Une haute-commission va décider de l’avenir de la baie de Haïfa
Le panel, nommé par le cabinet, a trois mois pour publier ses conclusions concernant le futur des industries lourdes et pétrochimiques polluantes mais aussi pour créer des emplois
Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.

Le cabinet a nommé, dimanche, une commission formée de hauts-responsables qui seront chargés d’examiner l’avenir de la baie de Haïfa, qui accueille depuis longtemps certaines des industries lourdes et pétrochimiques les plus polluantes du pays.
Cette initiative a été prônée par la ministre de la Protection environnementale, Gila Gamliel, avec le soutien du Premier ministre Benjamin Netanyahu, et elle devrait avoir des conséquences considérables pour le développement de la zone métropolitaine aux environs de Haïfa et pour la politique énergétique israélienne à long terme.
La commission s’intéressera à l’avenir de la région du nord du pays en général et à son industrie lourde en particulier. Les points principaux notés dans son rapport seront publiés à l’attention du public qui sera appelé à réagir, et une version finale de cette étude sera ensuite soumise au gouvernement.
Elle a 90 jours pour tirer ses conclusions.
Selon un communiqué du ministère de l’Environnement, la commission examinera différentes problématiques, notamment les effets de la pollution issue des industries lourdes, les besoins en termes d’emploi et d’investissement du secteur ainsi qu’en terme de logement et de développement urbain. Elle se penchera aussi sur les infrastructures énergétiques israéliennes.

Avec à sa tête un représentant du bureau du Premier ministre, elle inclura les directeurs-généraux du bureau du Premier ministre, des ministères de la Protection environnementale, de l’Energie, de l’Economie et de l’Industrie, de l’Intérieur et de la Défense ; les chefs du département des Budgets au sein du ministère des Finances, du Conseil économique national, de l’Autorité des terres israéliennes, du Conseil national de Planification ainsi que le procureur-général.
Avec une pollution aérienne significative et un nombre de cas de cancers et de maladies respiratoires supérieur à la moyenne nationale, cela fait plusieurs années que les habitants de Haïfa et les défenseurs de l’environnement font campagne en faveur de la fermeture des industries pétrochimiques.
Dans ce qui avait été un tournant, Avi Simhon, chef du Conseil économique national qui conseille le Premier ministre, avait annoncé au mois de juin que les raffineries pétrolières Bazan – caractéristiques du paysage urbain à Haïfa – devraient fermer leurs portes dans les cinq ans à venir et qu’elles devraient être remplacées par un pôle hi-tech et résidentiel vert.
Bazan — dont l’une des tours de refroidissement les plus emblématiques s’était effondrée au mois de juin – occupe une surface de plus de 210 hectares dans la baie de Haïfa, à proximité de la zone la plus densément peuplée de tout le nord d’Israël. Ses raffineries importent du pétrole brut pour fabriquer des produits pour l’industrie, les transports et l’agriculture, dont 40 % sont destinés à l’exportation. Ses filiales fabriquent notamment du bitume pour les revêtements routiers, des cires, des lubrifiants et des polymères.

Le Conseil économique national s’était attaché les services du cabinet de conseil en gestion international McKinsey il y a deux ans dans le cadre de discussions interministérielles consacrées à l’avenir des compagnies du Bazan Group.
Il avait établi que la relocalisation de Bazan représenterait un retour sur investissement médiocre.
Une fermeture totale, en comparaison, permettrait de réduire les émissions – selon le ministère de la Protection environnementale, Bazan a la responsabilité de 25 à 30 % des principaux polluants aériens dans la baie de Haïfa – et de libérer des terres évaluées à une somme allant de 7 à 20 milliards de shekels – en fonction des zones qui pourraient être reconstruites. La construction de 75 000 à 175 000 unités de logement, par exemple, pourrait valoir 13,1 milliards de shekels. Il faudrait également rajouter les coûts du nettoyage des sols aujourd’hui toxiques.
Ces chiffres n’avaient pas pris en compte l’augmentation de la valeur des biens immobiliers existants à Haïfa, ni les bénéfices apportés par des émissions réduites ou par un développement urbain accéléré.
« Ces profits, qui restent difficiles à quantifier, sont susceptibles d’accroître la valeur d’une fermeture potentielle », selon le rapport.
Face au consensus grandissant sur la question de la fermeture ou la relocalisation des usines polluantes, une campagne de relations publiques avait été lancée cet été en riposte.
Sous le slogan « Sans industrie, il n’y a pas de Haïfa » – le slogan rime en hébreu – accompagné par le hashtag « la vérité sur Haïfa », cette campagne avait été lancée sur Facebook et Twitter.
Le Bazan Group emploie à lui seul 5 000 personnes.

Au mois de juin, la cour des magistrats de Haïfa avait jugé le Bazan Group coupable de négligence, pollution et violation des autorisations concernant un large incendie qui avait entraîné des nuages toxiques noirs sur la baie de Haïfa pendant plusieurs heures à la fin du mois de décembre 2016. La firme avait écopé d’une amende de 1,2 million de shekels.
Bazan est la propriété de la compagnie holding de la famille Ofer, Israel Chemicals Limited.