamas du 7 octobre 2023, au cours de laquelle elle a été prise en otage.
« À cause de vous, j’ai vécu les pires choses qu’un être humain peut vivre », a déclaré Albag à propos du Premier ministre. « Vous en êtes responsable et vous devez réparer ce que vous avez fait. »
Albag a également dit qu’elle souhaitait que Netanyahu « demande pardon et promette que les derniers otages seront bientôt libérés ».
Suite à la diffusion d’extraits de cette interview sur Kan, Albag a été victime d’une campagne de propos haineux en ligne, des comptes pro-Netanyahu allant jusqu’à la traiter « d’ordure de fille » et suggérant de la « renvoyer à Gaza ».
Selon la chaîne N12, un grand nombre de messages haineux provenaient de groupes Facebook pro-Netanyahu, en particulier les « Amis de Benjamin Netanyahu », un groupe qui compte plus de 90 000 membres.

Certains l’accusent d’avoir touché de l’argent pour dénigrer le Premier ministre, et d’autres de chercher à se faire connaître, de se lancer en politique ou encore de faire preuve d’arrogance.
Suite à cette éruption de haine en ligne, les proches d’Albag ont demandé à Kan de retirer la vidéo de ses réseaux sociaux, ce que le diffuseur a rapidement fait.
« L’annonce de l’interview a été supprimée à la demande de la famille », a déclaré Kan par voie de communiqué, ajoutant que conformément à cette demande, « l’interview sera diffusée demain comme prévu avec Liri et sa famille ».
Suite au retrait de cette annonce, une source proche de Kan a déclaré à la chaîne N12 qu’on ignorait « dans quelle mesure cela a contribué au retrait de la vidéo, d’autant plus que nombre d’autres médias l’avaient déjà utilisée. Toutefois, le fait de respecter la demande de Liri est plus important que les vues et les likes. »
Netanyahu refuse d’endosser la responsabilité de l’attaque dévastatrice du Hamas, dont il rejette la faute sur les plus hautes autorités de la sécurité qui, selon lui, lui avaient assuré que le groupe terroriste n’avait pas de projets terroristes. Il leur a par ailleurs reproché de ne pas l’avoir réveillé aux premières heures du 7 octobre, lorsque les premiers signes sont venus de Gaza, assurant qu’il leur aurait immédiatement ordonné de se mettre en état d’alerte.
Les critiques de Netanyahu estiment qu’en sa qualité de dirigeant d’Israël depuis une quinzaine d’années, il est le responsable, et lui reprochent d’avoir laissé le Hamas s’installer à Gaza pour empêcher la création d’un État palestinien, en minimisant systématiquement les mises en garde des chefs de la sécurité, dans les mois précédant l’attaque, lui disant que les ennemis d’Israël avaient repris de la vigueur en raison des clivages induits par les initiatives législatives de son gouvernement.