Une pièce sur deux Israéliens qui tentent leur chance à New York arrive à Tel Aviv
Le scénario de la dramaturge Noga Milstein, qui évoque en anglais combines et choc culturel, parlera aux olim qui se lancent dans l'aventure israélienne

Les chocs culturels, en particulier ceux familiers aux Israéliens qui tentent leur chance à New York, sont au cœur de la comédie un brin loufoque, réconfortante et drôle « Next Stop: A Comedy of Misconnections », qui se joue en ce moment à l’espace scénique 4 Fun de Habima, à Tel Aviv.
La pièce est en anglais, ce qui peut sembler inhabituel pour un spectacle à Habima, qui est le théâtre national d’Israël, mais cela fait sens avec l’œuvre.
Écrite par Noga Milstein et Mili Avital, interprétée par le partenaire créatif de Milstein, Ben Perry, ancien de la troupe Tziporela, et dirigée par Avital, actrice israélienne qui a longtemps vécu aux États-Unis avec son époux, Charles Randolph, scénariste oscarisé, et leurs deux enfants.
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Mais revenons tout d’abord à la genèse et à l’écriture de « Next Stop ».
Milstein y interprète le rôle de Maya, actrice israélo-américaine qui rêve de jouer à Broadway (mais qui accepterait volontiers le « Off-Broadway » aussi).
Sur une application de rencontres, elle fait la connaissance de Hazan, entrepreneur israélien (Perry) fraîchement arrivé à New York pour y vendre ses idées farfelues à une entreprise américaine.
La magie n’opère pas, ce qui n’empêche pas le public de les suivre tandis qu’ils tentent de réaliser leur rêve dans la Grosse Pomme, face à une culture qui, se rendent-ils compte, elle est plus difficile à comprendre qu’ils ne le pensaient.
Les olim pourront facilement s’identifier.
La pièce est faite de courtes saynètes, comme cette conversation incompréhensible avec une compagnie de téléphone, ces entretiens d’embauche qui n’ont ni queue ni tête ou ces rendez-vous amoureux que la barrière de la langue transforme en foire aux sous-entendus.
Une grande partie du contenu original est directement tiré de l’expérience de Milstein, actrice partie faire carrière à New York.
Après s’être envolée pour New York pour deux mois de vacances, en 2014, elle annule son billet retour, bien décidée à tenter sa chance durant un an, le temps de décrocher un rôle dans un spectacle Off Broadway.
« Je voulais me faire une expérience, une légitimité, avant de revenir en Israël », explique Milstein.
Elle est sur scène dès l’âge de six ans, comme danseuse, étudie le théâtre en Israël et décroche de petits rôles dans des spectacles de théâtre pour enfants, des publicités…
Élevée dans un milieu anglophone, Milstein pense que son anglais est assez bon pour la scène. Il s’avère que, si l’accent est bon, son jeu est éteint, ce qu’elle n’avait pas réalisé avant de venir à New York.
Elle court les auditions pendant un mois seulement.
Après avoir vu un spectacle pour enfants « Off Broadway », elle a l’idée de créer un spectacle pour un duo d’acteurs.
« Je voulais faire un spectacle, arrêter d’attendre des opportunités », confie Milstein.
« Je ne savais pas qu’il me faudrait dix ans pour le produire. »

« Next Stop » commence comme une pièce d’Iris Morgenbesser que Milstein a vue en Israël.
Avec l’autorisation de l’auteure, elle l’adapte à sa propre expérience d’Israélienne partie tenter sa chance à New York.
« Il s’agit de toutes ces situations quotidiennes que vous croyez savoir gérer, mais pour lesquelles vous vous apercevez au final que vous êtes démunis, comme par exemple pour appeler un opérateur de téléphonie », ajoute Milstein, évoquant cette scène de « Next Stop » dans laquelle elle imite à la perfection le ton et le discours du service clientèle d’AT&T.
Elle a appelé sa pièce « Next Stop » en référence à l’annonce faite dans le métro et, plus généralement, à cette ville, dit-elle, dans laquelle « on peut toujours tenter autre chose ».
En cours d’écriture, Milstein fait la connaissance de l’actrice Mili Avital, dans le cadre du programme parascolaire de l’école hébraïque que fréquentent les enfants d’Avital et où Milstein travaille alors.
Avital demande à Milstein si elle fait du baby-sitting.
« J’ai tout fait à cette époque », confie Milstein.
« Dégustation de vin, hébergement, enseignement… j’ai aussi été assistante, j’ai vendu ‘Sesame Street’ par téléphone, j’ai travaillé à l’accueil d’un vestiaire… Babysitting? J’ai compris. Vous voulez quelqu’un qui parle hébreu et avec qui vous vous sentez en confiance. »
Milstein devient la baby-sitter attitrée des enfants d’Avital et l’actrice se met à lire le script en cours d’écriture. Elle fait des remarques à Milstein et la présente à des gens du milieu.
Tout comme Milstein, Avital connait un choc culturel lorsqu’elle arrive à New York, au début des années 1990, pour étudier le théâtre à la Circle in the Square Theatre School. Elle n’attend guère avant de percer. Découverte par un agent, alors qu’elle est serveuse, elle est rapidement choisie pour jouer le premier rôle feminin dans le film de science-fiction « Stargate », sorti en 1994.
Elle a réussi, explique Milstein.
« Elle était impliquée, mais d’une manière un peu superficielle », confie Milstein.
« Au fond de moi, j’ai toujours espéré la convaincre de s’impliquer davantage. »
Milstein recueille des fonds pour monter « Next Stop » grâce à une campagne de financement participatif. Ses amis l’aident pour l’éclairage, les visuels et même la production, le premier mois où se joue la pièce, au Broadway Comedy Club, petit théâtre avec une ambiance décontractée.

La pièce trouve son public, et Avital pense à faire de Perry, le rôle masculin, un entrepreneur du secteur de la Tech. Ainsi, ils donnent des représentations privées pour des entreprises du secteur des nouvelles technologies dirigées par des Israéliens.
Avital devient alors productrice et metteuse en scène. L’idée est de venir jouer la pièce en Israël, mais la pandémie de COVID se déclare.
Milstein, alors en couple et avec un bébé, reprend l’idée à l’automne dernier et revient en Israël, où elle joue sa pièce au théâtre Tzavta.
Elle se produit à plusieurs reprises au théâtre Habima, dans le but de faire connaitre son spectacle aux responsables des ressources humaines d’entreprises de la Tech et de donner ensuite des représentations privées.
Depuis, le duo a joué « Next Stop » dans des salles éclairées au néon, comme au Hangar 11 de Tel Aviv ou au Habima 4 Fun, plus petite scène située au rez-de-chaussée du théâtre Habima, réservée aux représentations privées, comme ce fut le cas pour IBM Israël.
Milstein se concentre d’ores et déjà sur son prochain projet, cette fois pour l’écran car elle se dit exténuée par les efforts nécessaires pour faire venir le public au théâtre.
Elle aussi est prête pour son « prochain arrêt », mais pour l’heure, cette entrepreneure de la scène théâtrale malgré elle se réjouit d’en être arrivée là avec cette œuvre qui fait écho à son expérience personnelle.
(Milstein assure que le rôle masculin, interprété par Perry, tient beaucoup de sa propre expérience.)
« Cela parle vraiment aux Israéliens », conclut Milstein.
« Je pense que cela parlera à tout le monde, à tous ceux qui ont vécu ailleurs. »
La prochaine représentation sera donnée le 7 mars, à 20 h 30, au théâtre Habima.
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