Une soucca suscite une controverse dans un quartier hollandais
Un Juif est autorisé à construire une soucca, à condition qu’il la démonte chaque nuit pour éviter qu’elle soit vandalisée
La Haye, Hollande – Pour les guides touristiques qui emmènent les touristes dans le quartier de Van Ostade, la soucca de Fabrice Schomberg est l’un des rares signes que le quartier a des racines juives.
Les logements du quartier Van Ostade ont été construits au 19ème siècle pour les Juifs appauvris. Cette enclave est aujourd’hui entourée du quartier de Schilderswick, un quartier à majorité musulmane.
Les médias hollandais ont pris l’habitude d’appeler cette zone « le triangle de la charia », en référence à la loi islamique. Moins de dix Juifs vivent encore dans ce quartier, et sans la soucca de Schomberg, il n’y aurait aucune trace de passé juif.
Aujourd’hui le sort de la soucca est incertain.
Après des semaines de négociations avec la ville, Schomberg a été informé qu’il avait reçu l’autorisation de construire sa soucca à condition qu’il la démonte tous les soirs à 21h. Selon Schomberg, la police avait déconseillé à la ville d’émettre le permis de construire afin d’éviter les actes de vandalisme de la part des résidents musulmans.
Pour Schomberg et ses supporters, les réticences de la ville à autoriser la construction d’une soucca dans le quartier emblématique de Van Ostade sont dues la montée de l’intégrisme musulman – poussant les communautés visées par ce phénomène à rester discrètes au lieu de revendiquer leurs libertés individuelles. Mais beaucoup de personnes critiquent Schomberg. Ils le soupçonnent d’utiliser la religion pour attiser un conflit au détriment de la communauté.
« L’opposition envers ma soucca ne relève pas uniquement d’une question de permis de construire », explique Schomberg, un artiste d’origine britannique qui a érigé une soucca ces trois dernières années. « Il y a un contexte plus étendu ».
Ce contexte inclut trois manifestations cet été, dans lesquelles on a pu voir les drapeaux de l’EIIL. Lors de deux de ces manifestations, des appels à tuer des Juifs ont été lancés. Quelques dizaines de personnes ont participé à ces défilés. La ville a depuis interdit les manifestations à Schilderswijk.
Schomberg a lui-même été verbalement agressé à Schilderswijk en présence d’une équipe de tournage. Il les avait invités à venir filmer la réaction des gens lorsqu’il portait une kippa en public.
« Montrer que l’on est juif est dangereux ici », indique une résidente juive du quartier qui a souhaité garder l’anonymat pour se protéger. « Je ne porte aucun signe juif dans les rues et ma mezouza est à l’intérieur ».
Malgré ses inquiétudes, elle soutient le combat de Schomberg pour construire une soucca et indique qu’elle compte se rendre à la soucca pour Souccot, qui commence mercredi au coucher du soleil.
« Interdire Souccot c’est comme interdire le judaïsme », affirme-t-elle.
La police et les responsables de la ville refusent de confirmer ou d’infirmer les dires de Schomberg selon lesquels la police aurait déconseillé à la ville de délivrer le permis de construire la soucca.
Ils refusent aussi de répondre à la question sur le niveau de risque auquel les Juifs sont confrontés à Schilderswijk. La ville ne veut pas non plus donner de précisions sur les raisons pour lesquelles Schomberg doit démonter la cabane tous les soirs.
Schomberg, qui a déjà fait l’objet d’une couverture médiatique dans les médias hollandais cet été à cause de ses « marches kippa » contre l’antisémitisme qu’il a organisées à Schilderwijk, explique que la soucca aidera à construire un pont entre les Juifs et les non-Juifs qu’il invite dans sa cabane.
Certains Juifs qui connaissent bien Schomberg le décrivent comme un fauteur de troubles qui met en danger la communauté. Ils prennent en exemple l’invitation qu’a lancée Schomberg à Geert Wilders, un politicien hollandais connu pour ses positions antimusulmanes, à venir dans la soucca.
En septembre, le Conseil de la communauté juive de La Haye a informé Schomberg qu’il était banni de toutes les synagogues orthodoxes de la ville jusqu’en 2016, en raison de « son comportement qui met en danger toute la communauté ».
Schomberg a ajouté que la communauté réformiste lui avait annoncé qu’il n’était pas le bienvenu non plus.
Pour tenter de faire lever l’interdiction, Schomberg a lancé une pétition en ligne qui n’a recueilli que 31 signatures. Mais cette pétition a aussi attiré les critiques de ses détracteurs.
« Les actions de M. Schomberg, dans le passé et dans le présent, et sa recherche constante de l’attention des médias ne reflètent nullement l’inquiétude pour la sécurité des groupes [juifs] », a écrit Stéphanie Baumgarten-Kustner, membre de la communauté orthodoxe, dans une pétition la semaine dernière. « En fait, son comportement met toute la communauté juive de La Haye (et même des Pays-Bas) en danger ».
D’autres personnes affirment qu’ils craignent qu’il utilise cette soucca pour promouvoir un programme politique, même si Schomberg dément en avoir un. Il insiste sur le fait que son statut de paria vient du fait qu’il souffre de trouble bipolaire et qu’il souhaite combattre le désir de la communauté de garder un profil bas.
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