Une marche pour la paix rassemble Juifs et Arabes à Tel Aviv
Le mouvement pour la paix essaye de faire entendre sa voix au milieu de « radicaux » devenus « bruyants »
Aux cris de « oui à la paix, oui à un accord », des centaines de Juifs et Arabes d’Israël ont défilé jeudi dans une rare manifestation de ce type à Tel Aviv, exigeant la fin de la guerre à Gaza.
« Nous en avons assez, assez de la violence, assez des effusions de sang », a déclaré Carmit Bar Levy, enseignante de 49 ans.
Le mouvement pour la paix exige un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hamas qui dure depuis plus de neuf mois et dont le bilan des morts ne cesse de croître. Il prône également des solutions plus permanentes pour mettre fin au conflit israélo-palestinien qui dure depuis des décennies.
« Le mouvement pour la paix est resté silencieux après le 7 octobre », a déclaré Amira Mohammed, une citoyenne palestinienne d’Israël, originaire de Jérusalem-Est.
« Les radicaux sont devenus plus bruyants que le mouvement pour la paix. Donc, en ce moment, nous devons être radicaux pour la paix que nous voulons », ajoute-t-elle.
Pour elle, cela inclut une « reconnaissance de la dynamique de pouvoir entre occupant et occupé » et une « grande responsabilité des deux côtés ».
La guerre a été déclenchée le 7 octobre par une attaque sans précédent du Hamas sur le sol israélien, qui a entraîné la mort de 1 197 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP établi à partir de données officielles israéliennes.
Sur 251 personnes enlevées durant l’attaque, 111 sont toujours retenues à Gaza, dont 39 sont mortes, selon l’armée.
« Le seul chemin à suivre »
« On ne peut pas arrêter la violence par plus de violence. Nous devons garantir une bonne vie à la fois pour les Palestiniens et les Juifs en Israël. Nous devons reconnaître qu’ils ont le même droit de vivre ici que nous, que c’est notre maison à tous les deux », a ajouté Carmit Bar Levy.
Elle reconnaît que son point de vue n’est pas majoritaire en Israël en ce moment, mais affirme qu’il y a un sentiment croissant selon lequel le statu quo ne peut pas durer.
Alors que la guerre se poursuit, des manifestations et des marches sont organisées dans la plus grande ville d’Israël plusieurs fois par semaine, certaines par des familles d’otages, d’autres par des manifestants antigouvernementaux déjà très actifs avant la guerre à Gaza, ainsi que par le camp de la paix.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a réitéré son insistance sur une
« victoire totale » contre le Hamas dans un discours enflammé devant le Congrès américain mercredi, tandis que chez lui, des membres de sa coalition d’extrême droite ont menacé de faire tomber le gouvernement en cas d’accord.
« Leur gouvernement et notre gouvernement ne veulent que la guerre, c’est la seule chose qu’ils savent faire », a déclaré Maya Ofer, 23 ans, étudiante et membre du groupe activiste Standing Together.
« Nous devons nous rappeler que la paix est une possibilité. Nous n’avons pas à convaincre l’extrême droite, ce n’est pas notre rôle. Nous devons juste convaincre les gens du centre qui ne veulent plus de guerre mais qui ne savent pas vraiment quelle autre option il y a en ce moment », a-t-elle ajouté.
Les manifestants insistent sur le fait que leur vision de solutions politiques à long terme découle davantage du pragmatisme que d’un idéalisme irréaliste.
« La paix est le seul chemin à suivre », a déclaré Marcello Oliki, 64 ans, survivant des attaques du Hamas sur le kibboutz Nirim.
« Il y a des enfants, des femmes et des bébés qui meurent juste de l’autre côté de la frontière. Il y a aussi des gens là-bas qui pleurent, tout comme moi, et qui veulent la paix, tout comme moi ».