Une firme israélienne aide à résoudre un incroyable vol de bijoux en Allemagne
L'ancien chef du Shin Bet à la tête de la firme de renseignements israélienne a dit que sa compagnie avait été embauchée pour réexaminer la sécurité au musée de Dresde
Une firme de renseignements israélienne, dirigée par un ancien chef du Shin Bet, a aidé à réaliser une avancée significative dans l’enquête sur le vol, en 2019, de bijoux datant du 18e siècle qui appartenaient à une collection unique en Allemagne et dont la valeur est aujourd’hui estimée à plus d’un milliard de dollars, selon des informations transmises ce week-end.
Il y a eu, mardi, une opération policière massive à Berlin – avec le déploiement de plus de 1 500 policiers qui ont mené une série de perquisitions dans la ville. Trois personnes ont été arrêtées. Les suspects – qui n’ont été identifiés pour le moment que comme étant des citoyens allemands, deux étant âgés de 23 et 26 ans – ont été appréhendés parce qu’ils sont soupçonnés de vol organisé et d’incendie volontaire.
Les forces de l’ordre ont fait paraître les photos de deux autres individus recherchés pour les mêmes raisons. Ils s’appellent Abdul Majed Remmo et Mohamed Remmo, et ils ont tous les deux 21 ans.
L’identité du troisième homme arrêté reste encore indéterminée. Mais la Douzième chaîne israélienne a fait savoir que le CGI Group, une firme de renseignements israélienne, avait aidé à pourchasser les voleurs.
Lors de ce cambriolage qui avait été réalisé le 25 novembre 2019, des voleurs étaient entrés dans la Voûte verte de Dresde, l’un des plus anciens musées du monde, pendant la nuit, s’emparent de joyaux « inestimables » datant du 18e siècle.
La Voûte verte est l’un des musées les plus anciens dans le monde. Il avait été créé en 1723 et il contient les trésors de Frédéric-Auguste Ier de Saxe, ce qui représente environ 4 000 objets en or, en pierres précieuses et autres matériaux.
Rapidement après le vol, les autorités avaient offert une récompense de 500 000 euros pour toute information menant à la récupération des bijoux ou à l’arrestation des coupables. Mais peu de progrès avaient été réalisés au cours de l’année passée.
Les membres de la même famille élargie ont été condamnés, au début de l’année, pour un vol aussi spectaculaire – celui d’une pièce en or canadienne de 100 kilos appelée la « feuille du grand érable » qui avait été dérobée en 2017 au musée Bode de Berlin. Ahmed Remmo et Wissam Remmo, deux cousins, ainsi qu’un ami qui était gardien de la sécurité au musée, ont écopé d’une peine de plusieurs années de prison.
« Immédiatement après le vol, nous avons été approchés par une firme juridique européenne qui nous a demandés d’examiner les arrangements mis en place par le musée en termes de sécurité », a commenté le directeur-général du CGI Group, Yaakov Peri, qui avait dirigé le Shin Bet entre 1988 et 1994, devant les caméras de la Douzième chaîne.
« Je ne vais pas m’attribuer le mérite d’avoir résolu l’affaire, on va dire que nous y avons contribué », a continué Peri. « Au début de l’enquête, il est apparu probable que les voleurs avaient obtenu une coopération depuis l’intérieur. Que l’un des employés du musée avait probablement coopéré avec les infiltrés ».
Plus tard, le CGI Group était parvenu à établir le contact avec l’un des voleurs présumés sur le Dark net – une partie d’internet hébergée sur un réseau crypté et qui n’est accessible que par le biais d’outils spécialisés garantissant l’anonymat. La personne avait alors offert de vendre deux des pierres volées au prix de 25 millions de dollars environ.
« Nous avons donné toutes les informations qui étaient en notre possession au procureur de Dresde », a raconté Peri. « Nous avons coopéré avec le suspect potentiel comme si nous allions venir lui acheter les bijoux dérobés. Nous avons créé une cartographie des secteurs où ils nous avaient proposé de concrétiser la vente. Et cela, aussi, nous l’avons envoyé au procureur allemand », a-t-il indiqué.
« Il n’y a pas eu de suivi à ce sujet mais nous pouvons constater que les secteurs que nous avions signalés ont été ceux où la famille allemande qui aurait commis le crime a été arrêtée », a poursuivi Peri.
Lors de l’opération massive d’arrestation des suspects, mardi, ce sont 1 638 agents de police au total venus de Saxe, de Berlin et de plusieurs autres Etats, soutenus par des forces de police spéciales, qui ont perquisitionné 18 sites différents, notamment dix appartements et des garages.
Leur objectif était de trouver des « trésors artistiques et peut-être des preuves, comme des contenus informatiques, des vêtements et des outils », ont fait savoir la police de Dresde et les procureurs. Les perquisitions, qui se sont concentrées sur le quartier Neukoelln à Berlin, n’ont pas encore permis de retrouver les objets précieux disparus.
« Il aurait fallu avoir beaucoup de chance pour les retrouver un an après le crime », a dit aux journalistes le porte-parole de la police de Dresde, Thomas Geithner.
La directrice du musée de Dresde, Marion Ackermann, a déclaré que les raids et les arrestations étaient encourageants.
« Bien sûr, nous espérons que les joyaux seront retrouvés et qu’ils seront bientôt en mesure de revenir là où ils se trouvaient », a-t-elle dit.
Le haut-responsable de la sécurité de Berlin, Andreas Geisel, a déclaré que les opérations menées vendredi devaient servir de mise en garde en direction de toutes les familles du crime organisé en général.
« Personne ne doit se croire au-dessus des règles de l’Etat », a-t-il affirmé.
Au mois de mars, les procureurs et la police avaient déterminé qu’une Audi A6 utilisée lors du vol et qui avait été incendiée plus tard dans un garage de Dresde avait été vendue à un acheteur non-identifié, au mois d’août.
Ils ont indiqué penser qu’un jeune homme qui avait récupéré le véhicule auprès de son vendeur à Magdeburg, une autre ville de l’est de l’Allemagne, était en lien avec le cambriolage et ils l’ont décrit comme un homme mince, à la chevelure noire, âgé d’environ 25 ans.
La voiture avait pu être repeinte avant le cambriolage, avaient dit les autorités à ce moment-là, renforçant les soupçons d’un vol programmé très à l’avance.
L’agence de presse allemande DPA avait cité les procureurs en disant qu’au moins six personnes étaient directement impliquées dans le vol.