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Une pétition pour Fabien Azoulay, Français juif détenu en Turquie

Condamné à près de 17 ans de prison pour avoir acheté du GBL, il subit depuis les violences de ses codétenus et l'inaction présumée du Quai d'Orsay

Fabien Azoulay. (Crédit : Comité de soutien de Fabien Azoulay)
Fabien Azoulay. (Crédit : Comité de soutien de Fabien Azoulay)

Une pétition a été lancée pour que l’Elysée agisse de façon plus active en faveur du transfèrement de Fabien Azoulay, Français-américano juif de 43 ans détenu en Turquie, vers la France.

Lancée à l’initiative de David Benaym, journaliste et ami de Fabien Azoulay, elle a récolté près de 6 500 signatures. Elle est soutenue par ses avocats, qui dénoncent eux aussi l’inaction du Quai d’Orsay.

Sa vie s’est arrêtée il y a trois ans et demi. En septembre 2017, Fabien Azoulay a été arrêté pour « trafic de stupéfiants ». Quelques mois plus tard, au terme d’un procès expéditif, il a été condamné à 16 ans et 8 mois de prison par la cour d’assises d’Istanbul pour l’achat via internet de deux litres de GBL, solvant précurseur du GHB, utilisée notamment dans les clubs gays, devenu interdit en Turquie neuf mois auparavant. Après le rejet de son appel, sa condamnation est devenue définitive en janvier 2019.

Résidant à New York, où il est propriétaire d’un spa, il n’était de passage à Istanbul que pour quelques jours, pour une greffe d’implants capillaires. Le GBL, acheté sur un site lituanien et dont il ignorait l’interdiction en Turquie, devait lui être livré à son hôtel. Il affirme avoir acheté le produit à des fins récréatives, pour sa consommation personnelle, ce que les enquêteurs turcs rejettent, l’accusant de trafic.

Juif et homosexuel, il rapporte avoir été victime de nombreux abus et violences en détention. En novembre 2019, il a été brûlé par un codétenu. « Fabien est désespéré et ses jours sont en danger », a alerté sa famille auprès d’Emmanuel Macron.

« Il a été violé, battu, brûlé. Il est l’objet de vexations du fait de son orientation sexuelle, notamment de la part de détenus radicalisés. Il subit des scènes de conversion forcée à l’islam car il est de confession juive. Il en a perdu le sommeil », a expliqué l’un de ses avocats, François Zimeray, à Franceinfo.

« Ici ce sont tous des récidivistes, ils ont l’habitude des prisons mais moi non. Je ne sais même pas me défendre », a écrit Azoulay dans un courrier à un ami. « Je me fais voler quotidiennement. (…) Certains ont tenté de me radicaliser au nom de l’islam, imagine le supplice. »

« Ma tête parfois s’éteint complètement face aux horreurs auquel (sic) je fais face quotidiennement. La dernière en date est un type qui s’est fait trancher la gorge par un groupe de 4 Syriens. J’ai appris par la suite que le détenu qui est décédé avait fait des avances à l’un des Syriens et qu’au nom d’Allah il devait payer de sa vie du fait de son homosexualité », a-t-il ajouté. « Je dormais quand c’est arrivé, mais les cris des détenus m’ont réveillé. La vue du sang partout était effrayante, pire que dans un film d’horreur. »

Il explique aussi cacher sa religion : « Personne ne sait que je suis feuj [« Juif », NDLR]. » Des témoignages de proches et de ses avocats rapportent néanmoins qu’il aurait subi des intimidations et un harcèlement en vue de sa conversion à l’islam.

Il raconte ses prises de somnifères, avec ses codétenus qui le réveillent à 5 heures du matin pour la prière islamique, mais aussi « les djihadistes qui essaient de radicaliser d’autres détenus (…) Ils m’ont volé tous mes vêtements il les déchire (sic) pour fabriquer des objets ».

« Certains se prennent pour des caïds. Ils exigent des faveurs des plus faibles. Si tu ne les exécutes pas, ils te battent te gifle (sic) t’humilient. Je les maudis tous. »

La promiscuité dans la cellule collective, qui compte de nombreux détenus, est aussi invivable. « Nous sommes si nombreux que la nuit pour aller aux toilettes, il faut piétiner les gens qui dorment, ceux qui se réveillent piquent des crises et ne savent répondre que par la violence. Ici, pas de place pour la diplomatie ou les mots. Imagine-toi, la scène : pour aller aux toilettes la nuit, tu dois te prendre une beigne », a-t-il aussi écrit.

D’abord détenu dans la prison de Maltepe, près d’Istanbul, où il cohabitait avec vingt autres détenus, il a depuis été transféré à la prison de Giresun, à 800 km au nord d’Istanbul, sur le littoral de la mer Noire – apparemment des suites de l’agression qu’il a subie par un codétenu en 2019. Il expliquait en juin 2020 que sa cellule comptait là 9 détenus.

Selon l’une de ses avocates françaises, Carole-Olivia Montenot, Fabien Azoulay est une victime collatérale « de la mésentente franco-turque ». « Macron ne se rend pas compte que sa guerre avec Erdogan a des conséquences importantes », tonne-t-elle.

« Je sais combien les relations diplomatiques sont tendues entre Paris et Ankara mais nous connaissons aussi la volonté d’apaisement de part et d’autre », a ajouté Me François Zimeray, qui est aussi ancien député au Parlement européen et ancien ambassadeur de France chargé des droits de l’Homme. « Le transfèrement en France de Fabien Azoulay serait un geste humanitaire qui participerait de cet apaisement. Il faut un geste humanitaire. »

Contactée par Marianne, une source diplomatique a toutefois assuré que le Quai d’Orsay était « pleinement mobilisé sur la situation de Fabien Azoulay » et dit suivre « l’évolution de sa demande de transfèrement en France ». « Les autorités françaises sont intervenues rapidement auprès des autorités locales pour qu’il puisse bénéficier d’un transfert vers une nouvelle prison turque en janvier 2020 », a ajouté cette même source, cela afin de lui « garantir de meilleures conditions de sécurité en détention ».

« La famille considère que le risque que Fabien attente à ses jours est réel » s’il n’est pas transféré en France, peut-on lire dans la pétition.

Sa situation a été rapportée ce week-end dans de nombreux médias, et sur les réseaux sociaux – notamment par des responsables juifs.

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