Une ex-otage raconte comment sa mère est morte dans ses bras le 7 octobre 2023
Doron Katz-Asher, 36 ans, dit avoir surmonté la culpabilité d'avoir manqué les funérailles de sa mère alors qu'elle était retenue dans les geôles du Hamas

Doron Katz-Asher, qui a été relâchée avec ses deux fillettes après avoir été retenue captive par le groupe terroriste palestinien du Hamas en novembre 2023, a vu sa mère Efrat Katz mourir après qu’un hélicoptère de l’armée israélienne a tiré sur le véhicule dans lequel elles se trouvaient avec d’autres membres du kibboutz Nir Oz avant d’être emmenées de force à Gaza le 7 octobre 2023.
« J’ai vu un hélicoptère qui tirait. Il a tiré 170 obus sur un fourgon d’un mètre sur un mètre transportant neuf otages », a déclaré Doron alors qu’elle se rendait avec le compagnon de sa mère, l’ex-otage Gadi Mozes, sur la tombe d’Efrat au kibboutz Revadim.
« Quand j’ai relevé la tête, je ne pouvais plus bouger… J’avais été touchée dans le dos, à la hanche. Je me souviens avoir crié pendant que les coups de feu retentissaient. »
Doron, 36 ans, était interviewée par la chaîne N12. Les journalistes avaient suivi sa préparation avant la naissance de sa troisième fille en mars. À cette époque, elle s’était également séparée de son mari, Yoni Asher.
« Donner naissance sans mère et sans mari n’est pas quelque chose que j’aurais imaginé vivre », a-t-elle expliqué.
« Et parfois, le soir, je reste assise et je me dis : ‘Waouh, ça fait plusieurs jours que je n’ai pas pensé à mon frère.’ »

Le demi-frère de Doron, Ravid Katz, a été tué en défendant le kibboutz Nir Oz alors que des milliers de terroristes dirigés par le Hamas ont pris d’assaut le sud d’Israël le 7 octobre 2023, tuant plus de 1 200 personnes et prenant 251 otages, déclenchant ainsi la guerre à Gaza. Le corps de Ravid a été capturé puis récupéré par l’armée israélienne.
« C’est trop », a déclaré Doron au micro de N12.
« Je souffre d’avoir perdu mon frère, ma mère et ma maison qui tombe en ruine, mais d’un autre côté, je suis heureuse d’être enceinte et… Gadi », qui a été libéré dans le cadre de l’accord de cessez-le-feu et d’échange d’otages fin janvier, quelques semaines avant la naissance du troisième enfant de Doron.
Doron a récemment lancé un appel aux dons afin de se remettre sur pied. Sur la chaîne N12, elle a parlé ouvertement des difficultés économiques auxquelles elle est confrontée depuis son traumatisme, qualifiant l’aide financière que lui verse le gouvernement « d’insuffisante ».
Elle a expliqué à la chaîne qu’elle était dans l’incapacité de reprendre son travail de comptable, voire de préparer à manger, depuis son enlèvement. « Tout mon sentiment de sécurité et de stabilité s’est effondré », a-t-elle déclaré.
« J’ai besoin d’aide. »
Doron a confié à la chaîne N12 que le dernier repas qu’elle avait préparé était le repas de fête qu’elle et sa mère avaient cuisiné à Nir Oz la veille du pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas, qui coïncidait avec la fête de Simhat Torah. Originaire du kibboutz, Doron avait emmené ses deux filles rendre visite à sa mère, tandis qu’Asher était resté à la maison, à Nordia, près de Netanya.
Nir Oz a été détruit lors de l’assaut sanglant du Hamas, au cours duquel environ un quart de ses quelque 400 membres ont été assassinés ou kidnappés. Pendant l’attaque, des terroristes ont enlevé Doron, sa mère et ses deux filles, Raz, âgée de 5 ans, et Aviv, âgée de 2 ans, au domicile d’Efrat. Gadi était parti plus tôt pour défendre le kibboutz et a été enlevé par des terroristes du Jihad islamique palestinien.

