Une hotline de Tsahal pour dénoncer les agitateurs
Tsahal scelle le village de Hizmet en Cisjordanie en raison de jets de pierres et fait face aux accusations de « punition collective »
Elhanan Miller est notre journaliste spécialiste des affaires arabes
L’armée israélienne a fermé les routes menant à un village palestinien en dehors de Jérusalem en réponse aux violents incidents qui ont eu lieu sur place.
Elle a aussi invité la population locale à divulguer des informations sur les agitateurs par le biais d’une hotline mise à disposition des résidents afin qu’ils retrouvent une vie normale dans la région.
Le 13 avril, le Fatah a posté sur sa page officielle sur Facebook une photo d’un grand panneau placé à côté d’une barricade en béton bloquant la route menant vers le village de Hizmet, au nord de Jérusalem.
Selon le même message, une barricade similaire a été placée à l’autre entrée du village.
« Aux habitants de la région : une minorité d’entre vous est responsable des troubles et de la perturbation de l’ordre [publique]. Ils sont la raison de cette barricade, et vous ne devez pas coopérer avec eux ! », peut-on lire sur le panneaux rédigé en arabe, accompagné du symbole de Tsahal.
« Mettez un terme à ces actions qui perturbent votre vie quotidienne. Pour votre sécurité et afin de retrouver la paix et la sécurité dans votre région, envoyer des informations sur les agitateurs et leurs agissements à ce numéro : 072-2587990 ou au courriel suivant: Makeitstop2015@gmail.com ».
Le message est signé par « Abu Salem, le commandement des Forces de défense israéliennes ». Le bureau du porte-parole de Tsahal n’a pas répondu favorablement aux demandes répétées du Times of Israel afin d’obtenir une clarification sur cette question. De nombreuses tentatives d’appel au numéro de la hotline a abouti à un message vocal générique en anglais demandant aux interlocuteurs de laisser un message.
Selon BTselem, un institut de veille israélien qui surveille les violations des droits des Palestiniens en Cisjordanie, les barricades en béton à Hizmeh ont été enlevées par l’armée lundi soir et ont été remplacées mardi matin avec des plots, laissant un chemin de terre près du village d’Anata comme seule voie d’accès pour les véhicules dans le village.
Dans un communiqué publié mardi, BTselem indique que ce n’est pas la première fois que la route d’Hizmeh est fermée par l’armée à la suite à des jets de pierres. Il ajoute cependant que c’est la première fois que les habitants du village sont explicitement informés de la mise en place d’une punition collective pour des actions qu’ils n’ont pas commis collectivement.
« Restreindre la liberté de mouvement de 7 000 personnes, dont la majorité n’ont rien à voir avec les jets de pierres, constitue une punition collective ; ce qui est, en tant que tel interdit, en vertu du droit international », écrit-il.
Ces restrictions prennent toujours le plus lourd tribut sur les membres les plus vulnérables de la société, dont la mobilité est limitée dès le départ, et sur le revenu et la vie quotidienne de tous les résidents. Si l’armée a des informations concernant les habitants du village qui ont commis des infractions, elle a diverses mesures d’exécution à sa disposition qui peuvent être adoptées sans utiliser des tactiques de peur contre toute une population entière ».
Bien que ces mesures soient rarement appliquées, BTselem a documenté neuf cas similaires dans le village d’Azoun dans le nord-ouest de la Cisjordanie au cours de l’année 2013.
Dans le sillage des émeutes palestiniennes à Jérusalem-Est en octobre 2014, la police a placé des barricades en béton à l’entrée des quartiers d’Issawiya, d’Abu Tor et de Jabel Mukaber de Jérusalem-Est.
Répondant à une requête de l’Association pour les droits civils en Israël demandant que la police de Jérusalem retirer immédiatement les cubes de béton, un avocat de la police a insisté sur le fait qu’ils étaient là pour des raisons de sécurité, non pour une punition collectives.
« La police d’Israël ne prend pas la détresse causée aux résidents de Jérusalem-Est à la légère mais est déterminée à accomplir ses missions de sauvegarde de l’ordre public et la protection des vies et des biens », a écrit l’avocat Michael Frankenburg, conseiller juridique de la police de Jérusalem, le 20 novembre 2014.
« Nous ne traitons pas de punition ou d’abus, n’en déplaise à Dieu, mais plutôt de sécurité », a-t-il conclu.