Une firme israélienne qui extrait le CO2 de l’air obtient 10 M de $ d’investissement
Selon RepAir Carbon Capture, sa méthode électrochimique est moins chère, plus efficace sur le plan énergétique et plus facile à mettre en œuvre que celle de ses concurrents
Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.
Une société israélienne qui met au point un système permettant de capter l’air et d’en extraire le dioxyde de carbone a levé 10 millions de dollars lors d’un tour de table de série A.
RepAir Carbon Capture est en train de développer un dispositif électrochimique inspiré des batteries et des piles à combustible, ces dernières étant plus généralement associées à la production d’hydrogène.
Alors que les piles à combustible de l’industrie de l’hydrogène utilisent l’électricité pour séparer l’hydrogène de l’oxygène, la société RepAir affirme que son prototype sépare et élimine le dioxyde de carbone de l’atmosphère.
Le tour de table – qui fait suite au premier tour de table de capital d’amorçage – a été mené par Extantia Capital, qui soutient les initiatives visant à atteindre des émissions de carbone nettes nulles pour la planète. Les autres investisseurs sont Equinor Ventures, Shell Ventures et Zero Carbon Capital.
Le concept de « zéro émission nette » signifie que la quantité de CO2 émise dans l’atmosphère est compensée par la suppression de cette même quantité.
RepAir Carbon Capture affirme que sa technologie n’utilise qu’un tiers de l’énergie consommée par les autres systèmes de capture directe dans l’air, car elle fonctionne à l’aide d’énergies renouvelables à température ambiante et ne nécessite pas le réchauffement des solvants.
Le produit est constitué d’un nombre indéfini de couches de cellules combinées, ce qui le rend modulaire et donc facilement évolutif, a déclaré la société, ajoutant qu’il est également rentable. Elle prévoit que son coût moyen se situera autour de 70 dollars par tonne de CO2.
Un porte-parole a déclaré que le dispositif utilisait du nickel et de l’hydroxyde de nickel, des matériaux abondants et peu coûteux couramment utilisés dans les batteries. Elle a ajouté qu’une première installation de la taille d’un conteneur de transport pouvait séparer environ 200 tonnes de CO2 par an.
« Les technologies de captage direct de l’air (CDA) représenteront un marché de mille milliards de dollars d’ici 2050 ; cependant, pour exploiter ce potentiel, les solutions devront être efficaces sur le plan énergétique, rentables et évolutives », a déclaré Amir Shiner, PDG et cofondateur de RepAir Carbon Capture, créée il y a deux ans dans la ville de Yokneam Illit, dans le nord du pays. « Pour créer un CDA à grande échelle, le coût est le facteur principal. »
« En regardant leurs chiffres et leur évolutivité, nous sommes optimistes en ce qui concerne leur technologie et ce que leur équipe peut réaliser », a déclaré Sebastian Heitmann, partenaire chez Extantia.
Lors d’un séminaire organisé par le MIT sur le captage direct de l’air au début de l’année, les experts avaient estimé que le coût de cette technologie se situerait entre 300 et 1 000 dollars par tonne nette de CO2 extraite en 2030.
Climeworks, l’un des principaux opérateurs de captage direct de l’air, également connu sous le nom de CDA, estime que le coût de la tonne de dioxyde de carbone extraite s’élèvera à 500 dollars au milieu de cette décennie, puis à 300 dollars en 2030 et à environ 200 dollars au milieu de la prochaine décennie.
Selon un rapport de l’Agence internationale de l’énergie publié en septembre, il existe actuellement 18 usines de captage direct de l’air en activité dans le monde, lesquelles capturent près de 10 000 tonnes de CO2 par an. Une usine de captage d’un million de tonnes par an est en phase de développement avancé aux États-Unis, et l’on espère atteindre 60 millions de tonnes de CO2 d’ici 2030.
Le CO2 peut être stocké de manière permanente dans des formations géologiques profondes, utilisé pour la carbonatation des boissons ou la transformation des aliments, ou encore pour être combiné à l’hydrogène afin de produire des carburants synthétiques.
Toutes les installations de captage et de stockage du carbone existantes en Europe, aux États-Unis et au Canada sont de petite taille, et seules deux d’entre elles stockent le CO2 capté dans des formations géologiques en vue de son élimination.
Cette année, RepAir Carbon Capture a été l’un des lauréats du New Energy Challenge.
Elle est l’une des 14 entreprises israéliennes, à différents stades de développement, répertoriées dans la catégorie « séquestration du carbone » par Start-Up Nation Central.