Une tablette vieille de 2000 ans découverte dans la Cité de David
Trouvée à proximité de la Route du Pèlerinage, cette pierre calcaire inscrite donne un nouvel aperçu sur l'alphabétisation des populations à la période du Second Temple
Une tablette brisée de calcaire avec sept lignes de texte prosaïque donne un éclairage supplémentaire sur l’alphabétisation des populations il y a 2000 ans, dans la Jérusalem des temps anciens. Découverte à l’occasion de fouilles réalisées sur la Route du Pèlerinage, dans la Cité de David, l’inscription partielle figurant sur la tablette semble être le registre comptable d’un marchand qui précise dedans des noms, des mesures et des chiffres.
Cet aperçu extraordinaire offert sur la vie quotidienne de Jérusalem dans l’antiquité a été présenté dans une récente édition du journal ‘Atiqot’ par Nahshon Szanton, directeur des fouilles de l’Autorité israélienne des antiquités, qui a travaillé en collaboration avec la professeure Esther Eshel, épigraphe à l’université Bar-Ilan.
« Plus nous trouvons des inscriptions issues du quotidien – à opposer aux textes monumentaux écrits par les États – plus je pense que de nombreuses personnes savaient lire et écrire pendant cette période et qu’elles savaient rédiger en particulier des instructions simples comme celles trouvées ici », commente Eshel lors d’un entretien avec le Times of Israel dans la journée de mercredi.
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Les quelques mots ont été gravés dans une écriture simple à l’aide d’un outil tranchant – comme un clou – dans une pierre calcaire plate qui a été probablement prélevée sur un couvercle d’ossuaire. L’écriture reprend un modèle conventionnel et connu par les chercheurs pour des tablettes similaires. Par exemple, l’une des lignes les plus abouties comprend les dernières lettres du nom « Shimon » – qui était populaire à la période du Second temple – suivies de la lettre en hébreu « mem », qui représente une mesure ou une valeur économique.
Dans d’autres lignes visibles, des lettres ou des symboles qui représentent des nombres et des mesures – avec « mem », une abréviation de maot (« pièces » en hébreu) et la lettre resh, une abréviation de revaim (« quarts » en hébreu).
« C’est une tablette qui ne va pas forcément émerveiller », dit l’archéologue Szanton au Times of Israel. »Mais sa valeur réside très précisément dans sa simplicité ».
« C’est un instantané de la vie quotidienne, » s’exclame-t-il.
Il est impossible de savoir qui a écrit sur cette tablette et à qui elle était destinée, explique Eshel. Peut-être s’agissait-il d’un vendeur d’ossuaires qui avait pris un couvercle cassé dans son stock, déclare Szanton. Peut-être avait-il enregistré les paiements réalisés en faveur de ses employés ou les dettes qu’il avait à l’égard de ces derniers, suggère Eshel.
L’inscription a été découverte dans de la terre qui avait été mise au rebus à la fin du 19e siècle, pendant les travaux d’excavation de Frederick Jones Bliss et d’Archibald Campbell Dickie, du Palestinian Exploration Fund. Elle avait été à l’origine ignorée dans les godets de poussière qui avaient été sortis par les deux hommes lorsqu’ils avaient fouillé un tunnel dans des endroits extrêmement exigus à la lumière de leurs lampes, explique Szanton, qui est à la tête de fouilles nettement plus sophistiquées aujourd’hui.
Même si la pierre est cassée, elle rejoint d’autres exemples de couvercles d’ossuaires qui ont été découverts et qui appartiennent à peu-près à la même période que celle-ci, affirme Eshel qui a déterminé à quelle date les lettres avaient été écrites en se basant sur leur forme – elle avance une période s’étendant du premier siècle avant l’ère commune au premier siècle après l’ère commune. C’est toutefois la première tablette de ce genre à avoir été retrouvée dans les confins de la Jérusalem antique.
Elle vient s’ajouter à d’autres artéfacts qui sont autant de preuve des activités commerciales qui avaient lieu sur une place de la ville, au bas de Jérusalem, le long de la route de 600 mètres qui était empruntée par les pèlerins qui se rendaient au mont du Temple depuis le bassin de Siloam. Des poids qui servaient lors des transactions commerciales et une table « des volumes standards » utilisée par un administrateur ont aussi été retrouvés.
Si la tablette n’a pas été découverte e au cours d’un travail de fouilles scientifiques in-situ, Szanton déclare qu’elle est probablement originaire d’une place adjacente où se trouvait un marché commercial « comme c’était le cas de toutes les places à cette période. »
L’historien Flavius Josèphe avait décrit un marché dans la ville haute, plus près du mont du Temple. Toutefois, Szanton est convaincu qu’il y en avait aussi un dans la ville basse – plus proche du bassin – à proximité de l’endroit où la tablette a été trouvée.
« Dans la mesure où nous ne disposons pas d’un panneau qui dit : ‘Ici se trouve le marché de la ville’, c’est chaque objet qui nous apporte sa propre information », indique-t-il.
La récente édition du journal ‘Atiqot’ est consacrée aux écrits dans le monde antique, depuis l’âge de fer jusqu’à la période ottomane. Une préface sous forme d’éditorial déclare que « les artéfacts présentant un texte font partie des découvertes les plus intrigantes et les plus enthousiasmantes dans le domaine de l’archéologie… les mots ouvrent toujours une fenêtre sur le passé. »
Eshel déclare en riant que si l’inscription « n’est pas la découverte la plus importante du monde, c’est un nouveau moyen, pour le passé, de se rappeler à nous ».
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