Doron, Efrat, Raz et Aviv ont été chargés dans un fourgon avec cinq autres membres de Nir Oz : Neomit Dekel-Chen, Shani Goren, le couple David et Sharon Aloni Cunio, ainsi que leur fille Emma, âgée de 3 ans, dont la jumelle Yuli avait disparu et n’a retrouvé sa famille qu’à l’intérieur de Gaza.
Selon une enquête militaire menée l’an dernier, un hélicoptère de Tsahal a tiré sur le fourgon, tuant les terroristes et probablement aussi Efrat.
Leurs ravisseurs ayant été abattus, Doron est restée auprès d’Efrat tandis que tous les autres s’enfuyaient. Neomit et Aloni prirent chacun une des filles de Doron.
Neomit, dont le fils Sagui Dekel-Chen a été kidnappé séparément et relâché en février, a déclaré avoir appelé Doron pour qu’elle les rejoigne, mais celle-ci refusait de quitter sa mère : « Elle n’arrêtait pas de pleurer : ‘Maman est morte dans mes bras, et je n’ai pas protégé les filles’. »
Doron, elle-même blessée, a tenté de s’occuper de sa mère. Elle a dégagé un espace au milieu « du matériel, des vélos, de toutes les choses qu’ils avaient volées, et j’ai essayé de l’allonger et de voir ce que je pouvais faire pour l’aider ».
« J’ai essayé de voir où elle avait été touchée, mais je n’ai pas vu grand-chose, elle n’avait rien sur le devant du visage », a-t-elle raconté, tandis que Gadi, un agriculteur octogénaire de nature stoïque, fondait en larmes.
« Elle ne parlait pas, ses yeux s’ouvraient et se fermaient sans cesse », a-t-elle raconté.
« J’ai compris que je ne pouvais rien faire à ce stade et j’ai essayé de lui fermer les yeux, mais ils n’arrêtaient pas de s’ouvrir et de se fermer. Je l’ai simplement allongée là et je lui ai dit que je l’aimais et que j’allais rejoindre les filles. »

Les otages en fuite ont rapidement croisé d’autres terroristes. Blessée par des éclats d’obus pendant sa fuite, Neomit a échappé à la capture en faisant la morte. Les autres ont été enlevés à bord d’un tracteur que les terroristes avaient volé à Neomit.
Parmi ces captifs, tous sauf David Cunio ont été libérés lors de l’accord de trêve et d’échange d’otages conclu en novembre 2023, au cours duquel le Hamas a relâché 105 femmes et enfants en échange de 240 prisonniers palestiniens incarcérés pour atteinte à la sécurité en Israël. David est toujours retenu à Gaza.
Doron a raconté à la chaîne N12 qu’elle et ses filles avaient du papier et de quoi écrire pendant leur captivité, mais que leurs geôliers les avaient averties que « s’ils trouvaient des écrits en hébreu sur nous, nous ne serions pas libérées ».
Ses filles et elle ont enfreint les règles. « J’ai caché beaucoup de choses que Raz avait écrites et dessinées… sous de jolies robes », a-t-elle déclaré à la chaîne, montrant quelques exemples des œuvres de Raz. Elle a fait sortir clandestinement les documents de Gaza dans son soutien-gorge, expliquant : « J’espérais qu’ils n’iraient pas chercher là-bas. »
Doron a partagé un extrait d’une lettre qu’elle a écrite à Yoni : « Rien ne sera plus jamais comme avant, mais toi et moi offrirons à nos filles un foyer heureux et aimant. »
« C’est toujours mon objectif : un foyer heureux et aimant, même si c’est par d’autres moyens », a-t-elle déclaré.
« Je ne veux pas être une victime de la vie, je ne veux pas me sentir seule. Je veux me relever, pour moi et pour mes filles. »
Au cours de cette interview, Doron a déclaré avoir longtemps souffert d’avoir manqué les funérailles de sa mère, qui a été enterrée fin octobre 2023, avant sa libération.

« J’ai longtemps porté ce poids, celui de ne pas lui avoir dit au revoir comme il se doit, de ne pas l’avoir accompagnée lors de son dernier voyage », a déclaré Doron.
« Mais soudain, je me suis dit : ‘J’étais là avec elle dans ses derniers instants, et je lui ai vraiment dit au revoir.’ »
Elle a indiqué qu’Efrat avait été enterrée dans une tombe provisoire, en attendant le retour de son compagnon, Gadi.
Assis aux côtés de Doron au cimetière du kibboutz Revadim, Gadi lui a révélé qu’il se préparait à l’épouser. « C’était la première fois que j’entendais cela, qu’elle le voulait, que c’était important pour elle », a déclaré Doron.
« Efrat voulait qu’on se marie, et je lui ai dit : ‘Qu’est-ce que ça change ? On s’aime et on est heureux’ », a expliqué Gadi, ajoutant qu’Efrat voulait « officialiser leur relation ».
« Tu dois savoir que j’étais en train d’organiser le mariage lorsque j’étais en captivité », a-t-il dit avant d’apprendre la mort d’Efrat.
« J’ai rêvé de ce mariage : les invités, la disposition des places, ce que nous allions dire… Et soudain, tout mon monde s’est effondré. »