Une formation high-tech qui arrive « juste à temps » pour les médecins de l’armée
Les militaires ont utilisé des mannequins contrôlés par ordinateur pour apprendre les procédures vitales d'intervention qui sont utilisées sur le champ de bataille
Quand la guerre opposant Israël au Hamas a éclaté, le 7 octobre, les médecins et le personnel soignant militaires ont su qu’ils allaient devoir soigner des blessés sur le terrain et qu’ils devraient être en pleine capacité de le faire dès le début de l’incursion terrestre survenue le 27 octobre.
« Le problème étant que les médecins réservistes de combat ne bénéficient que d’une remise à niveau minimaliste, tous les ans. De plus, les médecins mobilisés dans le cadre de la réserve ne connaissent généralement pas grand-chose à la traumatologie. Un obstétricien qui s’occupe de femmes enceintes tous les jours ne saura probablement pas comment traiter une blessure par arme à feu », commente Ravid Segal, responsable de la technologie au sein de MSR – Centre israélien de simulation médicale.
MSR est leader, dans le monde entier, dans le secteur de la formation médicale par simulation. Le centre a été fondé en 2001 par le professeur Amitaï Ziv pour promouvoir une approche plus sûre, centrée sur le patient, avec des soins qui ne le mettent pas en danger et ses locaux sont hébergés par l’hôpital Sheba, à Ramat Gan. L’objectif est de réduire le plus largement possible les erreurs médicales et d’améliorer les compétences des personnels en matière de soins et de communication avec leurs collègues, les patients et les familles de ces derniers.
MSR travaille en utilisant des moyens de formation de pointe qui se basent sur la simulation – robotique sophistiquée, simulateurs de chirurgie et acteurs qui jouent un rôle. Le centre forme ainsi la communauté médicale civile, celle de l’armée et des médecins venus du monde entier.
De nombreux personnels du secteur de la santé, médecins et autres, utilisent les programmes de formation du MSR à Sheba ou dans les autres centres qui se trouvent sur tout le territoire israélien. Toutefois, alors que l’incursion terrestre à Gaza semblait imminente, les réservistes de l’armée ont estimé qu’il n’y avait plus de temps à perdre pour venir à l’hôpital apprendre ou approfondir leurs connaissances des procédures les plus déterminantes de la traumatologie.
« Alors nous avons mis en vigueur notre programme ‘MSR itinérant’. Nous avons embarqué nos outils d’apprentissage high-tech et tout notre matériel et nous sommes partis sur la frontière avec Gaza, dans les zones de transit », explique Segal.
Les formateurs de MSR et des médecins spécialistes en traumatologie qui, pour certains, sont venus de l’étranger pour faire du volontariat à Sheba, ont utilisé des mannequins haute-fidélité et contrôlés par ordinateur pour reproduire au mieux le corps humain et pour préparer les réservistes à faire face à des scénarios variés.
« Nous appelons cette initiative l’opération ‘Juste à temps’ parce que nous avons fait cette formation, près de Gaza, la veille du jour où les soldats sont entrés. Ce qui s’est avéré être le moment idéal parce que les connaissances acquises étaient toutes fraîches », note Segal.
Ran Mimouni, de l’unité des simulateurs high-tech de MSR, déclare au Times of Israel que la formation, dans la zone de transit, s’est concentrée sur les compétences à acquérir au cours de quatre procédures déterminantes en matière de traumatologie : l’intubation (l’introduction d’un tube respiratoire dans la gorge d’un individu), la trachéotomie (faire une incision dans la gorge d’un individu pour y placer un tube respiratoire), la thoracotomie (l’insertion d’un tube en plastique dans l’espace qui se trouve entre les poumons et la paroi thoracique pour supprimer un fluide ou de l’air présents en trop grande quantité) et l’arrêt d’une hémorragie majeure.
Segal fait remarquer combien il est important d’apprendre aux médecins comment arrêter le saignement d’une blessure de la manière la plus appropriée en évitant, si possible, d’utiliser des garrots dans la mesure où ces derniers posent un risque d’amputation s’ils sont mal faits ou s’ils restent en place trop longtemps.
Les photos qui ont été prises pendant la formation montrent les soldats réunis autour de têtes, de torses et autres membres high-tech laissant échapper du sang alors que les experts leur montrent les procédures variées à respecter et les orientent dans ce travail. La nature technologique des mannequins permet aux soldats d’avoir des informations en temps réel sur la qualité de leur prestation médicale.
Contrairement à Sheba, où les simulations ont lieu dans le cadre d’un hôpital, les mannequins ont été placés, près de Gaza, sur des tables en plastique ou directement sur le sol.
« Nous avons établi trois postes de travail différent pour que les soldats puissent passer de l’un à l’autre. Ils sont restés pendant une heure à chaque poste, apprenant et se lançant dans la pratique à chacun d’entre eux », déclare Mimouni.
« Nous avons ensuite établi des scénarios avec des mannequins qui étaient répartis sur ‘le champ de bataille’ en présentant différentes blessures. Les soldats ont dû effectuer un tri rapide et décider qui soigner selon le degré d’urgence, et comment les prendre en charge », a-t-il ajouté.