Une nouvelle cellule du Hezbollah démantelée sur le plateau du Golan
Dans un effort apparent de semer la zizanie entre le Hezbollah et Assad, les militaires ont clamé que les activités de la cellule avaient été dissimulées à Damas
Judah Ari Gross est le correspondant du Times of Israël pour les sujets religieux et les affaires de la Diaspora.
L’armée israélienne a fait savoir mercredi qu’elle avait démantelé une cellule terroriste établie par le Hezbollah dans un village frontalier du plateau du Golan syrien ces derniers mois, jurant d’empêcher le groupe terroriste de mener des opérations contre Israël depuis le sol syrien, même en prenant le risque de faire éclater un conflit de faible ampleur.
Le groupe soutenu par l’Iran et basé au Liban tente de créer depuis des années un front sur le Golan syrien, mais il n’a pas eu la capacité de s’ancrer suffisamment dans la zone jusqu’à présent. Toutefois, la conquête du secteur frontalier, cet été, par le dictateur syrien Bashar el-Assad a donné au groupe allié du régime une opportunité de tenter une fois encore d’installer les structures nécessaires pour pouvoir menacer l’Etat juif à proximité de la frontière.
« Le réseau est nouveau, et il œuvrait actuellement à se familiariser avec la région du plateau du Golan. Il avait l’intention de contrôler des équipes d’agents syriens qui lanceraient des attaques contre Israël », a commenté l’armée dans un communiqué.
Israël a conquis une grande partie du Golan syrien lors de la guerre des Six Jours en 1967 puis l’a annexée, une décision qui n’a jamais été reconnue par la communauté internationale.
A ce stade, la cellule du Hezbollah collectait principalement des renseignements et recrutait des agents. Elle disposait aussi d’armes, en particulier d’explosifs, d’armes légères, de mitrailleuses et des missiles anti-tank, selon les militaires.
Ils ont ajouté que le groupe terroriste aurait pu tenter d’acquérir des roquettes, des missiles et autres armements dans le futur – tout en s’inquiétant de ce que de telles munitions soient prises pour cible par des frappes israéliennes.
Selon l’armée israélienne, les activités de la cellule se concentraient sur la région frontalière, de l’autre côté du nord du plateau du Golan israélien, entre la ville abandonnée de Quneitra et le village d’Arnah. Une grande partie de ses infrastructures avaient été établies autour du village druze de Khader.
Dans un communiqué, le commandant de la division du Golan au sein de l’armée israélienne, le général de brigade Amit Fisher, a indiqué que les militaires « agiront de toutes leurs forces pour expulser cette organisation terroriste du plateau du Golan et garantir la stabilité de la région ».
Si des actions militaires contre le Hezbollah seraient susceptibles d’entraîner des représailles de la part du groupe ou de son patron iranien, les responsables de l’armée ont néanmoins expliqué que les soldats étaient prêts à risquer un tel conflit pour éviter la menace plus importante que pourrait poser cette cellule.
Dans un effort apparent de semer la zizanie entre le Hezbollah et Assad, les militaires ont clamé que les activités de la cellule avaient été dissimulées au régime qui, alors que s’approche la fin de la guerre civile en Syrie, est désireux de stabiliser la région plutôt que de la voir redevenir une zone de combat.
Des analystes israéliens ont néanmoins douté de cette affirmation, notant la coopération significative entre le groupe terroriste libanais, les soldats syriens et les milices pro-régime dans la région du Golan, ainsi que les frappes d’artillerie récentes sur des postes du Hezbollah près de la frontière, qui ont été attribuées à l’armée israélienne et qui ont pu faire naître des soupçons sur les activités du groupe terroriste dans le secteur.
« On dit que cette révélation va surprendre Assad. Ce qui n’est pas clairement établi pour moi alors que des hommes du Hezbollah et leurs amis utilisent les infrastructures du régime syrien et qu’ils travaillent en coopération avec des milices qui sont très proches du régime », a écrit sur Twitter l’analyste des affaires arabes chevronné Shimrit Meir.
Previously classified intelligence now cleared for publication: Ali Musa Daqduq, a senior operative in the Lebanon-based terrorist organization Hezbollah, has been operating a new terror cell in… Syria.
@LTCJonathan pic.twitter.com/peErasDPOa— Israel Defense Forces (@IDF) March 13, 2019
Selon l’armée, la cellule comprenait des mercenaires syriens – et quelques Druzes – mais elle était dirigée par des commandants libanais et son « cerveau » était le terroriste Ali Musa Daqduq.
