Une mère fait le deuil de son fils et sa belle-fille grâce aux plats qu’ils aimaient
Après l'assassinat d'Itay et Hadar Berdichevsky le 7 octobre au kibboutz Kfar Aza, la mère d'Itay a trouvé un certain réconfort dans un projet commémoratif de l'Institut culinaire Asif
Depuis le 7 octobre, Ravit Berdichevsky doit trouver des raisons de se lever le matin.
Son fils et sa belle-fille, Itay et Hadar Berdichevsky, ont été tués par des terroristes du Hamas dans leur maison du kibboutz Kfar Aza le 7 octobre. Leurs jumeaux de 10 mois ont été retrouvés vivants dans la chambre blindée. Ils ont survécu seuls pendant 14 heures, par leurs propres moyens.
Les jumeaux sont maintenant pris en charge par une sœur de Hadar.
Leur grand-mère, Ravit Berdichevsky, ainsi que ses trois fils survivants, cherche un sens à son deuil, après avoir perdu son mari Ilan dans un accident de vélo cinq ans plus tôt.
J’ai dit à mon frère : « ‘Comment vais-je me lever le matin ?’ Il m’a répondu : ‘Tu ne t’es pas levée pour Itay le matin, tu t’es levée pour toi-même' », raconte-t-elle. « C’est ce qui m’a ouvert la voie.
Elle a trouvé une source de réconfort en Asif, un centre culinaire de Tel Aviv qui s’est consacré à l’aide aux soldats, aux survivants, aux personnes endeuillées et aux évacués dans les mois qui ont suivi le 7 octobre.
Le centre culinaire a mis au point « A Place at the Table« , un projet commémoratif documentant les plats préférés des personnes tuées le 7 octobre, qui mélange recettes et récits, écrits en hébreu, en anglais et en arabe.
« Il s’agit de toutes sortes d’histoires qui aident les familles à immortaliser leurs proches », explique Matan Choufan, directeur principal du contenu à Asif. « Elles y voient une mission. »
Chaque semaine, Asif publie une nouvelle vidéo sur les réseaux sociaux, mettant en avant un membre de la famille ou un ami qui parle d’un être cher tué le 7 octobre, à travers la préparation d’un plat favori, accompagné de la recette.
Il y a le plat de poisson épicé que Shani Gabbay mangeait chez ses parents à Yokne’am avant de se rendre à la rave Supernova où elle a été tuée, et les choux à la crème auxquels David Kachko Katzir ne pouvait pas résister à chaque fois que sa femme Ayelet les préparait.
« Il n’y a pas de bonheur dans ces recettes », a déclaré Choufan. « Ce sont des archives qui ne cessent de s’enrichir. »
Ravit Berdichevsky a raconté l’histoire d’Itay et d’Hadar à travers deux de leurs plats préférés qu’elle leur préparait souvent pour le dîner de Shabbat : un plat hongrois de viande appelé rakott káposzta pour Itay, et une soupe à la tomate avec des boulettes pour Hadar.
La choucroute hongroise comprend des couches de riz cuit, de viande hachée, de dinde ou de poulet et de chou cuit, le tout recouvert de crème aigre, un processus de superposition que Ravit Berdichevsky connaît par cœur.
La soupe de tomates comprend de minuscules boulettes glissées dans la soupe à l’aide d’une cuillère à café ou d’une poche à douille, une technique introduite à Berdichevsky par Itay il y a des années.
« Lorsqu’ils venaient chez nous le vendredi soir, je leur demandais ce qu’ils voulaient que je prépare, car j’aimais les gâter, et nous montrons notre amour par la nourriture », explique Berdichevsky. Itay répondait : « Seulement de la káposzta, le plat de grand-mère ».
Les plats sont tous des recettes familiales transmises par la grand-mère paternelle de Ravit, originaire de Transylvanie. Sa propre mère a appris à préparer les plats de la famille de son mari, et les recettes sont toutes écrites de la main de sa mère.
C’est particulièrement émouvant de préparer ces plats maintenant, a déclaré Ravit, qui s’attend à voir Itay et Hadar entrer dans sa maison du Moshav Srigim, dans le centre d’Israël, au sud de Beit Shemesh.
Le matin du 7 octobre, Ravit Berdichevsky s’est réveillée au son des sirènes, mais n’a pas pu entrer en contact avec Itay et Hadar. Elle a appris plus tard que la dernière communication de Hadar avec sa famille avait eu lieu à 6h55 du matin.
On a découvert par la suite que Hadar avait quitté la pièce sécurisée de leur kibboutz, peut-être pour jeter une couche sale ou préparer des biberons pour les bébés. Son corps a été retrouvé dans la cuisine, tandis que celui d’Itay a été retrouvé dans la pièce blindée, leurs bébés allongés sur le lit à côté de lui.
Itay et Hadar Berdichevsky ont été enterrés au Moshav Srigim, aux côtés du cousin de Hadar, Yahav Winner, un cinéaste qui a également été tué en tentant de protéger sa femme et son bébé d’un mois le 7 octobre à Kfar Aza. Le père d’Itay, Ilan, avait déjà été enterré dans le cimetière du kibboutz cinq ans auparavant.
Itay Berdichevsky est l’aîné des quatre fils de la famille Berdichevsky. Lui et Hadar se sont rencontrés par l’intermédiaire d’amis alors qu’Itay suivait un cours de formation d’officiers pour la brigade d’infanterie militaire Golani.
Après son service militaire, Itay a étudié l’ingénierie électrique et Hadar a obtenu un diplôme de comptabilité. Ils sont retournés au kibboutz Kfar Aza, où Hadar est née et a grandi, rejoignant ses parents et trois de ses cinq frères et sœurs ainsi que leurs familles.
En décembre 2022, leurs jumeaux, Roi et Guy, sont nés.
« Il aimait profondément Hadar et Kfar Aza », a déclaré Ravit Berdichevsky. « Ils formaient un couple si beau. C’est un gâchis pour l’humanité. »
Ravit et ses trois fils survivants vivent tous au Moshav Srigim, où ils travaillent dur pour continuer à vivre leur vie, tout en étant des oncles affectueux pour leurs neveux survivants. Son deuxième fils s’est marié il y a quelques mois.
« Ils sont forts, ils sont simplement tristes », a souligné Ravit.
« Il y a des jours plus difficiles et des jours plus faciles et pour la deuxième fois, j’ai choisi la vie et c’est une question de choix », a-t-elle déclaré. « Je trouve les raisons. »
... alors c’est le moment d'agir. Le Times of Israel est attaché à l’existence d’un Israël juif et démocratique, et le journalisme indépendant est l’une des meilleures garanties de ces valeurs démocratiques. Si, pour vous aussi, ces valeurs ont de l’importance, alors aidez-nous en rejoignant la communauté du Times of Israël.
Nous sommes ravis que vous ayez lu X articles du Times of Israël le mois dernier.
C'est pour cette raison que nous avons créé le Times of Israel, il y a de cela onze ans (neuf ans pour la version française) : offrir à des lecteurs avertis comme vous une information unique sur Israël et le monde juif.
Nous avons aujourd’hui une faveur à vous demander. Contrairement à d'autres organes de presse, notre site Internet est accessible à tous. Mais le travail de journalisme que nous faisons a un prix, aussi nous demandons aux lecteurs attachés à notre travail de nous soutenir en rejoignant la communauté du ToI.
Avec le montant de votre choix, vous pouvez nous aider à fournir un journalisme de qualité tout en bénéficiant d’une lecture du Times of Israël sans publicités.
Merci à vous,
David Horovitz, rédacteur en chef et fondateur du Times of Israel