Cette nouvelle initiative paraît entrer largement dans le cadre de la continuation du plan d’enracinement d’infrastructures du Hezbollah, de 2013 à 2015.
Ces tentatives s’étaient majoritairement arrêtées au début de l’année 2015 suite à une frappe aérienne attribuée à l’Etat juif et qui avait entraîné la mort du leader terroriste Jihad Mughniyeh alors qu’il se trouvait sur le plateau du Golan, aux côtés d’un certain nombre de hautes personnalités du Hezbollah.
Selon les militaires israéliens, un grand nombre des membres de cette nouvelle cellule avait participé à ces efforts livrés par le Hezbollah pour former un front sur la frontière syrienne.
« Une partie des agents avaient suivi des entraînements pour le compte du Hezbollah dans les secteurs du sabotage, du lancement de roquettes Grad et ils étaient des tireurs d’élite », ont précisé les soldats.
Dans certains cas, des membres de la population druze locale avaient rejoint la cellule pour des « raisons financières », selon l’armée.
Daqduq est recherché aux Etats-Unis pour des attaques contre les forces américaines en Irak, notamment d’avoir planifié un attentat à Karbala, en 2007, qui avait fait cinq morts – des soldats israéliens.
Selon le département américain du Trésor, Daqduq a été « commandant d’une unité des forces spéciales du Hezbollah et chef de la protection rapprochée du secrétaire-général du Hezbollah Hassan Nasrallah ».
Daqduq avait été arrêté en 2007 et emprisonné en Irak, mais il avait été libéré cinq ans plus tard et envoyé au Liban.
Les militaires israéliens ont fait savoir que Daqduq, membre du Hezbollah depuis 1983, avait été chargé cet été de construire des postes d’observation contre Israël pour le groupe sur le sol Syrien.
L’armée a diffusé des photographies des faux papiers d’identité utilisés par Daqduq lors de ses déplacements dans la région.
Tsahal a également identifié un certain nombre d’agents éminents du Hezbollah qui ont pris part aux initiatives menées sur le Golan syrien : Bashar et Ismail Mustafa, Talal Hassoun et Fahim Abu Qais.
« Nous avons un message clair : nous ne permettrons pas au Hezbollah d’établir dans le Golan une structure terroriste capable de frapper des civils israéliens », a prévenu sur Twitter un des porte-parole de l’armée israélienne, le lieutenant-colonel Jonathan Conricus.
« Nous tenons le régime syrien pour responsable de tout ce qui se passe en Syrie et qui vise Israël », a-t-il prévenu.
L’annonce faite par l’armée israélienne mercredi a eu lieu après que les médias syriens ont rapporté, la semaine dernière, qu’Israël avait procédé à un tir d’obus sur le village de Khader, situé aux abords de la zone démilitarisée entre les deux pays sur le plateau du Golan, dans la province syrienne de Quneitra.
Selon l’agence de presse d’Etat SANA, l’obus n’a pas fait de blessés, ni de dégâts. La cible qui était visée reste indéterminée et Tsahal n’a fait aucun commentaire.
Le mois dernier, les médias d’Etat syriens ont noté qu’Israël avait frappé des cibles dans la ville syrienne de Quneitra, désertée, qui se situe à proximité.
Tandis qu’Israël n’avait pas commenté la frappe à ce moment-là, le Premier ministre avait confirmé l’incident dès le lendemain, disant que « nous œuvrons en permanence à bloquer l’Iran. Nous agissons tous les jours et nous avons agi hier contre l’Iran et ses efforts d’enracinement dans la région ».
Des journalistes militaires israéliens ont été notifiés que la frappe sur Quneitra avait visé des miliciens chiites soutenus par l’Iran qui tentaient d’établir une base d’opération permanente le long de la frontière israélienne. L’obus avait également voulu servir de tir d’avertissement à la Syrie et autres groupes mandataires iraniens de ce qu’Israël n’autoriserait pas les efforts d’enracinement militaire permanent de Téhéran dans le Golan syrien.
Jusqu’à une période récente, l’Etat juif s’abstenait habituellement de commenter ses activités militaires contre l’Iran en Syrie – ne démentant ni ne confirmant ses frappes. Au cours des derniers mois, toutefois, cette politique d’ambiguïté a été largement abandonnée par les responsables politiques et militaires qui ont commencé à évoquer plus ouvertement les opérations menées en Syrie par Tsahal.
L’Etat juif a mené des centaines de frappes en Syrie pour déjouer les tentatives de trafic d’armes au groupe terroriste du Hezbollah et pour prévenir l’ancrage près de la frontière des forces iraniennes.
L’équipe du Times of Israel a contribué à cet article.